SITE D’ENFOUISSEMENT. L’année 2024 au site d’enfouissement de WM de Saint-Nicéphore a été marquée par l’amélioration tant des installations que de la relation avec la Ville de Drummondville. Ce sont là parmi les constats du comité de vigilance qui sont inscrits dans son rapport annuel.
Le président du comité, Yves Gatien, s’est d’abord réjoui de la fin du conflit juridique entre Drummondville et WM qui durait depuis de nombreuses années. Une entente a été signée en juillet 2024 confirmant la fin des procédures judiciaires dans lesquelles Drummondville s’opposait à la création d’une zone d’intervention spéciale (ZIS) dans la cellule 3B.
«Avant la fin du processus judiciaire, il y avait certains membres du comité qui devaient s’absenter durant les discussions qui concernaient des points en litige, explique Yves Gatien. La résolution du conflit n’est pas négligeable dans l’amélioration du climat au sein du comité.»
Autre amélioration que souligne M. Gatien concerne le déplacement de l’entrée du site. Le projet en cours vise à déménager le point d’accès à un endroit qui se retrouve plus loin des maisons voisines. «La nouvelle entrée va amener plus de calme pour les voisins. Elle sera aussi plus près de l’endroit où les nouvelles fosses sont exploitées. Ça devrait améliorer toute sorte de choses», indique M. Gatien.
Nouvelles cellules
WM a terminé les travaux d’ouverture de la nouvelle cellule 6 de la phase 3B-1 et y a commencé l’enfouissement en septembre dernier. Rappelons que l’excavation s’était amorcée en 2022. Le comité y a observé l’avancement des travaux.
«On est allé voir comment ça se déroulait sur place. On a pu constater les mesures qui sont prises pour assurer que l’étanchéité de la cellule soit bien dans les normes», rapporte celui qui est président du comité depuis 2018.
WM a aussi complété le recouvrement final sur la cellule 3A qui n’avait pu être terminé en 2023 en raison de la température. Sa surface a pu être végétalisée avec un mélange de trèfle et de petits végétaux demandant très peu d’entretien. Un résident du voisinage du Club du Faisan a indiqué au comité que les odeurs n’étaient plus perceptibles depuis la fin des travaux.
Cependant, avec le retour de l’enfouissement des matières résiduelles provenant de la MRC de Drummond, l’affluence des camions a augmenté au site. Cela occasionne un plus long temps d’attente puisque ce sont surtout des véhicules de collecte, et non des remorques de transport, qui se sont ajoutés. Cet élément sera surveillé de plus près en 2025, fait savoir M. Gatien. Des adaptations devront être faites pour minimiser les inconvénients.
Eaux
Le rapport du comité de vigilance fait aussi état de la qualité des eaux tant de surface que souterraines. Pour les eaux de surface, le seuil maximal permis des matières en suspensions (MES) a été abaissé de 90 milligrammes par litre (mg/L) à 50 mg/L. La nouvelle norme a pu être respectée sauf lors d’épisodes de forte pluie qui ont causé des dépassements à certains points de collecte d’échantillons.
«Il y a des zones de décantation pour que l’eau qui sort du site soit la plus propre possible. Le fait que les camions vont moins se promener sur le site devrait directement amener une amélioration à ce niveau parce qu’ils circuleront moins longtemps sur des chemins qui ne sont pas asphaltés», mentionne M. Gatien.
Pour les eaux souterraines, les concentrations de fer, d’azote ammoniacal et de nickel qui ont été enregistrées étaient plus élevées qu’en moyenne dans la région. Cependant, le tout est en accord avec les données historiques qui montrent que ces niveaux sont plus hauts dans le secteur. Des recherches, faites dans le passé, avaient confirmé que le site n’était pas en cause.
Dans l’aquifère profond, les analyses ont retrouvé un taux de sulfure légèrement en excès de la valeur limite établie. Encore une fois, on signale que ces niveaux de concentration sont en accord avec les données historiques du puits visé. Les taux demeurent néanmoins sous surveillance afin d’éviter une récurrence des pointes. Des sites d’échantillonnage ont aussi été ajoutés dans le voisinage.
Quant aux eaux de lixiviation, celles-ci sont traitées une première fois par WM avant d’être envoyées à l’usine de traitement des eaux usées de Drummondville. WM doit d’ailleurs respecter un niveau maximal pour les charges d’azote ammoniacal. Les données amassées en 2024 montrent que la concentration était faible et sous les normes de la Ville.
Par ailleurs, il est à mentionner que la plantation de saules permet l’utilisation de lixiviat de vieilles cellules pour leur irrigation. Ces arbres peuvent filtrer certains éléments présents dans le lixiviat. Cette méthode d’irrigation était testée sous la forme d’un projet pilote sur deux hectares de la plantation ces dernières années. Le ministère de l’Environnement a autorisé que celle-ci soit étendue sur les huit hectares de la plantation en raison des résultats concluants. L’élargissement du système ne perturbera pas la plantation selon WM.
Biogaz
Les 109 puits verticaux et 69 tranchées horizontales du site de Saint-Nicéphore permettent de capter un débit moyen de 4 000 pieds cubes par minute de biogaz. La majeure partie est utilisée par l’usine de cogénération qui alimente les Serres Demers, le réseau électrique d’Hydro-Québec et chauffe l’usine de traitement des eaux. Cependant, une proportion d’environ 20 % est brulée annuellement à la torchère, surtout en été lorsque la demande est plus faible.
«La valorisation des biogaz est l’une des particularités positives du site. Ça compense un peu le fait que la collecte du compost n’est pas toujours idéale. On a des discussions au comité sur comment on pourrait valoriser une plus grande portion des biogaz. Ce n’est pas un dossier évident», souligne Yves Gatien.
Le comité de vigilance s’est intéressé à la proposition de WM d’éventuellement se doter d’une usine de gaz naturel renouvelable (GNR). Plusieurs facteurs doivent encore être analysés avant qu’un tel chantier soit lancé. D’ailleurs, WM développe un projet semblable à son site de Sainte-Sophie. La progression de ce dernier pourrait orienter la suite à Drummondville.
Par ailleurs, la fermeture de cellules a permis au site de réduire considérablement ses émissions de gaz à effet de serre (GES) en 2023. Le total est passé de 217 775 tonnes en 2022 à 190 244 tonnes en 2023. Le comité de vigilance estime aussi que le retour des matières de la MRC de Drummond au site de Saint-Nicéphore réduira le bilan global d’émission de GES de la collecte puisque les rebuts ne seront plus transportés jusqu’à Saint-Rosaire.
D’ici la fin de 2025, le comité se penchera particulièrement sur les travaux d’aménagement de la nouvelle entrée du site d’enfouissement et le projet d’implantation d’un écocentre sur place en plus de sa surveillance régulière des activités.
Le comité de vigilance pourra aussi faire connaître son rôle et ses activités lors des prochaines portes ouvertes du site alors qu’il aura son propre kiosque. L’édition de septembre 2024 avait connu une forte popularité auprès de la population.