MAGAZINE. Michel Proulx vient tout juste de souffler 73 bougies. Il a passé 36 ans au sein du réputé collège de photographie Marsan, à Montréal. La moitié de sa vie quoi! Aujourd’hui, il continue de transmettre ses connaissances à qui veut bien apprendre cet art maintenant plus accessible.
Le Drummondvillois d’origine Michel Proulx s’intéresse à la photo depuis son jeune âge. C’est en visite chez ses grands-parents qu’il a commencé à développer un intérêt marqué pour l’image. «Je détestais aller voir mes grands-parents! C’était vraiment plate aller à Québec. Mon père avait un vieil appareil photo et je passais mes après-midis à jouer avec l’appareil. Je m’évadais de cette monotonie en faisant semblant de prendre en photo tout ce que je voyais», a-t-il expliqué.
Vers la fin des années 1960, un ami lui a fait découvrir sa chambre noire. «J’ai vraiment été intrigué. J’ai le souvenir d’avoir acheté des livres publiés par le réputé photographe Antoine Désilets pour en apprendre davantage. C’était devenu une thérapie, mais jamais je n’aurais pensé en faire une carrière.»
Après avoir acquis un premier appareil de marque Kowa, il a commencé à exprimer sa vision de la photographie. «Mes parents, qui n’étaient pas très riches, m’achetaient les pellicules. Quand ils voyaient que je posais des craques de trottoir, ils trouvaient que ça coûtait cher! Pour eux, les photos servaient à créer des souvenirs. Mais bon… je photographie encore des craques alors je crois que j’étais sur le bon chemin», a-t-il lancé en riant.
À la suite de ses études secondaires, Michel Proulx souhaitait intégrer le Cégep du Vieux Montréal pour parfaire son art.
«Je n’avais pas de très bonnes notes. Quelques amis avec d’excellentes notes ont essuyé des refus pour le cégep, alors je ne croyais pas en mes chances de partir pour Montréal. Contre toute attente, j’ai été accepté. Ç’a été un gros changement d’aller vivre dans la grande ville.»
Pendant ses études, il travaillait pour le Studio Dozois à Drummondville et honorait des contrats pour différents médias, ce qui l’a même mené jusqu’en Italie. Lentement, il commençait à se faire un nom.
«Vers 1975, on me suggère d’aller rencontrer Bob Fisher (bien connu pour ses photos des Canadiens de Montréal), car il était à la recherche d’un assistant. Après un contrat de trois jours à Toronto, il m’a offert un poste à temps plein.»
De fil en aiguille, Michel Proulx acquiert de l’expérience. Si bien qu’il ouvre un studio sur la rue Sainte-Catherine en plus de donner des cours dans des centres de loisirs et au Cégep du Vieux Montréal. En 1976, il participe même aux Jeux olympiques de Montréal. Il était alors le plus jeunes photographe à y travailler.
Le Collège Marsan

Gilles Marsan est le fondateur du collège. Après avoir servi l’Église pendant plusieurs années, il a décidé de défroquer pour aller enseigner dans les écoles. Il a décidé de prendre une année sabbatique pour lancer son école de photographie.
«Un peu avant 1979, j’ai vu une annonce qui recherchait des professeurs pour enseigner la photo. J’ai envoyé mon curriculum vitae et Gilles m’a invité à le rencontrer. Comme j’avais pas mal d’expérience, on a décidé de travailler ensemble.»
Le cours a été pensé, préparé et finalisé dans la résidence du fondateur. En septembre 1979, M. Proulx accepte un poste à temps partiel, mais rapidement la forte demande pour les cours lui permet d’enseigner à temps plein.
Le temps passe et les années 1980 voient apparaître l’informatique. «M. Marsan y a vu une opportunité d’enseigner l’informatique. Comme il ne pouvait pas combiner les deux écoles, il m’a offert le poste de directeur du collège en 1983. Cependant, j’ai dû me former. J’avais besoin d’un brevet d’enseignement, car nous étions considérés comme une école secondaire. C’est en 1985 que l’attestation d’études collégiales a été obtenue. Ç’a ouvert la porte à plusieurs étudiants, car ils avaient droit aux prêts et bourses. C’était la folie. Les inscriptions ont explosé et ils venaient de partout dans le monde.»
Le changement de garde
Le Collège Marsan est maintenant reconnu. Plusieurs professeurs œuvrent au sein de l’établissement et des cours de toutes sortes sont offerts. Gilles Marsan souhaite tirer sa révérence et offre à Michel Proulx de racheter l’école. «J’ai toujours dit non. Ma cour était pleine. C’est finalement un professeur, Carlos Richer, qui a pris les rênes en 2004.»
L’aventure se poursuit quand un ralentissement se fait sentir. Un peu par miracle, en juin 2018, le collège Salette/Esma fait l’acquisition du Collège Marsan qui est ainsi intégré dans le réseau des écoles créatives Icônes. Le collège s’installe à l’ExCentris, à Montréal.
«L’arrivée de ce nouvel employeur est venue tout changer. Il y a eu un remaniement et plusieurs pertes d’emploi en 2019, dont moi. Ç’a mal fini. J’ai été remercié comme si j’étais un numéro. Les gens en place n’ont aucune idée que tous les cours de cette école ont été créés par moi et M. Marsan. Tellement aucune idée de qui était Gilles Marsan, que c’est moi qui ai avisé le collège du décès du fondateur, en décembre 2024. Ce que moi je sais, c’est que j’ai tout donné pendant 36 ans à ce collège et j’en suis fier.»
La passion continue
Toujours actif, Michel Proulx se plaît encore à enseigner la photographie, à son compte. Il donne aussi des conférences sur le sujet. «Je collabore avec une belle école qui s’appelle Photographie tous azimuts. C’est pour tous les niveaux», a lancé le septuagénaire en conclusion.