Le congédiement d’une lanceuse d’alerte drummondvilloise contesté

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Par Louis-Philippe Samson
Le congédiement d’une lanceuse d’alerte drummondvilloise contesté
Le Centre Pie est situé sur la rue Saint-Marcel à Drummondville. (Photo : Louis-Philippe Samson)

ORGANISMES. Estimant être victime d’une injustice, l’ancienne directrice générale du Centre Pie de Drummondville, Geneviève Guérin, dénonce les conséquences de son congédiement en 2023. De son côté, l’organisme affirme avoir agi en pleine conformité.

L’ex-directrice de cette ressource communautaire de soutien aux familles a raconté, au quotidien Le Nouvelliste, éprouver beaucoup de difficulté à dénicher un emploi dans le milieu communautaire du Bas-Saint-Laurent où elle a déménagé depuis.

Geneviève Guérin, en 2017. (Photo : archives, L’Express)

En 2023, Geneviève Guérin avait été l’une des trois intervenantes communautaires à avoir dénoncé, au Nouvelliste, à visage découvert, des irrégularités retrouvées dans le traitement de plusieurs dossiers à la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec. Peu après, elle avait été suspendue de son poste et avait fait l’objet d’une enquête administrative. Elle avait été congédiée à la suite des conclusions de celle-ci. Mme Guérin et le Centre Pie auraient alors signé une entente mettant fin à leur association.

Aujourd’hui, Geneviève Guérin affirme être la victime d’une injustice et aurait désiré que le conseil d’administration porte une plus grande attention aux actions qu’elle a dénoncées plutôt que sur la manière qu’elle l’a fait. Le rapport de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse (CDPDJ), rendu public le 24 avril dernier, a finalement confirmé le témoignage de Mme Guérin.

Dans sa nouvelle région, la Drummondvilloise d’origine témoigne avoir, d’abord, éprouvé beaucoup de difficultés à obtenir l’assurance-emploi. Ces embûches se sont poursuivies lors de sa recherche d’emploi. Après avoir essuyé des refus, elle est parvenue à se joindre à une ressource familiale. Or, environ un mois après son embauche, elle est remerciée par les gestionnaires peu après leur retour d’un colloque tenu à Drummondville. Malgré tout, elle soutient ne pas avoir de regret quant à sa dénonciation publique.

Le 7 mai dernier, son histoire a été soulevée lors de la période de questions à l’Assemblée nationale du Québec. Le chef de l’opposition, Marc Tanguay et la députée Brigitte Garceau, du Parti libéral du Québec (PLQ) ont partagé leurs soupçons envers le gouvernement de la Coalition avenir Québec (CAQ) d’avoir effectué des pressions en faveur du congédiement de la lanceuse d’alerte.

«Mme Guérin soutient qu’on a menacé de la poursuivre si le Centre Pie se voyait privé d’une partie de son financement par le ministère de la Famille dans la foulée de sa sortie publique. C’est tout à fait incompréhensible», a déploré Brigitte Garceau.

«On sait que l’organisme qui l’embauchait, le Centre Pie, est principalement financé par le gouvernement du Québec, par le ministère de la Famille, a ajouté Marc Tanguay. Nous avons des indications que le Centre Pie aurait eu de la pression par le gouvernement, qui le finance, ce qui a mené à son congédiement, parce qu’elle avait été sonneuse d’alerte.»

Le chef intérimaire libéral a sommé le gouvernement caquiste d’aller au fond de cette affaire et de faire la lumière à savoir s’il y a bel et bien eu des pressions faites sur le Centre Pie pour son congédiement.

La présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel, a répondu que son gouvernement prend au sérieux la question des lanceurs d’alertes et rappelle que des mécanismes de protection ont été renforcés en ce sens avec le Protecteur du citoyen. Le premier ministre François Legault a quant à lui invité Mme Guérin à porter plainte au Protecteur du citoyen tout en rappelant que la CAQ a adopté un projet de loi pour protéger les sonneurs d’alerte en mai 2024.

De son côté, le ministre responsable des Services sociaux, Lionel Carmant, s’est engagé à rencontrer Mme Guérin à la conclusion de la période de questions du 7 mai.

Rectification

À la suite de ces mentions sur la place publique, le Centre Pie Drummondville a voulu rétablir certains faits concernant la fin d’emploi de Geneviève Guérin.

«Il est essentiel de préciser que cette fin d’emploi est le résultat d’une entente assortie d’une clause de confidentialité à laquelle les deux parties demeurent liées et non d’un congédiement. En vertu de cette clause, il nous est légalement interdit de commenter les circonstances précises ayant mené à cette entente», a écrit l’organisme dans un communiqué de presse.

Le Centre Pie «réfute catégoriquement» les allégations de pressions politiques qui auraient pu influencer la décision. «Les décisions administratives prises par le Centre Pie sont entièrement indépendantes et fondées sur des faits documentés ainsi que les cadres légaux en vigueur. Aucune influence politique ou extérieure n’a joué de rôle dans ce processus. Affirmer le contraire est inexact», poursuit-on.

L’organisme affirme de nouveau avoir agi conformément à ses obligations légales et en respect de ses principes d’éthiques. En raison des engagements de confidentialité entre les partis impliqués, le Centre Pie n’émettra aucun autre commentaire à ce sujet.

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