Dissidence au conseil municipal

Dissidence au conseil municipal
Pour le conseiller municipal Christian Tourigny

Pour une rare fois publiquement, la belle unanimité du conseil municipal de Drummondville a été brisée, hier soir, quand le conseiller Christian Tourigny a informé ses collègues qu’il allait voter contre un règlement prévoyant une augmentation de salaire des élus.

M. Tourigny fait cavalier seul dans ce dossier, lui qui bénéficiait pourtant d’un appui autour de la table en après-midi. «Je vais probablement être le seul à voter contre le règlement, mais c’est une question de principe», a-t-il lancé lors de la dernière séance ordinaire du conseil.

C’est que le projet de règlement prévoit une augmentation de salaire d’environ 10 000 $ pour la mairesse de Drummondville, Francine Ruest Jutras. S’il est accepté, la première magistrate gagnera 80 000 $ par année, excluant une allocation non imposable.

Sur ce point, Christian Tourigny n’a rien à redire, si ce n’est qu’il s’agit d’une augmentation justifiable par les responsabilités accrues et l’importante charge de travail du poste.

Il s’oppose toutefois à ce qui créerait deux classes de conseillers municipaux selon lui, à savoir l’instauration d’une rétribution pour les présidents de comités et pour les élus qui siègent au comité consultatif d’urbanisme (CCU) et au comité exécutif (CE).

Le conseiller municipal dissident a du mal à comprendre pourquoi ses collègues veulent changer les règles du jeu en cours de mandat alors qu’ils les connaissaient au départ. «Je n’ai rien contre les conseillers en place, a indiqué d’emblée M. Tourigny, mais je n’aime pas le «timing» de cette augmentation. Nous sommes en poste depuis un peu plus de deux ans. Normalement, avant de devenir candidat, on s’informe des tâches à exécuter, de la rémunération. Si les gens n’étaient pas contents, on aurait dû augmenter le salaire dès le départ…ou ils n’auraient pas dû se présenter en élections.»

Hausse de 3000 $ pour les uns, de 1500 $ pour les autres

Les sommes envisagées seraient les suivantes : un boni de 1500 $ pour les présidents de comités et une rémunération de 1500 $ pour les élus membres du CCU et du CE.

Si le projet est adopté comme tel, c’est donc dire que sept conseillers verront leur salaire annuel augmenter de 3000 $. Les cinq autres bénéficieront d’une hausse de 1500 $. À Drummondville, rappelons que le salaire de base d’un conseiller municipal est de 30 000 $, incluant une allocation non imposable. Il avait été augmenté de 23,5 % $ en 2004 afin que des candidats de qualité se manifestent lors des dernières élections municipales générales (novembre 2005).

Avant que Christian Tourigny prenne la parole, son collègue Pierre-Yvan Aubé avait expliqué que beaucoup de municipalités reconnaissent l’exercice de certaines fonctions, comme le CCU et le CE. À sa lecture du projet de règlement, il s’agit strictement d’un principe de reconnaissance plutôt que d’une augmentation de salaire au sens propre. «Les montants sont somme toute minimes, mais c’est par principe», a-t-il lancé.

Le conseiller Tourigny a rejeté cet argument du revers de la main, prétextant que plusieurs autres villes n’ont pas ce genre de boni. Pour lui, rétribuer les conseillers municipaux en fonction de leur rôle au sein des divers comités ouvre la porte à une situation «dangereuse». «Je suis conseiller depuis 13 ans. J’ai de la misère à comprendre pourquoi on cible deux comités parmi tant d’autres. Je ne voudrais pas qu’on en arrive à payer quand on siège sur un comité. Dans mon esprit, tous les comités sont importants», a-t-il déclaré.

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