Plus de 4000 travailleurs de la construction résidentielle en grève

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Par William Hamelin
Plus de 4000 travailleurs de la construction résidentielle en grève
Ce sont 4804 travailleurs du domaine de la construction résidentielle qui sont en grève dans la région de la Mauricie-Bois-Francs. (Photo : Ghyslain Bergeron)

RELATIONS DE TRAVAIL. L’Alliance syndicale qui regroupe cinq syndicats dans le domaine de la construction résidentielle est en grève générale illimitée depuis le mercredi 28 mai. Dans la région de la Mauricie-Bois-Francs, comprenant Drummondville, ce sont 4804 travailleurs qui sont en grève sur les 200 000 à travers la province.

L’Alliance syndicale comprend la FTQ-Construction, le Syndicat québécois de la construction, le Conseil provincial du Québec des métiers de la construction (International), la CSD-Construction et la CSN-Construction.

Le secteur résidentiel englobe notamment la construction de bâtiments dont plus de 85 % de la superficie est réservée à l’habitation et dont le nombre d’étages au-dessus du sol n’excède pas six dans le cas de bâtiments neufs ou huit dans les autres cas.

Ainsi, la grève dans le secteur résidentiel ne s’applique pas, entre autres, aux travaux de rénovation, de modification, de réparation et d’entretien d’une résidence, lorsque ceux-ci sont faits à des fins personnelles par la personne qui habite les lieux, ou encore exécutés par les salariés permanents des municipalités, des commissions scolaires, des collèges et des établissements de santé ;

L’Alliance syndicale souhaite que les membres aient droit aux mêmes salaires que les travailleurs des autres secteurs de la construction (institutionnel/commercial et industriel). En mars dernier, des hausses de salaire de 22 % sur quatre ans leur ont été octroyées.

Jusqu’à 44 000 projets de résidences présentement en construction au Québec pourraient être perturbés par la grève, selon l’APCHQ. (Photo : Ghyslain Bergeron)

L’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ) a déposé la veille une offre à la table de négociations. Celle-ci, bonifiée à 18 %, représente une hausse de 1,5 % sur quatre ans par rapport à l’offre déposée le 22 avril dernier, et de 6 % sur les offres initiales.

L’APCHQ rappelle que toutes ses offres ont été refusées, incluant une offre intérimaire qui donnait une augmentation immédiate de salaire aux travailleurs de 5 % pour la première année. Les membres de l’Alliance syndicale désirent plutôt une hausse de 8,35 % dès la première année de l’entente.

Le porte-parole de l’Alliance syndicale, Alexandre Ricard, a exprimé dans une mêlée de presse mercredi matin que l’offre comprend des reculs considérables en rapport à certaines dispositions de la convention collective.

«On a demandé à l’APCHQ de soumettre au vote de ses membres la proposition qu’on leur a déposée vendredi dernier, ce qu’elle n’a pas fait en prétextant qu’on n’avait pas de nouvelle proposition à offrir à ses membres. On est passé à un nouveau palier de moyen de pression, donc c’est pour cela qu’on est grève depuis ce matin», explique M. Ricard.

Aucune nouvelle rencontre entre les deux parties n’est prévue à l’heure actuelle.

La Commission de la construction du Québec (CCQ) rappelle que les travailleurs de la construction ont le droit de faire la grève ou de travailler durant cette dernière. Les employeurs peuvent également fermer leur chantier ou le maintenir ouvert.

Réactions vives

En réaction au déclenchement de la grève, le ministre du Travail, Jean Boulet, affirme que le gouvernement du Québec «ne sera pas patient» et «n’exclut rien» pour mettre fin au conflit de travail.

«Il faut penser à l’impact sur ceux et celles qui accèdent à la propriété, à l’impact que les retards dans la construction résidentielle vont avoir. On ne peut pas se permettre d’être patient dans le contexte de l’habitation actuel. Je m’attends à ce que ça dure le moins longtemps possible», exprime-t-il.

Selon l’APCHQ, jusqu’à 44 000 projets de résidences présentement en construction au Québec pourraient être perturbés par la grève. Plusieurs centaines de livraisons prévues pour les mois de juin ou juillet pourraient être également affectées.

Des hausses de l’ampleur demandée par l’Alliance syndicale pèsent lourd sur le prix total des constructions, car la main-d’œuvre compte pour près de 50 % de la facture, précise Isabelle Demers, vice-présidente, développement stratégique, affaires publiques et innovation, à l’APCHQ, cité dans La Presse.

Le ministre du Travail, Jean Boulet, souhaite que la grève dure le moins longtemps possible. (Photo d’archive : Louis-Philippe Samson

Toujours selon La Presse, dans le secteur résidentiel, le prix d’une maison moyenne bondirait de 55 000 $ si la hausse demandée par l’Alliance syndicale entrait en vigueur.

De son côté, le Conseil du patronat du Québec (CPQ) est préoccupé face au déclenchement de la grève. Cette interruption des activités survient dans un contexte déjà tendu, marqué par une guerre tarifaire persistante, une instabilité économique croissante et une crise du logement.

Le CPQ appelle toutes les parties à reprendre les négociations de bonne foi et à privilégier une solution équitable et durable. Le ministre Jean Boulet fait confiance à leur sens des responsabilités et propose même de nommer un arbitre qui mettrait fin au conflit, si les parties le consentent.

Rappelons que le CPQ a demandé que l’industrie de la construction soit expressément incluse dans l’application du projet de loi 89, compte tenu des répercussions majeures que des conflits de travail dans ce secteur peuvent avoir sur le bien-être de la population.

«Exclure cette industrie revient à accepter que des arrêts de travail puissent s’étirer indéfiniment, au détriment des chantiers résidentiels, des projets d’infrastructure et de la stabilité économique du Québec. La démobilisation prolongée des travailleurs engendre des retards coûteux, accentue la crise du logement et freine les investissements essentiels à notre prospérité collective», affirme le CPQ par voie de communiqué.

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