Dans les pas de Monk.E

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Par Emmanuelle LeBlond
Dans les pas de Monk.E
Une dizaine de jeunes ont participé à la réalisation d’une murale à Jean-Raimbault en compagnie de Monk.E. (Photo : Ghyslain Bergeron)

COMMUNAUTÉ. Pas moins de 200 jeunes ont marché sur les traces de Monk.E le temps de quelques jours, en participant à une murale d’envergure à l’école Jean-Raimbault sous l’œil bienveillant de l’artiste.

Vendredi, les classes de l’école de Jean-Raimbault étaient désertes. Les élèves demeuraient à la maison puisqu’il s’agissait d’une journée pédagogique. Une dizaine d’entre eux ont fait autrement. Ces jeunes se sont rendus à l’établissement scolaire pour une occasion spéciale, soit la réalisation d’une murale en compagnie de l’artiste Monk.E.

En fait, une trentaine de volontaires ont manifesté leur intérêt. Dix personnes ont été pigées au hasard. «Tous les élèves qui sont ici ont explosé de joie quand on leur a annoncé qu’ils avaient été sélectionnés. On est ici pendant tout l’avant-midi. C’est l’excitation totale», s’exclame l’enseignante en arts plastiques et instigatrice du projet, Patricia Ladouceur.

Monk.E a accompagné les jeunes tout au long du processus. (Photo : Ghyslain Bergeron)

Le programme en arts visuels (renversart) en est à sa première année d’existence à Jean-Raimbault. Patricia Ladouceur avait envie de faire les choses en grand. Au début de l’année scolaire, les élèves de deuxième secondaire ont été initiés au street art. «En autobus, on est allé visiter la murale de Monk.E à la Rivia. On est allé faire du dessin d’observation. On est allé faire de l’interprétation. Les élèves ont écrit un texte sur ce qu’ils pensaient qu’il se trouvait à l’intérieur. Monk.E est venu nous voir trois semaines après ça en classe, en octobre», raconte-t-elle.

«Les élèves ont pu écouter son cheminement artistique et son parcours incroyable. Ils ont pu discuter avec lui de plusieurs sujets. Après ça, on a vraiment pris le temps de regarder la murale et de la décortiquer.»

Ce n’est pas tout. Plusieurs mois plus tard, Monk.E est retourné à l’école Jean-Raimbault, offrant une immersion complète dans son univers.

Cette fois, l’artiste drummondvillois a rencontré les élèves de différents niveaux, en présentant en avant-première son documentaire Retour au bercail. Ensuite, les jeunes étaient invités à prendre part à la création d’une murale dans un corridor de l’école.

Travail d’équipe

Au fil des jours, l’œuvre a pris forme. Les élèves, divisés en petits groupes, ont appliqué les diverses couleurs de la murale dans un esprit de collaboration.

Marylou Pelletier a donné quelques coups de pinceau. (Photo : Ghyslain Bergeron)

«Ça crée une unicité. On n’a pas ça souvent dans une école. Peu importe la culture, l’âge, le niveau, tout le monde travaille en équipe», souligne l’enseignante.

Tout au long de la réalisation, l’enthousiasme était palpable. «Je trouve que l’œuvre embellit l’école. Ça apporte quelque chose à tout le monde. Je trouve que ça donne de la vie au corridor qui était plus triste avec les couleurs choisies au début. Avec la murale, je trouve ça vraiment beau», dit Marylou Pelletier.

Pour sa part, Sophia Beaudet adore son expérience. «Je suis vraiment excitée et heureuse de participer au projet. J’aime peindre et travailler avec des gens. J’ai fait le ciel, des briques, du paysage et des abeilles. On fait partie de l’œuvre et elle va rester longtemps dans l’école. On marque Jean-Raimbault à notre façon», se réjouit l’élève de 14 ans.

L’œuvre a une signification particulière auprès de la communauté scolaire. La murale représente la construction humaine, telle que la construction de nos personnalités et de nos identités.

Xavier Labrecque et Jesse James Joly ont pris part au projet avec beaucoup d’entrain. (Photo : Ghyslain Bergeron)

Échanges enrichissants

La présence et l’accompagnement de Monk.E ont été plus qu’appréciés chez les adolescents. Grâce au projet, les jeunes ont pu en apprendre davantage sur le bagage de l’artiste. «Il met ses pensées dans son art. C’est vraiment bien. Je trouve qu’il met beaucoup ce qu’il aime dans ce qu’il fait. C’est comme s’il voulait passer un message. Je trouve ça inspirant», souligne Jesse James Joly, un élève de deuxième secondaire.

Des liens uniques ont été tissés à travers l’expérience. L’artiste drummondvillois a fait preuve de vulnérabilité en partageant ses idées et ses aspirations, développant un lien de confiance avec les adolescents. «Ils se sentent inclus, aimés et challengés par certaines techniques de peinture. On continue de partager des idées philosophiques à travers tout ça. C’est très entier comme expérience», soutient Monk.E.

L’artiste multidisciplinaire n’est pas le seul à grandir à travers le projet. «J’ai fait une chanson sur un de mes albums dont le titre est ‘’Les élèves de mes élèves sont mes enseignants’’. Je considère que lorsque tu as l’humilité d’écouter ce que la vie t’enseigne, peu importe l’âge des gens qui t’entourent, tu apprends à réaliser que la vie continue à te donner des perles et des bijoux dans chacune de tes interactions.»

«Aujourd’hui ne fais pas exception. Chacun de ces jeunes a une identité, une personnalité, une perspective de vie qui valent la peine d’être entendue. Je m’efforce d’ouvrir mes trois oreilles», ajoute-t-il.

En somme, l’enseignante Patricia Ladouceur tire un bilan positif du projet de murale. Et ce n’est que le début. Au cours des prochaines années, elle souhaite inviter d’autres muralistes pour garnir le mur du corridor, incluant les jeunes dans la démarche.

«Je veux que ça devienne un mur d’artistes», lance-t-elle, le sourire aux lèvres.

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