Les Jutras font jaser depuis 30 ans à Drummondville, et pour cause. Souvent à l’avant-scène de l’actualité, ils ont réussi à se démarquer à bien des égards, à tort ou à raison, à commencer par Francine Ruest Jutras, qui est en poste à l’hôtel de ville de Drummondville depuis 20 ans.
La politique, la belle-famille de Mme Ruest Jutras l’a dans le sang. Son beau-père a déjà été président d’une commission scolaire. Son époux, l’avocat Germain Jutras, était un porte-étendard du Parti québécois à la fin des années 1970, époque à laquelle elle siégeait elle-même à l’exécutif du parti (1977-1980).
Germain Jutras a d’ailleurs été l’un des plus jeunes avocats à accéder à la magistrature, poste qu’il a abandonné quelque temps plus tard pour revenir à la pratique privée.
Ce, sans compter son beau-frère, Normand Jutras, qui a représenté les intérêts des électeurs de Drummond à l’Assemblée nationale durant 13 ans (1994-2007).
Aujourd’hui, sa fille aînée, Me Christine Jutras, est Bâtonnière du Barreau d’Arthabaska. Son gendre, André Komlosy, sera candidat du Parti conservateur du Canada lors des prochaines élections fédérales dans Drummond. «André est quelqu’un qui aime la politique, lance-t-elle. Lui et Christine se sont connus lors d’une assemblée contradictoire. Elle, elle était dans le camp péquiste; lui, avec les libéraux.»
Il est de notoriété publique que M. Komlosy a aidé quelques candidats de l’équipe Ruest Jutras à être élus lors des dernières élections municipales, dont Jocelyn Gagné au centre-ville face à Denis Savoie. À savoir s’il recevra un retour d’ascenseur lorsqu’il sera lui-même en campagne, la mairesse de Drummondville répond qu’elle n’avait rien demandé à quiconque et qu’il faudrait poser la question à chacun d’entre eux.
Quant au fait qu’elle se retrouve coincée entre sa famille et sa famille idéologique (le camp souverainiste et le Bloc québécois), Francine Ruest Jutras esquisse un sourire en coin et préfère ne pas commenter.
Elle a rencontré son mari à la Cacahouète
Francine Ruest Jutras est une Drummondvilloise pure laine. Elle est née ici d’un père provenant de la vallée de la Matapédia et d’une mère beauceronne. Elle est l’aînée d’une famille de cinq enfants aux revenus modestes, jusqu’au jour où son père a fondé un commerce de chaussures.
C’est à l’âge de 20 ans que la mairesse de Drummondville est officiellement entrée dans la famille Jutras. Elle a rencontré son mari à la Cacahouète, rue Brock, le local de l’AGED (Association générale des étudiants de Drummondville). «C’était une boîte à chanson. Il y avait aussi du théâtre. C’est là qu’on brassait des idées. Je me souviens de m’être présentée à des élections et que mon futur mari était dans le camp adverse. C’est comme ça qu’on a commencé à travailler ensemble», raconte-t-elle.
Enseignante de formation (elle détient une majeure en français et une mineure en histoire), Francine Ruest Jutras a travaillé à l’école secondaire Marie-de-la-Présentation. Elle a également réalisé un court remplacement au Collège Saint-Bernard.
Elle est demeurée à la maison après avoir accouché de trois filles en 22 mois, les deux dernières étant jumelles, avant de se lancer en politique active, quelques années plus tard.
De toutes ces années à l’hôtel de ville, elle considère les titres de «Ville industrielle de l’année» (1991) et de Ville de l’année (2001) comme de beaux cadeaux. Comme la gloire est éphémère, tout est mis en œuvre pour que Drummondville maintienne sa position de leader, et ce, à tous égards. «Soutenir la décroissance, la vivre, c’est plate; soutenir la croissance, c’est un gros défi», reconnait-elle d’emblée.