Vendredi matin, le président des Pétroles Therrien, Léo-Paul Therrien, a révélé à L’Express que sa participation au complot criminel visant à fixer le prix de l’essence à la pompe constituait «une question de survie». Selon lui, aucun consommateur n’a été pénalisé durant le cartel.
Joint sur son téléphone portable, M. Therrien a également révélé les raisons pour laquelle son entreprise a participé à ce cartel sur l’essence. «Cette enquête a débuté en 2004. En 2005, plusieurs organisations, dont la mienne, ont été mises sur écoute électronique. Puis, en mai 2006, le Bureau de la concurrence a fait des perquisitions dans 88 endroits au même moment. Cela signifie que presque toutes les stations d’essence sont impliquées dans cette histoire. Je ne peux quand même pas commenter une situation qui n’était pas permise par le Bureau de la concurrence, mais je dois dire que c’était quasiment une question de survie et de compétitivité pour les détaillants d’essence», a expliqué M. Therrien.
Le président de la plus importante pétrolière indépendante au Québec a également avisé que cette situation n’a pas eu d’incidence sur le portefeuille des consommateurs. «Sachez qu’il y a eu beaucoup plus de mouvements à la diminution des prix qu’à l’augmentation de ceux-ci. En ce qui me concerne, je peux vous assurer que les consommateurs n’ont pas été abusés. Nous avons même des statistiques qui montrent que les prix moyens affichés dans les régions affectées ne sont pas supérieurs aux prix qu’a payé l’ensemble des Québécois. J’ai toujours offert l’essence à un juste prix», s’est défendu Léo-Paul Therrien. À ce chapitre, l’homme d’affaires ne croit pas que ce plaidoyer de culpabilité influencera le choix des automobilistes. «Je ne connais pas d’avance la réaction des consommateurs locaux. Chacun est libre de ses opinions et de ses agissements, a-t-il exprimé. Par contre, je trouverais déplorable que des gens cessent de venir chez nous, surtout parce que Drummondville n’a pas été affectée par cette situation-là. Malheureusement, il existe dans notre société des gens qui profitent d’une situation malencontreuse pour «caler» des industries ou des compagnies».
Est-ce que ce «jeu» d’échange d’information a aussi été fait à Drummondville? «Pas à ma connaissance», a communiqué Léo-Paul Therrien.
Rappelons que Les Pétroles Therrien, sous la bannière Pétro-T, a
plaidé coupable, le 12 juin dernier, à des accusations de fixations de prix, des événements qui se sont déroulés à Victoriaville, Thetford Mines, Magog et Sherbrooke.
Une amende de 179 000 $ lui a été imposée.
Les faits ont démontré que les participants (13 individus et 11 entreprises) ont principalement comploté en se téléphonant pour s’entendre sur le prix de l’essence et sur le moment des augmentations des prix, ce qui est contraire à l’article 45 de la Loi sur la concurrence.
Cette enquête a été menée par le Bureau de la concurrence du Canada. Pour ce faire, il s’est servi de plusieurs outils pour faire enquête, notamment de l’écoute électronique et des perquisitions. «Cette annonce envoie un message très clair que le Bureau agit contre ceux qui fixent les prix lorsqu’il a la preuve que ces derniers ont contrevenu à la loi. La fixation des prix prive les consommateurs des avantages d’un marché concurrentiel, par exemple un prix plus bas», a expliqué Sheridan Scott, commissaire au Bureau de la concurrence.
Questionné enfin sur les raisons qui l’ont poussé à plaider coupable aux accusations, Léo-Paul Therrien a expliqué qu’il a voulu alléger les épaules de son équipe. «En plaidant coupable, j’ai mis fin rapidement à un supplice que mes employés et mes détaillants ont dû subir. Tous ceux qui ont été mis sur écoute électronique attendaient avec inquiétude les accusations. C’est pourquoi j’ai demandé à mes procureurs d’en arriver à un règlement avec le Bureau de la concurrence», a-t-il conclu.