LITTÉRATURE. L’autrice Katherine Girard aime donner vie à des protagonistes féminines fortes à travers ses récits. Dans sa nouvelle trilogie, elle raconte la vie romancée d’Helena Gaudreau, son arrière-grand-mère.
Au fil des ans, Katherine Girard a souvent entendu parler d’Helena, une femme qui a vécu «plein de choses extraordinaires» selon sa grand-mère. Cette dernière a pris le temps de raconter l’histoire de sa propre mère, au début des années 2000. À ce moment-là, Katherine Girard a consigné les grandes lignes de sa vie sur papier.
«Helena est une femme qui a tout vécu, soutient-elle. Elle est née en 1900, au début du 20e siècle. Elle a vécu les guerres (la Première et la Deuxième), la grippe espagnole, des tremblements de terre et des incendies. Elle a aussi vécu la mort de plusieurs de ses enfants et de ses trois maris.»

Au fil des nombreux déménagements, Katherine Girard a perdu la trace de ses notes. Elles sont réapparues plusieurs années plus tard, en 2022, alors qu’elle faisait du ménage dans le grenier.
L’autrice était justement à la recherche d’un projet d’écriture. Elle a décidé de replonger dans l’histoire familiale.
«J’ai commencé à faire plein de recherches généalogiques. Je fouillais un peu partout sur les sites et dans les journaux. Quelques mois plus tard, j’ai découvert qu’il y avait une page Facebook sur la famille d’Harry Gaudreault et Georgianna Gauthier. Ce sont les parents d’Helena. J’ai publié toutes les photos que j’avais. Les gens ont commencé à s’abonner et publier des photos qu’ils avaient. Ça m’a fourni beaucoup de matériel», raconte celle qui a également rencontré des membres de sa famille.
Ayant une douzaine de romans à son actif, Katherine Girard se plait à mettre en lumière le parcours de femmes diversifiées. Décrite comme étant déterminée et indépendante, Helena Gaudreau a emprunté un chemin qui lui est propre.
«C’est vraiment important pour moi que les femmes soient traduites dans la littérature, mais qu’elles soient traduites comme des femmes fortes et résilientes. Surtout nos grands-mères et nos arrière-grands-mères qui ont bâti le Québec. C’était vraiment difficile. Il y avait l’emprise de la famille et de la religion. Comment elles ont réussi à devenir quelqu’un à travers tous ces deuils et toutes ces obligations?» se questionne celle qui s’intéresse entre autres à la résilience féminine.
C’est ainsi que Katherine Girard a créé l’histoire d’Helena. Elle a brodé l’existence de personnages à partir de gens bien réels. Dans la trilogie, les événements historiques, les dates, les décès, les mariages et les naissances sont véritables. Tout le reste est tiré de l’imagination de l’autrice.

Dans le premier tome, on retrouve Helena Gaudreau,17 ans, qui voit sa destinée basculer lorsque son père la marie à Liguori, un voisin qu’elle considère davantage comme un ami plutôt qu’un amoureux. Pensant fuir la misère, les tâches éreintantes de la ferme et les responsabilités familiales accablantes, elle découvre vite qu’elle ne fait que passer d’une prison à une autre. Lorsque la guerre entraîne son mari au front, Helena se retrouve seule, sous la coupe d’une belle-mère cruelle, avec pour seuls repères ses souvenirs… et un amour interdit.
L’histoire prend racine au Lac-Saint-Jean, une région que Katherine Girard apprécie particulièrement puisqu’elle y est originaire. «J’ai un ancrage profond avec le Lac-Saint-Jean. Mon histoire se passe principalement au Saguenay. Il y avait quelque chose de réconfortant sur le fait d’écrire sur ma région. Ça m’a permis d’avoir un regard plus vaste sur ma région et sur tout ce qu’il s’est passé, par rapport à son histoire. Il y a eu beaucoup de développement dans cette région, notamment avec la construction des centrales hydroélectriques et les barrages.»
Katherine Girard est maintenant bien établie dans la région, alors qu’elle enseigne la littérature et le cinéma au Cégep Drummond. Elle habite depuis les dernières années à Odanak.
Publié chez Hurtubise, le premier tome de la trilogie Helena, intitulé Les rêves piégés, est maintenant en librairie.