POLITIQUE. À moins d’un mois du choix du nouveau chef du Parti libéral du Québec (PLQ), le candidat à sa direction Karl Blackburn est venu faire un tour à Drummondville, jeudi. L’Express s’est entretenu avec celui qui croit être en mesure de reconstruire la formation politique pour les prochaines élections provinciales.
L’ex-président et chef de la direction du Conseil du patronat du Québec (CPQ) est le dernier candidat parmi les cinq à s’être lancé dans la course, le 31 mars dernier. M. Blackburn a reçu un diagnostic de cancer de la prostate il y a près d’un an. Lorsqu’il a obtenu la confirmation de son médecin qu’il n’avait plus aucune trace de cancer dans son sang, il n’a pas hésité une seule seconde à briguer la direction du parti.
«J’ai la ferme conviction que je suis celui qu’il faut pour reconstruire le Parti libéral du Québec. J’ai une vision économique qui est forte, très intégrée dans le développement économique de toutes les régions du Québec, avec une vision internationale. Je suis celui qui peut reconnecter les régions de la province avec le PLQ», exprime celui qui a été député de Roberval à l’Assemblée nationale de 2003 à 2007.
Pour l’homme âgé de 57 ans, le contexte dans lequel se trouve le PLQ et le Québec est trop important actuellement pour laisser quelqu’un d’autre s’en occuper. «Je vais amener la société québécoise plus loin. Je veux que le Québec devienne une nation puissante et influente dans le monde», expose-t-il.
Économie et immigration
La priorité numéro un du candidat à la chefferie du PLQ est l’économie. Il promet notamment de réduire la lourdeur bureaucratique et réglementaire pour les PME ainsi que de diminuer la fiscalité des entreprises.

Lors de son passage à Drummondville, Karl Blackburn en a profité pour rencontrer des entrepreneurs de la région. Ces derniers lui ont fait part de leurs inquiétudes, notamment en ce qui concerne l’enjeu de la pénurie de main-d’œuvre.
Rehausser les seuils de l’immigration économique permanente pour répondre aux besoins des entrepreneurs est la solution, selon lui. «Pour chaque 10 travailleurs qui sortent aujourd’hui du marché du travail pour prendre leur retraite, il y en a seulement 9 qui y entrent. Donc, on a besoin d’avoir accès à des travailleurs étrangers avec les compétences que nos entreprises recherchent», insiste-t-il.
M. Blackburn nuance qu’il faut également respecter le seuil d’accueil du Québec en termes de demandeurs d’asile, de réfugiés et de la réunification des familles. «Au Québec, nous représentons 22 % de la population canadienne. Théoriquement, nous devrions recevoir 22 % de cette catégorie d’immigrants. Ce n’est pas normal qu’on reçoive presque 50 % de celle-ci. Les autres provinces canadiennes doivent faire leur part pour en accueillir plus», explique le candidat à la chefferie du PLQ.
Dans le contexte actuel de guerre commerciale entre le Canada et les États-Unis, le Québec doit tendre vers l’indépendance énergétique et alimentaire, selon le politicien.
Il croit que la province doit aussi devenir un leader dans une politique industrielle reliée à la défense. «On a une multitude de manufacturiers, dont ici à Drummondville, qui peuvent créer des produits qui vont servir au secteur de la défense», souligne-t-il.
Gouvernement des régions
Il y a un bris de service entre le rôle que doit jouer le gouvernement et les services que les Québécois reçoivent ces dernières années, selon M. Blackburn. D’après lui, le gouvernement de François Legault a fait de mauvais choix, tel que dans les infrastructures, qui a amené à l’abaissement récent de la cote de crédit de l’État.
«Nos infrastructures comme nos hôpitaux et nos écoles nécessitent, malheureusement, beaucoup d’amour parce qu’elles ont été négligées. Si je deviens premier ministre, je vais prioriser la santé et l’éducation à partir d’une économie qui va être forte. Ensuite, on va se doter d’un plan quinquennal d’investissement qui va correspondre à mes priorités», soutient l’homme politique.

Depuis plusieurs années, les électeurs de la région de Drummond ont voté pour des candidats de la Coalition avenir Québec (CAQ). Pour Karl Blackburn, le PLQ doit reconnecter avec les régions pour être en mesure de former le prochain gouvernement en 2026.
«On a un gros travail à faire. Si on pense qu’on va former un gouvernement juste en ayant des députés à Montréal, ça n’arrivera pas. Alors, il faut reconnecter avec les régions et avec les francophones [aux quatre coins de la province]. Je pense qu’on va être capable d’aller chercher de bons candidats, et ça passe nécessairement par des gens qui sont implantés dans leur communauté», reconnait-il.
L’ombre de Pablo Rodriguez
Un récent sondage Léger, paru mercredi dernier, révèle que l’ex-député du Parti libéral du Canada, Pablo Rodriguez, serait nez à nez avec le Parti Québécois de Paul St-Pierre Plamondon dans les intentions de vote, s’il devient le nouveau chef du PLQ.
Pour Karl Blackburn, le vrai sondage sera celui du 14 juin lorsque les membres de la formation politique vont choisir leur chef. «J’ai très confiance en ma campagne et les militants du parti savent qui je suis», avance celui qui est natif de la région du Lac-Saint-Jean et qui compte se représenter dans la circonscription de Roberval.
En plus de Pablo Rodriguez et de Karl Blackburn, les autres candidats dans la course à la direction du PLQ sont Charles Milliard, Mario Roy et Marc Bélanger. Trois autres débats entre les cinq concurrents sont prévus d’ici la date butoir du 14 juin.