AFFAIRES. Qu’ont en commun des entreprises de cueillette de fraises, de quenouilles, de sirop d’érable, d’aménagement paysager, de création publicitaire et de solutions numériques? La réponse est simple. Louis-Philippe Baril s’est lancé en affaires avec chacune d’entre elles.
Le président-directeur général de Nmédia se considère comme un entrepreneur pur et dur. Dès son enfance, son désir de se lancer en affaires s’est manifesté. Bien entendu, plusieurs de ses entreprises ont été des microprojets qu’il a réalisés étant enfant. D’autres sont encore bien vivantes aujourd’hui.
«Ma famille habitait en campagne, raconte Louis-Philippe Baril. J’ai commencé à cueillir des quenouilles que je vendais aux fleuristes pour leurs arrangements floraux. Avec un voisin, on a aussi récolté l’eau d’érable pour vendre du sirop. Ça commencé ainsi.»
À l’âge de 16 ans, Louis-Philippe Baril et son frère ont lancé Imb-Herbes, une entreprise d’entretien paysager. C’était désigné pour lui alors que son premier emploi était dans une pépinière. «L’entreprise existe encore à ce jour. Mon frère la dirige aujourd’hui. Je suis resté jusqu’à l’université», ajoute-t-il.
Son parcours académique l’a d’abord dirigé vers des études en sciences de la santé, tant au Cégep Édouard-Montpetit qu’ensuite à l’Université McGill en génétique humaine. Il a finalement suivi sa passion en changeant de programme universitaire pour aller en administration des affaires avec une spécialisation en marketing.
«À ce moment, j’ai compris que c’était ma place. La vie et la société peuvent nous pousser vers certaines professions, mais j’ai toujours eu l’entrepreneurship qui me coulait dans les veines. On a le droit de se tromper dans nos domaines d’études. Ce n’est pas parce qu’on a choisi une option que c’est la seule et unique à la vie à la mort», affirme-t-il.
Terre d’adoption
Vers la fin de son cursus universitaire, M. Baril et son collègue Carl Savoie ont fondé, en 1997, l’agence de publicité Tac. Tic Savoie Baril, à Drummondville. Étant originaire de la région de Saint-Hilaire, M. Baril s’est rapidement impliqué à fond dans la communauté d’affaires locale et s’est affairé à créer de son réseau de contacts.
«Je suis arrivé ici et je connaissais probablement trois personnes. Maintenant, c’est plutôt 3 000. Le réseau de contacts est excessivement important en affaires», affirme-t-il.
Au début des années 2000, Tac. Tic a participé à la fondation de Nmédia avec Bernard Robitaille, dirigeant de Drummond Info Plus. Peu après, Louis-Philippe Baril a réalisé que le monde de la publicité ne le passionnait plus autant. Voyant un fort potentiel, il a soumis une offre d’achat à M. Robitaille afin d’acquérir Nmédia. La transaction a été officialisée le 27 février 2004 et il en est devenu le président et directeur général.
«À l’époque, on avait donné un coup de main à Bernard Robitaille pour fonder l’entreprise, mais sans investir d’argent. On avait apporté des clients, des idées et même aidé à trouver le nom et créer le logo. Avec un certain regret, je crois que ça aurait été bien d’y mettre des sous dès le départ», note M. Baril.
Depuis 21 ans, M. Baril gère Nmédia au fil de l’afflux de nouvelles technologies. À ses débuts, le monde naviguait à l’ère de l’Internet 1.0. Il cite l’arrivée de l’iPhone en 2007 comme un «game changer». Plus récemment, l’émergence de l’intelligence artificielle (IA) pourrait avoir un impact semblable sinon plus grand, selon lui.
«L’Internet a ouvert énormément de possibilités. L’iPhone a permis d’avoir l’Internet dans sa poche et la montée en flèche des médias sociaux.»
Il faut mentionner que Louis-Philippe Baril est sauté dans l’aventure Nmédia sans avoir de connaissances approfondies du milieu informatique. Il lui a fallu apprendre le vocabulaire. Selon lui, il est nécessaire de s’entourer de gens plus compétents que lui dans les domaines qu’il maîtrise moins et qui aideront la boîte à grandir. C’est pourquoi il se plait dans son rôle de leader.
«Ça n’a pas été un saut dans le vide, mais plutôt une très belle opportunité. Outre de diriger l’entreprise, de participer au comité de direction, j’aime aller chercher des projets, des mandats, de convaincre des gens qu’on est le bon allié numérique pour eux», partage le dirigeant de 52 ans.
À preuve, depuis 2004, Nmédia est passé d’une petite entreprise de quatre employés à une boîte qui emploie plus d’une centaine de personnes. D’ailleurs, grâce au télétravail, certains employés travaillent d’aussi loin que la France, l’Ouest canadien et différentes régions du Québec.
Avec une telle cohorte sous son aile, Louis-Philippe Baril souhaite montrer un leadership bienveillant. «Je crois être quelqu’un d’ouvert, de positif et qui sait déléguer. Je ne suis pas un one-man army ou un one-man-show. Je veux m’entourer de gens meilleurs que moi pour réaliser de beaux projets», soutient-il.
Aujourd’hui, il est fier d’avoir aidé à créer et à développer une société numérique d’envergure dans une région aux profondes racines industrielles et manufacturières. Malgré ces conditions, un fort potentiel se dessinait à l’époque, selon lui.
«Comme on sait que le manufacturier n’est pas encore, à ce jour, très transformé numériquement, je pense qu’on peut accompagner les entreprises d’ici à gagner en productivité et en efficacité par la modernisation de leur processus d’affaires en intégrant davantage les technologies de l’information dans leurs opérations», avance Louis-Philippe Baril.
Mentorat
Lorsqu’il en était à ses débuts entrepreneuriaux, le Drummondvillois d’adoption aurait aimé avoir accès à un réseau de mentorat. «Dans les années 1990 et même début 2000, il y avait peu de programmes dédiés à l’entrepreneuriat et au mentorat. J’aurais bien aimé avoir accès, à l’époque, à ce qui est disponible aujourd’hui. Ça aurait peut-être ouvert des avenues différentes avec un meilleur soutien», dit M. Baril.
Ce n’est donc pas une surprise qu’il se soit impliqué dans des activités de mentorat lorsqu’il en a eu l’occasion. Depuis 2017, il s’implique dans la cellule pilotée par Drummond économique. Aussi, étant issu d’une famille provenant du milieu de l’enseignement, il était naturel pour lui de vouloir aider la plus jeune génération.
«J’ai toujours eu un intérêt pour l’enseignement, malheureusement, je ne me suis jamais donné la latitude dans mon horaire pour le faire. C’est le mentorat qui m’en rapproche le plus. C’est une façon de redonner comme je l’aurais souhaité au début de ma carrière et d’enseigner sur une base individuelle», explique le père de deux garçons âgés de la vingtaine.
Pour M. Baril, le mentorat est mutuellement bénéfique, tant pour le mentor que le mentoré. «Être à l’écoute des entrepreneurs, ça éveille des choses. Le mentoré a sa propre réalité, ses propres défis, sa façon de voir les choses qui ne sont pas nécessairement les nôtres. Ça ouvre les yeux, permet de discuter d’enjeux et de voir la perspective de l’autre. Le mentorat m’a beaucoup donné.»
Les discussions qu’il a avec les jeunes entrepreneurs ne se limitent pas seulement au cadre professionnel. Selon lui, la vie d’un entrepreneur a besoin d’un équilibre entre les différentes facettes du quotidien. C’est pourquoi il favorise une approche qu’il qualifie d’humaine. Il cite l’écoute, l’empathie, l’ouverture d’esprit et le dialogue comme des qualités d’un bon mentor.
Dans un futur proche, Louis-Philippe Baril ne ferme pas la porte à se lancer dans l’enseignement. Mais avant, il affirme préparer tranquillement la relève au travail. Sinon, les actions en philanthropie, à l’aide de la société Follow My Bid affiliée à Nmédia, et les projets personnels, comme des voyages sont aussi dans ses plans.
À lire également : 10 questions à… Louis-Philippe Baril