Les physiothérapeutes en pratique privée ne s’entendent toujours pas avec la CSST

Les physiothérapeutes en pratique privée ne s’entendent toujours pas avec la CSST
Maryse Bérubé

Depuis le 19 octobre, la plupart des cliniques privées de physiothérapie du Centre-du-Québec n’acceptent plus les nouveaux clients de la Commission de la santé et de la sécurité au travail (CSST). Ailleurs, certaines vont jusqu’à refuser tous les cas financés par cette instance. C’est la survie même de certaines cliniques qui est menacée avec ces moyens de pression…

Drummond compte environ sept cliniques d’importance. Elles ne sont pas toutes affiliées à La Fédération des physiothérapeutes en pratique privée du Québec (FPPPQ) qui mène la présente bataille, mais elles appuient majoritairement les présentes revendications, voulant qu’elles refusent de traiter à rabais les accidentés du travail.

La décision de la FPPPQ de refuser des patients s’est avérée difficile à prendre. «On trouvait que c’était le moyen le plus efficace pour faire bouger la CSST. J’ai mis trois thérapeutes au chômage, le temps que ça se règle. Les clients comprennent. On ne veut pas commencer à traiter différemment les accidentés du travail, les accidentés d’automobiles et ceux provenant du privé. On veut une qualité de services équitables pour tout le monde. C’est pour ça qu’on se bat», a communiqué Frédéric Léger Schonbeck, porte-parole de la FPPPQ du Centre-du-Québec.

Ce dernier rappelle que le tarif qu’alloue la CSST pour un traitement s’élève à 32 $, soit le même depuis 14 ans. À titre comparatif, Maryse Bérubé, physiothérapeute de la Clinique Saint-François, de Drummondville, facture à une assurance privée 55 $ pour un traitement.

Les physiothérapeutes décideront-ils de réduire la durée des traitements de la CSST afin d’assurer la rentabilité? Voilà le danger qui les guette. «Les coûts réels sont évalués à 45 $ par traitement», a soutenu M. Léger Schonbeck.

Au dire de Mme Bérubé, les cas de CSST deviennent donc moins attrayants, étant beaucoup moins payants. «Dans la région, les cas de CSST représentent environ 50 % de notre clientèle», a-t-elle mis en contexte.

L’offre de la CSST

La CSST a accepté d’offrir 35 $ par traitement, ce qu’elle considère une hausse d’environ 10 %. Selon elle, ce tarif correspond à celui remboursé au secteur public et il s’agit de l’un des plus élevés au Canada.

À propos des chiffres ayant circulé à cet effet, le porte-parole de la FPPPQ, au Centre-du-Québec, met un bémol, soutenant que les données ne réfèrent pas à des éléments comparatifs.

Il reste que le nouveau tarif offert par la CSST a reçu l’accord de la FPPPQ qui tient toutefois à négocier la phase 2, comprenant un continuum de services et une rémunération pour l’administration.

Celui-ci s’offusque également que le nouveau tarif à 35 $ soit fixé dans le béton. «Si on veut changer le tarif, il faut changer la loi, donc il n’y a aucune indexation», a-t-il renchéri.

De son côté, la CSST assure que les changements réglementaires ont fait l’objet d’un consensus avec les fédérations médicales concernées, dont la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec et la Fédération des médecins spécialistes du Québec. «La FPPPQ est la seule fédération à avoir boycotté les travaux de mise en œuvre du règlement, malgré les invitations répétées de la CSST», a transmis l’organisation, par voie de communiqué.

D’après elle, les modifications réglementaires ne limitent pas le nombre de traitements et elles ne visent pas à réduire les coûts de physiothérapie.

La CSST souhaite plutôt faire bénéficier les travailleurs accidentés d’une approche médicale plus actuelle.

Dans l’éventualité où des travailleurs accidentés auraient de la difficulté à obtenir des soins de physiothérapie, la CSST soutiendra les médecins vers la recherche d’autres solutions.

Rappelons que les indemnités auxquelles les travailleurs accidentés ont droit continueront à leur être versées comme prévu.

La CSST affirme finalement avoir déboursé 70 millions $, en 2005, pour les traitements de physiothérapie.

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