SANTÉ. Le diabète de type 2 frappe de plus en plus tôt chez les adultes sans qu’ils ne le sachent. Pour contrer cette tendance inquiétante, Diabète Drummond a mis sur pied, en collaboration avec le département des soins infirmiers du Cégep, une initiative de dépistage précoce directement en milieu de travail.
L’idée a germé l’automne dernier dans la tête de Stéphanie Fontaine, directrice générale de Diabète Drummond, face à des statistiques préoccupantes.
«Avant, le diabète de type 2 touchait surtout les 50 ans et plus. Maintenant, un bon nombre de nos membres ont entre 30 et 40 ans, et même, dans la vingtaine. Il faut donc cibler les citoyens le plus tôt possible.»
«Il y a eu par le passé des initiatives avec le Cégep, des séances de dépistages aux Promenades, entre autres, mais ça n’a pas perduré. Dans le contexte où la vie va vite, qu’on néglige les rendez-vous médicaux parfois, il fallait que je trouve un moyen d’aller directement à la rencontre des gens et non l’inverse. Le choix logique s’est avéré le milieu de travail», explique-t-elle, indiquant que la cause première du diabète de type 2 est directement liée aux mauvaises habitudes de vie.
Essentiellement, cette démarche vise à sensibiliser les travailleurs aux risques liés au diabète, tout en leur offrant un accès simple et confidentiel à un dépistage rapide, ainsi qu’à des ressources sur les saines habitudes de vie.
Un partenariat gagnant-gagnant
Le Cégep a embarqué sans hésiter dans le projet, qui s’inscrit parfaitement dans le cadre de formation des étudiants en soins infirmiers.
«À la deuxième session de leur première année, les étudiants doivent construire un projet basé sur la prévention de la maladie et la promotion de la santé dans un milieu communautaire. Cette formule que proposait Diabète Drummond cadrait bien dans les paramètres», fait savoir Geneviève Courchesne, enseignante.
Pour l’an un de ce projet, trois entreprises ont accepté d’ouvrir leurs portes : Canimex (les quatre usines), Lemire Précision puis le Cégep Drummond (offert aux employés de Inc. Formation conseil aux entreprises). La trentaine d’étudiants concernés a procédé au dépistage sur cinq jours.
«En étant sur les heures de travail et en entreprise, ça permet de libérer plus facilement les employés. Et c’est un gros plus pour les gens qui n’ont pas de médecin de famille, se dit d’avis Vincent Dionne-Lemaire, conseiller aux ressources humaines et représentant du comité mieux-être au Cégep. En tant qu’entreprise ayant la certification « Bien au travail » de niveau 3, ça cadre bien dans les activités que l’on peut proposer. C’est du concret.»
Le processus est simple : sur une base volontaire, les employés se présentaient à l’une des stations de dépistage où deux étudiants les accueillaient. Après quelques directives, le taux de sucre dans le sang était mesuré au bout du doigt à l’aide d’un lecteur de glycémie capillaire. Cette manœuvre prend quelques secondes puis les résultats sont instantanés.

«L’objectif n’est pas d’émettre un diagnostic, de toute façon, les étudiants ne sont pas habilités pour le faire, précise Stéphanie Fontaine. Par contre, ça donne un son de cloche à la personne. En fonction des résultats, on lui recommande certaines actions à entreprendre. C’est également plus facile pour elle après d’aller voir le médecin.».
Après le test, les participants étaient invités à se diriger à une table où ils pouvaient retrouver une panoplie d’informations sur le diabète, mais également sur l’alimentation et l’activité physique.
«Nos nutritionnistes et kinésiologues ont élaboré des documents, mais on est aussi allé chercher des collaborations avec les Producteurs d’œufs et de lait du Québec. Des recettes, des fiches sur comment bien lire les étiquettes sur les aliments et le guide alimentaire étaient entre autres proposés», détaille Mme Fontaine.
Au terme de cette activité, environ 450 personnes ont été dépistées.
«Les entreprises auront une rétroaction. En fait, on leur fournira des données par groupes d’âge», mentionne la directrice générale de l’organisme.
Devant l’accueil favorable et l’efficacité du partenariat entre Diabète Drummond et le Cégep, l’organisme souhaite rendre cette initiative récurrente en élargissant le partenariat à d’autres organisations.

«C’est évident, ce projet est gagnant-gagnant pour tous. Il est un bel exemple de partenariat entre le communautaire, le scolaire et les entreprises», affirme la directrice générale de Diabète Drummond.
D’ailleurs, l’étudiante Laurence Gosselin a fort apprécié sa participation.
«Dans nos cours, nous sommes plus en contact avec des personnes âgées qui ont une glycémie élevée. Avec cette activité, ça nous a permis d’acquérir plus d’expérience. Et je suis contente, car ça m’a également permis de découvrir l’organisme. Je vais pouvoir maintenant mieux conseiller les gens», lance-t-elle.