L’expérience de courir un marathon en kartus

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Par William Hamelin
L’expérience de courir un marathon en kartus
Daisy Guillemette et Cynthia Allard vont participer ensemble à leur deuxième marathon de la Course des Chênes-toi Bourret le 18 mai prochain. (Photo : William Hamelin)

MAGAZINE. Chaque année depuis 2007, la Course des Chênes-toi Bourret rassemble des milliers de personnes d’un peu partout au Québec afin de courir dans les rues de Drummondville. Si certaines l’effectuent en solo, d’autres la font accompagné d’une personne à mobilité réduite.

L’Express Magazine s’est justement entretenu avec un duo de coureuses qui participera cette année au marathon de la course drummondvilloise en kartus. Respectivement originaires de Saint-Zéphirin-de-Courval et de Princeville, Cynthia Allard et Daisy Guillemette ont déjà couru ensemble le marathon de la Course des Chênes-toi en 2023.

Cynthia Allard raconte avoir d’abord été approchée par l’un des membres du conseil d’administration du Réseau autonomie santé (RAS), Denis Laliberté. «À la base, je suis sportive. J’ai déjà joué au basketball en fauteuil roulant. J’avais gardé des contacts, dont avec Denis. C’est lui qui m’a parlé de la course et c’est comme ça que j’ai commencé à y participer», raconte la femme âgée de 35 ans.

C’est ainsi que la Zéphirinoise s’est retrouvée jumelée avec Daisy Guillemette, deux ans auparavant, pour sa première participation à la course. Elle a par le fait même complété son tout premier marathon à vie.

«La première fois, Denis m’a expliqué qu’un marathon peut durer cinq heures de temps. Ça veut dire que tu es assis pendant cinq heures dans un kartus. Moi, ça ne me dérange pas. Plus c’est long et plus j’ai du fun! Or, il y a des personnes en situation de handicap qui ne sont pas capables de rester assises aussi longtemps», explique Cynthia.

Daisy Guillemette et Cynthia Allard traversant la ligne d’arrivée du marathon en 2023. (Photo : gracieuseté)

Un travail d’équipe

Contrairement à ce que certains pourraient le croire, la personne assise dans le kartus ne se contente pas de rien faire pendant que son coéquipier s’occupe de la pousser en courant, souligne l’ancienne joueuse de basketball en fauteuil roulant.

«Mon rôle dans la course est de m’assurer que Daisy est toujours correcte physiquement et mentalement. C’est moi qui lui donne de l’eau et lui tiens compagnie durant la course. On jase quasiment tout le long du parcours!», détaille Cynthia Allard.

C’est encore plus évident lorsque vient le moment de monter une pente abrupte. Cynthia devient ainsi les yeux de Daisy pendant un court instant.

«Drummondville n’est pas si pire sur le plan des côtes, mais il y a des [courses] où [les pentes] sont plus abruptes et le coureur qui pousse ne voit rien. Mon rôle dans ces situations-là c’est de guider Daisy avec la direction et la prévenir lorsqu’il y a des obstacles sur le chemin, comme des cônes», renchérit-elle.

«On a aussi de l’aide parfois. Dans le premier 21 kilomètres, il y a des coureurs qui prennent le temps de nous aider lorsque vient le temps des petites pentes», ajoute pour sa part Daisy Guillemette.

Mis à part les montées occasionnelles, celle qui fait régulièrement de la course à pied, et qui en est à sa quatrième participation à la Course des Chênes-toi, confesse que le reste du parcours n’est pas si difficile, même en poussant sa partenaire dans son kartus. «Une fois que tu atteins ton rythme, ça avance bien.»

Courir pour le plaisir

Pour le duo, la course emblématique de Drummondville est loin d’être une occasion pour effectuer le meilleur temps possible. Il s’agit plus d’une activité amicale, indique Daisy Guillemette.

Les deux femmes se sont arrêtées pour se prendre en photo durant leur dernier marathon à Drummondville. (Photo : gracieuseté)

«On s’en va là pour avoir du fun du premier kilomètre au quarante-deuxième kilomètre. On a le gros sourire, puis on prend notre temps en courant. La dernière fois, on s’est même arrêtées pour prendre des photos, on les a mises sur Facebook et on est reparties à la course», s’amuse la Princevilloise.

La femme de 43 ans aime surtout l’effet de groupe venant avec l’événement drummondvillois. Pour sa collègue trentenaire, c’est le fait de vivre autant la course que les autres participants.

«C’est vraiment bizarre à dire, mais, quand tu es assis dans le kartus, tu as vraiment la sensation de [faire] la course. Si Daisy entame un sprint, je le sens aussi. Mon but c’est de pouvoir faire des courses comme celle-ci autant que je le pourrai», s’exclame Cynthia Allard.

Les deux femmes répéteront l’exploit de déambuler dans les rues de la ville sur plus de 42 km le 18 mai prochain. Elles ont déjà d’autres courses à leur agenda pour la saison estivale, dont celle de Victoriaville, Bonjour printemps.

Qu’est-ce qu’un kartus?

Fabriqué par l’entreprise du même nom, un kartus est un fauteuil roulant tout-terrain conçu pour les personnes à mobilité réduite. Il peut servir pour parcourir des sentiers de randonnée ou participer à des courses.

Pour une cinquième année consécutive, la Course des Chênes-toi Bourret offre l’occasion aux personnes à mobilité réduite ou ayant certaines incapacités d’y participer en kartus.

Le Réseau Autonomie Santé s’est affilié au projet et s’implique pour l’inclusion de ces personnes. De plus, grâce à la collaboration du Groupe Canimex, ce sont 10 kartus qui seront mis à la disposition des participants.

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