Une initiative scolaire pour le bien-être des aînés

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Par Antoine Martin
Une initiative scolaire pour le bien-être des aînés
Cinq jeunes ont eu la chance de discuter avec les personnes âgées lors de leur heure de dîner. (Photo : Ghyslain Bergeron)

INTERGÉNÉRATION. Depuis plus de trois ans, des élèves de l’école du sentier à Saint-Charles prennent le temps de venir visiter des personnes âgées au CHSLD Frederick-George-Heriot. Cette activité vise à favoriser le dialogue entre jeunes et les aînés, tout en démystifiant les mythes entourant le vieillissement et en luttant contre l’âgisme.

Lancée à la base par les élèves de l’école du Sentier, qui voulaient s’impliquer dans leur communauté, les visites en CHSLD sont devenues de plus en plus populaires au fil du temps. L’activité qui se nomme École RÉFLEXE AÎNÉ compte maintenant six groupes de jeunes qui se rendent à pied de leur école jusqu’au CHSLD Frederick-George-Heriot plusieurs fois par mois. À travers l’activité, les jeunes sont invités à discuter avec les aînés en plus de pouvoir aider à leur donner leur repas et à les desservir.

La conseillère pédagogique à l’école du Sentier, Marylène Bienvenue. (Photo : Ghyslain Bergeron)

Un programme qui revient et qui est prisé au sein de l’école. «Cette année, j’avais des élèves qui étaient à leur troisième année au sein du programme. Ils aiment toujours autant venir parler aux personnes âgées», souligne la conseillère pédagogique à l’école du Sentier, Marylène Bienvenue.

Les bienfaits

Pour les personnes âgées, une activité qui peut sembler anodine, comme la visite de jeunes étudiants, peut avoir un impact significatif sur leur quotidien. «Les aînés sont tellement contents de pouvoir discuter avec des enfants. Ça leur rappelle ce qu’ils ont vécu», explique la gestionnaire responsable du site d’hébergement, Frederick-George-Heriot, Fanny Bournival.

Certains résidents du CHSLD souffrent de la maladie d’Alzheimer. Une chose qui peut les aider, c’est la présence des enfants. «Ces personnes-là ne se souviennent pas de tout, mais ils sont capables de se remémorer des événements qui ont rapport avec leurs émotions. Par exemple, quand ils voient des enfants, ça leur fait assurément penser à leurs petits-enfants», ajoute la gestionnaire responsable du CHSLD.

Les résidents eux-mêmes y voient un plaisir à voir les enfants grandir au fil des visites. «J’aime bien voir les jeunes revenir année après année. Cela me permet de me souvenir de la façon dont ils étaient au début», confie une résidente, Mariette Paquette.

Du côté des jeunes, ces visites présentent également plusieurs avantages. Plusieurs d’entre eux voient ces activités comme une opportunité pour se dégêner en parlant avec d’autres personnes qui ont un vécu et un âge bien différent du leur. «Ils sont aussi conscients que, même s’ils ne peuvent pas toujours aider et qu’ils ne peuvent pas faire manger les résidents, leur présence est importante. Après quelques séances, ils réalisent que ce qui importe le plus pour les gens, c’est d’être avec eux», souligne la conseillère pédagogique.

«Ça fait vieillir les enfants. Je crois que, quand ils viennent nous voir, ils en ressortent grandis, non pas parce qu’on leur a appris de nouvelles choses, mais parce qu’ils ont compris une autre réalité que la leur», explique Mme Paquette.

Une chance pour les jeunes

«Ils sont chanceux de comprendre à un si jeune âge qu’avec le vieillissement viennent aussi de nombreux désavantages. Une activité comme celle-là les aide à comprendre, parce que, pour plusieurs, leurs grands-parents n’ont pas cet âge. C’est donc difficile pour eux de comprendre sans être mis dans la réalité», raconte Mme Bienvenue.

Avant de se lancer dans ce projet, les jeunes ont eu le droit à quelques petites capsules de formation immersive au sujet des aînés. Proposées par UMANO, une compagnie qui œuvre pour sensibiliser la population aux enjeux des personnes âgées, les capsules leur ont tous donné les outils dont ils ont eu besoin pour entamer la discussion.

L’âgisme est une forme de discrimination qui touche principalement les personnes âgées. Pour combattre les stéréotypes qui les entourent, UMANO et la fondation Luc Maurice ont uni leurs forces pour lancer une initiative visant à démystifier l’âgisme. Cette initiative a porté ses fruits : «Depuis quelque temps, j’ai le sentiment que les préjugés envers les aînés ont diminué. Peut-être est-ce grâce aux activités que nous organisons, mais cela montre que nous faisons un pas en avant», explique la directrice générale par intérim de la Fondation Luc Maurice, Valérie Paquette.

Elle demeure toutefois réaliste, consciente qu’il y a encore beaucoup de travail à accomplir pour enrayer définitivement le phénomène de l’âgisme. «On a encore un bout de chemin à faire, c’est pourquoi on aimerait aussi qu’une partie du cours de Culture et citoyenneté québécoise, dans les écoles secondaires, tourne autour de l’âgisme. Ça nous ferait avancer encore plus vite dans le bon sens», ajoute-t-elle.

La Semaine québécoise intergénérationnelle se déroulera du 18 au 24 mai.

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