Le directeur de la protection de la jeunesse (DPJ), Dominique Lafrance, a nuancé les sorties de ceux qui contestent publiquement les ratés de son organisation. Compréhensif, il estime que les récents amendements légaux ne sont pas étrangers à ces réactions. Et rappelle que la première priorité est accordée à l’enfant.
«Un des points majeurs qui étaient poursuivis par les amendements à la Loi de la protection de la jeunesse étaient d’assurer particulièrement la stabilité des enfants», a-t-il expliqué, faisant référence aux situations d’enfants placés.
Désormais, une durée maximale de placements est fixée, soit de
12 mois pour les bébés de moins de 2 ans; de 18 mois pour les enfants de 2 à 5 ans, et de 24 mois pour les jeunes de 6 ans et plus.
Lorsqu’un enfant est retiré de son milieu naturel, les intervenants doivent maintenant clarifier le plus rapidement possible son projet de vie. «On doit essayer de voir qui va jouer le rôle de parent auprès de cet enfant-là. Le premier objectif est de retourner d’abord l’enfant dans son milieu naturel», a mis en contexte M. Lafrance.
Le DPJ a alors le mandat de tout faire pour donner les services à l’individu pour qu’il soit en mesure de reprendre le contrôle sur son rôle de parent.
Voilà un processus auquel plusieurs partenaires jeunesse sont appelés à jouer un rôle accru. Tous doivent ainsi contribuer à faire en sorte que le parent se reprenne en main et qu’il fasse la démonstration qu’il y a une évolution suffisamment intéressante pour qu’il soit capable de reprendre son enfant. «Par contre, on est obligé de reconnaître, tristement, que dans certains cas, ce n’est pas possible», a-t-il noté.
Le cas échéant, différents scénarios sont explorés, à savoir s’il y a, dans le milieu élargi de l’enfant, une personne significative, déjà connue, qui peut jouer un rôle pour cet enfant-là, comme des grands-parents, un oncle, une tante, etc. La famille d’accueil, la tutelle ou l’adoption sont d’autres solutions. «Notre idée, c’est de faire en sorte le plus vite possible que l’enfant soit stable, qu’il y ait une personne qui lui assure les soins et qui lui donne toute la sécurité affective dont il a besoin pour lui pour assurer son développement», a poursuivi M. Lafrance.
Et le temps compte. «Si je ne prends pas le temps de prioriser l’enfant, si je laisse aller trop longtemps les choses, dans des contextes très pénibles, la conséquence claire, nette et précise, c’est l’enfant qui l’assume et la vit», est-il convaincu.
Ils répètent des modèles inadéquats
M. Lafrance comprend néanmoins que, sur le plan affectif, il peut être confrontant, pour des parents, de se voir retirer leur enfant, même s’il affirme que le DPJ tente d’intervenir le plus respectueusement possible.
«Je comprends qu’il peut y avoir des réactions de parents qui ont l’impression que le DPJ est abusif. Je comprends qu’on est dans des fibres très sensibles quand on parle de la relation parent-enfant. Pour tout le monde, c’est ce qu’il y a de plus précieux, un enfant», a-t-il enchaîné.
Il arrive parfois que les parents eux-mêmes aient été victimes durant leur enfance, si bien qu’ils sont incapables ou jouent très difficilement leur rôle de parent. Plusieurs sont aux prises avec une problématique de toxicomanie ou de santé mentale.
Certains admettent leurs problèmes, d’autres non. C’est alors que la partie se corse. Ils reproduisent alors un modèle inadéquat, en étant convaincus que celui-ci est bon. «Malgré tous les efforts à vouloir travailler avec eux, certains ne voient pas et ne comprennent pas», a-t-il malheureusement remarqué.