L’abondance de chevreuils cause d’importantes pertes aux producteurs

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Par Lise Tremblay
L’abondance de chevreuils cause d’importantes pertes aux producteurs

Deux producteurs de Saint-Majorique-de-Grantham en ont soupé de tous ces cerfs de Virginie qui piétinent et abîment leurs terres. Chaque année, ils doivent s’en remettre à leur compagnie d’assurance, car ces jolis cervidés affamés détruisent… plusieurs tonnes de céréales.

«Puisque ma terre est située jusqu’à côté du territoire de la Forêt Drummond, elle sert de garde-manger aux chevreuils. Je sais que le ministère y fait de la gestion de femelles, mais là, il y en a trop. Ces temps-ci, il n’est pas rare que j’en vois 75 sur ma terre… on dirait presque j’en fais l’élevage. Ils brisent mes rangs et marchent sur les petites pousses, ce qui nuit à la photosynthèse», a indiqué Mario Lecavalier, qui produit des fraises et plusieurs variétés de céréales, telles que du soya, du maïs et de l’avoine. Évidemment, lorsqu’ils sont trop nombreux, M. Lecavalier essaie tant bien que mal de les chasser en circulant avec un véhicule tout terrain. «Ça ne les effraie pas vraiment, car une demie heure après, ils reviennent, a-t-il communiqué. L’an dernier, ils ont dévoré beaucoup de plants de soya. Ils adorent cela. Les pertes sont importantes. Vous savez, quand le grain se vend 400 $ la tonne, ça va vite. J’aime beaucoup les animaux, mais là, je crois que ça prendrait une meilleure gestion de la population», a-t-il ajouté.

Un peu plus loin, le producteur Claude Letendre a également des problèmes avec la présence de cerfs de Virginie sur ses terres. L’an dernier, ils ont dévoré quatre tonnes de soya. «C’est l’enfer. C’est rendu que mon assureur doit venir chaque année pour constater les dommages. Généralement, un producteur récolte une tonne de soya par acre, mais moi, à cause des chevreuils, je n’en récolte qu’une demi-tonne. On parle donc de pertes de 20 000 $ par année… c’est énorme. Mes champs sont presque détruits», a informé M. Letendre, propriétaire d’une ferme de 250 acres, située sur le 2e Rang.

Si les dommages de ces producteurs sont si élevés, c’est essentiellement parce que leurs terres sont situées tout près de la forêt.

L’UPA sensible

Évidemment, l’Union des producteurs agricoles (UPA) du Centre-du-Québec est consciente de cette problématique. D’ailleurs, au mois de mars, elle a adopté une résolution pour demander à l’UPA nationale de faire les pressions nécessaires auprès du ministère des Ressources naturelles et de la Faune afin qu’il prenne toutes les mesures nécessaires pour réduire le cheptel de cerfs de Virginie, notamment en prolongeant la période de chasse et en permettant davantage la prise de femelles. «Le piétinement est le principal problème que cause les chevreuils. Chaque année, des producteurs nous appellent pour nous dire qu’ils y en a beaucoup sur leur terrain et ils veulent connaître des moyens pour prévenir des ravages. Je ne sais pas si le Ministère va réagir, mais au moins, je sais qu’un exercice de dénombrement est en cours», a fait savoir Charles Lachapelle, responsable des dossiers environnementaux au sein de l’UPA Centre-du-Québec. En attendant, il y existe un moyen relativement efficace pour limiter l’accès des cerfs de Virginie aux champs de soya, leur céréale préférée. De fait, Michel Dumont, conseiller à la Financière agricole du Québec, suggère aux producteurs de semer quelques rangées de maïs tout autour de leur champ de soya, particulièrement du côté des boisés. Ainsi, les chevreuils se régaleront de maïs et seront moins portés à s’enfoncer plus dans les terres.

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