L’église de l’Avenir : la première du diocèse à être convertie en salle multifonctionnelle ?

Par Gerard Martin
L’église de l’Avenir : la première du diocèse à être convertie en salle multifonctionnelle ?

Il n’y a pas qu’à Drummondville où les paroissiens sont appelés à prendre d’importantes décisions quant au futur de leur église et de leur presbytère puisqu’en milieu rural aussi, la situation d’aujourd’hui fait en sorte que le statu quo n’a guère plus sa place.

C’est le cas à L’Avenir, entre autres, où la population est invitée par le Conseil de fabrique, ce dimanche soir 8 juillet, à 19 h, à l’église Saint-Pierre de Durham, à une réunion d’information et de consultation sur le devenir des biens immobiliers de la paroisse.

Déjà, beaucoup de travail de défrichement a été fait par un comité ad hoc de huit personnes qui a soumis deux propositions au Conseil de fabrique qui, à son tour, verra à tâter le pouls des L’Avenirois.

Fait intéressant, la Municipalité est partie prenante à cette réflexion, et pourrait même faire partie de la solution.

Salle multifonctionnelle

Sans dire que le projet est complètement ficelé, loin de là, les 1298 citoyennes et citoyens de L’Avenir pourraient être les premiers dans le diocèse de Nicolet à voir leur église être gratifiée d’une utilisation mixte. Ainsi, la majeure partie de la nef serait convertie en salle multifonctionnelle, alors que le chœur et les six premières rangées demeureraient à l’usage exclusif du culte, le tout séparé par un grand rideau.

Il y a même la sacristie, selon l’une des deux propositions, qui pourrait éventuellement être transformée en bibliothèque municipale, faute de recourir au presbytère comme le prévoyait le scénario initial. À quelques jours de cette déterminante réunion, L’Express a rencontré Andrée Charpentier, marguillère, et François Demanche, maire de L’Avenir, deux membres de ce comité ad hoc, qui ont bien voulu fournir quelques éléments qui ont conduit à l’élaboration d’un rapprochement municipal-paroissial.

Le tout a pris naissance, il y a environ un an et demi, lorsque l’idée de déménager la bibliothèque, actuellement installée dans la salle municipale, à l’intérieur du presbytère, a été mise sur la table.

Un premier comité a travaillé sur ce dossier et il semble bien, à la lumière des brefs commentaires formulés par Mme Charpentier et M. Demanche, que l’on a relevé beaucoup d’obstacles à un tel scénario, particulièrement d’ordre financier.

Cette première approche n’a pas été vaine car, comme l’a indiqué le maire Demanche, cela a amené les autorités concernées à faire un inventaire des salles à L’Avenir ou, si vous préférez, une analyse des lieux de rassemblement qui, en bout de ligne, sont destinés à la même population.

D’une part, on a pris en considération le fait que la salle municipale a besoin de rénovation et que le conseil aurait à y consacrer d’importantes sommes cette année et durant les années subséquentes.

D’un autre côté, l’église Saint-Pierre érigée en 1904 en plein cœur du village, ne quémande pas d’interventions majeures, le toit, entre autre, ayant été refait voilà une dizaine d’années grâce à une subvention en provenance du Fonds du patrimoine religieux.

L’édifice offre de très belles possibilités, sauf qu’il est utilisé environ cinq heures par semaine par un nombre de fidèles qui, là aussi, ne va pas en augmentant.

Et comme l’indique bien Mme Charpentier, les frais fixes demeurent les mêmes, bien qu’ils ne soient plus que 23% des L’Avenirois à acquitter leur CGA.

Cette situation force le conseil de fabrique à organiser des activités de financement pour compléter le manque à gagner à chaque année (environ 20 000 $), ce qui est de plus en plus demandant à la fois pour les bénévoles et pour les commerçants qui sont sollicités.

Bien sûr, côté architectural, la salle municipale n’a rien à voir avec la somptueuse église qui, en plus d’être dotée d’un orgue Casavant remonté à neuf, jouit d’une qualité acoustique qui, dit-on, fait beaucoup d’envieux.

Projet rassembleur

Si dans le diocèse de Nicolet, on ne retrouve encore aucune église rurale transformée en salle multifonctionnelle, cela n’est pas le cas ailleurs au Québec où on a compris que la survie du clocher passait par des compromis.

D’ailleurs, selon Andrée Charpentier, l’évêque de Nicolet, Monseigneur Raymond Saint-Gelais, est ouvert à ce type de conversion et elle espère même qu’un représentant diocésain puisse venir en témoigner publiquement le 8 juillet prochain.

Mme Charpentier et d’autres membres du comité ad hoc ont eu la chance de se rendre à Villeroy, dans la paroisse Saint-Philéas, où un projet semblable à celui que l’on propose aux L’Avenirois a été réalisé. «Nous sommes revenus gonflés à bloc par ce que nous avons vu et entendu. Nous y avons rencontré là des gens avec des yeux brillants de fierté par ce qu’ils ont accompli», raconte André Charpentier en se disant convaincu qu’un pareil projet ne pourrait que renforcer le sentiment d’appartenance de la communauté l’aveniroise.

Ni Mme Charpentier ni M. Demanche n’ont voulu aborder la question des coûts à ce moment-ci, d’autant plus que tout est en fonction de ce qui sera privilégié.

Selon nos deux interlocuteurs, beaucoup de points restent à établir dans ce nouveau partenariat, s’il doit se matérialiser, sauf qu’il y a à ce moment-ci une volonté commune à trouver des solutions réalistes aux besoins d’aujourd’hui. «Au-delà de l’argent, tout le monde conviendra qu’une église vide, c’est triste», raconte André Charpentier qui admet volontiers qu’il y a de l’opposition ou peut-être davantage de la réticence face au projet de laïcisation d’une partie de l’église. «Nous invitons autant ceux et celles qui sont contre que ceux qui sont pour le projet à se présenter à l’église ce dimanche pour en débattre. Un vote consultatif sera pris à la fin de cette rencontre», a

exprimé Mme Charpentier en disant espérer qu’au moins 250 L’Avenirois se présenteront à ce rendez-vous.

Pour les gens qui seraient tentés de croire que L’Avenir fait fausse route en préconisant la conversion de l’église en une salle multifonctionnelle, Andrée Charpentier nous réfère à un texte publié dans Communion, le journal de l’Église de Nicolet, sous le titre «Passages obligés pour les paroisses rurales».

L’auteur, Jean-René Tourigny, membre de la commission diocésaine sur l’avenir des communautés paroissiales et des églises en milieu rural, y mentionne que son groupe va recommander vivement que chaque paroisse prenne le temps d’évaluer sérieusement, avec les partenaires du milieu, les besoins et l’utilisation à plusieurs fins de l’église paroissiale qui ne serait plus réservée au culte et qui devrait devenir plus «lieu communautaire». «L’église du village, écrit M. Tourigny, étant le symbole d’une présence, il est difficile de s’imaginer qu’elle soit tout simplement fermée un jour ou qu’elle soit complètement transformée pour une vocation tout autre, quoique cela va probablement se produire pour les milieux qui n’auront pas réussi à lui trouver une nouvelle vie.»

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