Une initiative pour rendre les festivals plus sécuritaires

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Par Louis-Philippe Samson
Une initiative pour rendre les festivals plus sécuritaires
Mikaël St-Cyr, co-fondateur du festival Générations, Jessica St-Pierre, de Drummond en bière, et Amélie Dubreuil, cheffe de division du développement social de la Ville de Drummondville, pilotent des événements qui font appel au SécuriFest. (Photo : Ghyslain Bergeron)

FESTIVALS. Le CALACS La Passerelle déploiera cet été sa toute nouvelle initiative SécuriFest dans des festivals de la région.

Le SécuriFest cherche à prévenir les agressions à caractère sexuel afin de créer des événements plus sécuritaires. Pour y arriver, l’équipe du Centre d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (CALACS) accompagnera les organisateurs à l’aide d’outils, de formations et d’un soutien humain adapté à leurs besoins.

Julie Ouellet, directrice du CALACS La Passerelle. (Photo : Ghyslain Bergeron)

Afin de pouvoir développer ce projet, le CALACS a d’abord obtenu une aide financière de la Ville de Drummondville en 2024 d’un total de 5 000 $. C’est ensuite Santé Québec qui a offert une subvention de 163 136 $ sur trois ans à l’organisme. Le projet s’insère également dans la Stratégie gouvernementale intégrée pour contrer la violence sexuelle, la violence conjugale et rebâtir la confiance du gouvernement du Québec.

«Cette stratégie est séparée en trois axes principaux, souligne Julie Ouellet, directrice du CALACS La Passerelle. Notre projet se trouve dans l’axe de la prévention. Plus précisément, elle est dans le cadre de l’appel de projets pour une bonification de la réponse aux besoins des victimes et des auteurs de violences sexuelles et conjugales que SécuriFest est né.»

Le SécuriFest a pris forme ces dernières années afin de devenir ce qui a été présenté le 13 mai dans la salle du conseil de l’hôtel de ville de Drummondville. Il faut retourner en 2023 pour trouver les débuts. En plein été, l’équipe du Festival de la poutine a contacté le CALACS pour lui proposer d’avoir un kiosque de sensibilisation sur le site du festival. L’année suivante, on a récidivé en tentant de bonifier un peu plus l’apport de l’organisme. Le Festival du Cochon de Sainte-Perpétue a, lui aussi, sollicité le CALACS pour son événement à ce moment.

«Après les festivals, Julie et moi nous sommes assises et on s’est dit qu’il y avait quelque chose à faire avec tous les milieux festivaliers, raconte Florence Vigneux, coordonnatrice clinique au CALACS et responsable du SécuriFest. Il avait été rapporté dans les médias qu’il y avait eu des événements d’intoxications involontaires et d’agressions sexuelles dans d’autres festivals au Québec. Pour nous, il fallait développer davantage notre protocole. C’est à ce moment qu’on a fait nos demandes de fonds pour pouvoir l’élargir. On rêvait grand!»

Le protocole du CALACS La Passerelle a pu se développer avec l’aide de différents partenaires. Celui-ci s’oriente autour de recommandations qui visent à rendre le milieu plus sécuritaire et qui encadrent les interventions pouvant être réalisées. Cela comprend des formations pour les équipes et les bénévoles, du matériel visuel et signalétique et un accompagnement personnalisé.

Florence Vigneux, coordonnatrice clinique au CALACS et responsable du SécuriFest. (Photo : Ghyslain Bergeron)

«La formation sert à ouvrir le regard des gens sur ce qui pourrait arriver comme agression sexuelle dans un milieu festivalier. En signant le protocole, le festival s’engage à former ses équipes. Une fois en place, notre travail est de coordonner tous les acteurs sur le terrain, que ce soit la sécurité, les premiers soins, le personnel et les responsables pour que tout le monde puisse se parler en favorisant la collaboration et le partenariat. S’il n’y a pas ça, SécuriFest peut être difficile à appliquer», explique Mme Vigneux.

Le CALACS pourra aussi tenir un kiosque sur le site de l’événement afin d’informer les visiteurs. L’intervenante sur place pourra également porter assistance si une agression sexuelle devait être signalée.

Jusqu’à présent, la présence du SécuriFest a été confirmée pour Drummond en bière, le festival Générations de Nicolet, le Festival de la poutine et les festivités de la Fête nationale de la Ville de Drummondville. Le CALACS a partagé son souhait de voir l’initiative s’étendre dans toute la province avec le temps.

 

Ce qu’elles ont dit

Stéphanie Lacoste, mairesse de Drummondville : «Je crois beaucoup en nos organismes communautaires. Ce sont des gens dévoués à leur mission. Le SécuriFest est une initiative extraordinaire, parce qu’on veut avoir du plaisir lorsqu’on va dans un festival en toute sécurité. Avec la formation, les bénévoles pourront intervenir en étant outillés.»

Jessica St-Pierre, Drummond en bière : «Pour Drummond en bière, c’est important de travailler collectivement pour que nos milieux festifs soient des plus sécuritaires. En tant que femme et festivalière aguerrie, je crois que c’est quelque chose qui manquait et ça va nous faire du bien.»

Mikaël St-Cyr, festival Générations : «On s’est rendu compte que les festivals à grand déploiement sont des influenceurs de société sur plusieurs sujets. Pour nous, c’était immanquable de dire oui dès qu’on a été approché. Les abus sexuels : c’est non tant durant le festival qu’après celui-ci. C’est important que le message se passe.»

Amélie Dubreuil, cheffe de division du développement social de la Ville de Drummondville : «On est heureux de pouvoir former nos équipes et nos futurs bénévoles grâce au SécuriFest pour la Fête nationale. Le respect n’a pas de pause, même au cœur des festivités. Nous croyons qu’il est possible et nécessaire de célébrer tout en veillant au bien-être et à la sécurité de chacun.»

Edtih Doucet, codirectrice générale de La Rose des vents : «La sécurité des femmes nous touche à cœur. Comme directrice d’une maison d’aide et d’hébergement, je trouve ça important, comme femme et comme mère d’une fille aussi. Ce genre d’initiative peut augmenter le sentiment de sécurité des femmes et sensibiliser les gens, tant les femmes que les hommes.»

Marilie Cormier-Gaudet, directrice générale du CAVAC Centre-du-Québec : «C’est une très belle initiative. À Drummondville, on a des partenariats serrés et quand on voit un partenaire réussir comme ça dans un projet du genre, c’est très encourageant. On travaille beaucoup à la sensibilisation et à la réduction de ces actes. Le CAVAC et le CALACS ont une clientèle commune; si elle peut être en diminution [parce qu’il y a moins d’actes d’abus sexuels], ce serait l’idéal.»

Carole Léger, conseillère municipale à la Ville de Drummondville : «Cette idée, oh combien géniale, du CALACS permettra aux divers événements festifs d’offrir une démarche gratuite, simple et humaine faisant en sorte qu’un espace où le respect et le consentement seront à l’honneur pour toute la population. Car aider toute personne à se sentir en sécurité, c’est enrichir toute une communauté et à profiter pleinement du plaisir de se réunir et de fêter.»

Hugues Rivard, directeur de proximité, du partenariat et de la fluidité au RLS Drummond du CIUSSS MCQ : «On voit que le CALACS a à cœur ce projet. Je suis, moi-même, en mesure de constater tous les impacts au quotidien de la part de tous les organismes communautaires de la région. De voir ces gens s’impliquer avec SécuriFest est vraiment inspirant. C’est un projet porteur qui contribuera à rendre nos événements plus sécuritaires aux environnements plus sains.»

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