Les concepteurs lumières l’avenirois France Jutras et Jocelyn Bathalon ont de quoi être fiers. Avec leur expertise et leur souci de la nature, ils ont réussi à mettre en valeur le potentiel de la gorge de la rivière Magog, à Sherbrooke, site qui, depuis de nombreuses années, était peu invitant et gênait le paysage. La gorge est désormais un nouveau lieu de promenade charmant et féérique qui émerveille à tout coup les citoyens et les touristes.
Le mandat leur a été confié en janvier 2009 par la Ville de Sherbrooke et Cité des rivières, par l’entremise d’un contrat octroyé à la firme d’ingénieur-conseil le Groupe SM International. «Quelques semaines auparavant, la Ville de Sherbrooke nous avait demandé de donner une conférence afin de partager notre expertise en lumière et de parler des techniques de la mise en valeur d’un lieu par l’éclairage. Ils ont trouvé que nous avions des outils et des idées intéressants qui correspondaient bien à leur projet. Nous avons donc rencontré les décideurs quelques semaines après et finalement, le Groupe SM nous a approchés», raconte Mme Jutras de Jutras et Bathalon Bureau d’étude lumière.
Leur mandat était clair : mettre en valeur le potentiel naturel de la gorge avec ses barrages, ses passerelles, ses ponts, ses sentiers, ses vestiges historiques, ses structures industrielles, ses portes d’entrée ainsi que ses parois rocheuses et sa flore, et ce, tout en respectant le Règlement de contrôle relatif à la protection du ciel nocturne de la ville de Sherbrooke et en tenant compte de la complexité topographique du site. «Sherbrooke est situé dans la région de l’observatoire astronomique du Mont-Mégantic. Elle a donc adopté un règlement très strict sur la protection du ciel étoilé. Nous avons donc tout mis en œuvre pour qu’aucune lumière "ne pollue" le ciel, autrement dit, pour qu’il ne soit pas éclairé», explique-t-elle.
Le projet de la mise en lumière du site de la gorge de la rivière Magog, reliant deux pôles d’attraction touristiques de la ville de Sherbrooke, soit le centre-ville et le Lac des Nations, se déroule en trois phases. La première, qui concerne le Secteur Abénaquis, à savoir le site entre le barrage et la centrale hydroélectrique, a été inaugurée en décembre dernier. «Nous avons créé un sentier lumineux sécuritaire facilitant l’accès au site ainsi que deux portes d’entrée pour que les gens le repèrent dans la ville», indique la conceptrice lumières.
Le résultat est éloquent et stupéfiant. Les jeux de lumière transportent les visiteurs dans un monde surréaliste. Le site, qui n’était pas attirant pour l’œil et donc, passait inaperçu depuis plusieurs années, est maintenant contemplé par des milliers de personnes.
Qui plus est, pour guider agréablement le randonneur et pour leur permettre de voir la topographie accidentée de la gorge et du sentier intégré, un ruban lumière a été installé. Les chutes du barrage, les remous, les passerelles et la conduite d’amenée d’eau sont également éclairés. «La couleur des deux chutes peut être contrôlée individuellement, fait savoir Mme Jutras. Des effets rythmés produisent occasionnellement des impressions d’éclairs. De plus, nous avons créé quelque chose d’exceptionnel avec la conduite d’amenée d’eau. Sous l’effet de la lumière, elle devient tantôt une chenille, tantôt une canne en bonbon!»
Le choix des couleurs de lumières s’est arrêté sur le rouge et le blanc. Au dire de Mme Jutras, toutes les structures industrielles, lesquelles ont donc nécessité une intervention humaine, font l’objet d’une illumination en rouge, symbole de la force, de la puissance et de l’éclat de vie. Les éléments de la nature sont, quant à eux, éclairés par une lumière blanche, signe de pureté et de vérité.
Pour ce projet, les concepteurs n’ont utilisé que la technologie de diode électroluminescente (DEL) en raison de sa faible consommation d’énergie, sa longue durée de vie et la fiabilité des appareils sélectionnés. «En plus, le coût d’opération annuel est très abordable. On parle d’environ 1500 $», fait valoir celle qui est également propriétaire de Les Jardins Lumières
Il va sans dire que Mme Jutras et M. Bathalon ont réussi à offrir à la ville de Sherbrooke un lieu de détente et d’interprétation mettant en valeur la rivière. «Nous sommes très contents de pouvoir participer à ce projet et nous sommes fiers des résultats», exprime Mme Jutras.
La seconde et troisième phase comprend notamment la mise en lumière du pont Montcalm, d’autres barrages, ainsi que la projection sur rochers d’arts visuels et d’images racontant l’histoire du barrage Frontenac.