Les cellulaires seront interdits dans toutes les écoles dès septembre

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Par William Hamelin
Les cellulaires seront interdits dans toutes les écoles dès septembre
Québec ira de l’avant avec l’interdiction complète des cellulaires dans les écoles publiques et privées dès la prochaine rentrée scolaire. (Photo : Ghyslain Bergeron)

ÉDUCATION. Le gouvernement passe de la parole aux actes : les cellulaires seront bannis dans les établissements scolaires dès la prochaine rentrée. Le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, en a fait l’annonce en lien avec une série de mesures pour renforcer le respect et le civisme dans les écoles du Québec.

En conférence de presse, le ministre a déclaré que les élèves du primaire et du secondaire, qu’ils soient inscrits au public ou au privé, devront laisser leur cellulaire, leurs écouteurs et leurs appareils mobiles personnels de côté du début à la fin des cours, y compris pendant les pauses et le dîner, et ce, sur l’ensemble du terrain des écoles.

Cette mesure vient élargir l’interdiction du cellulaire en classe en vigueur depuis janvier 2024. Elle survient une semaine après le dépôt du rapport intérimaire de la Commission spéciale sur les impacts des écrans et des réseaux sociaux sur la santé et le développement des jeunes.

Les membres de celle-ci ont recommandé ce que le Comité de parents du Centre de services scolaires des Chênes (CSSDC) demandait depuis quelques mois : l’interdiction complète des cellulaires dans les écoles.

Pour le ministre, le constat est clair : les écrans sont trop souvent l’élément déclencheur de situations d’intimidation dans les écoles et plusieurs gestes de violence prennent naissance durant les heures de classe.

Le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville. (Photo d’archives : Ghyslain Bergeron)

Certaines exceptions demeureront pour des raisons pédagogiques ou de santé ou pour des besoins particuliers. Chaque école déterminera les modalités d’application de cette interdiction, dans le respect de ces orientations et en s’inspirant des pratiques déjà existantes.

«Le respect et le civisme ne doivent pas seulement être des valeurs enseignées, ils doivent être vécus au quotidien. On le sait, le cellulaire est trop souvent un outil de moqueries, de provocation ou d’intimidation. En l’interdisant pendant toute la journée à l’école, on agit directement à la source de plusieurs conflits et, ultimement, on permet aux élèves de mieux socialiser entre eux», affirme Bernard Drainville par voie de communiqué.

Réaction dans Drummond

Pour sa part, le directeur général du CSSDC, Lucien Maltais, a pris connaissance des nouvelles directives du ministre, notamment celle en lien avec l’interdiction du cellulaire à l’école.

«Nous saluons l’intention de favoriser la concentration et le bien-être des élèves lors des journées de classe afin que les élèves puissent réussir leur parcours scolaire. Nous soutiendrons les établissements dans la mise en œuvre de ces nouvelles mesures. Nous serons à l’écoute des préoccupations des élèves et des parents pour bien les accompagner dans l’application de celles-ci», déclare-t-il dans une réponse envoyée par courriel.

Le CSSDC souligne également avoir bien reçu l’avis du Comité de parents, indiquant être favorable à l’interdiction du cellulaire dans les écoles.

Le directeur général du Centre de services scolaire des Chênes, Lucien Maltais. (Photo d’archives : Ghyslain Bergeron)

Pour sa part, le Collège Saint-Bernard affirme dans une communication hebdomadaire qui sera envoyé aux parents de l’école «accueillir favorablement la mesure annoncée par le ministre de l’Éducation». Il partage «les préoccupations liées aux impacts des écrans sur le bien-être, la concentration et le climat scolaire.»

«Depuis plusieurs semaines, un comité formé au sein du Collège travaille à l’élaboration d’une nouvelle politique sur l’utilisation des téléphones, en vue de la rentrée scolaire 2025-2026. Cette démarche s’appuie sur des consultations menées auprès du personnel et des élèves», indique le message dont L’Express a pu obtenir une copie.

Le Collège précise que cette mesure pourrait «susciter certaines insécurités, tant chez les élèves que chez les parents, en raison du bouleversement qu’elle représente dans les habitudes». L’école privée ajoute dans son message vouloir profiter de cette transition «pour créer un environnement propice aux apprentissages et au développement de la vie en communauté».

«Nous attendrons les consignes officielles du ministère et collaborerons avec les enseignants, le personnel de soutien et les professionnels pour assurer une mise en place concrète et bienveillante», conclut le Collège Saint-Bernard.

Autres mesures

Les écoles publiques et privées devront également modifier leur code de vie afin d’y intégrer des pratiques et comportements favorisant le respect. L’entrée en vigueur obligatoire se fera en janvier 2026, mais les écoles seront invitées à modifier leur code de vie dès la publication du règlement qui comportera notamment ces mesures :

  • Le vouvoiement deviendra la norme dans toutes les écoles du Québec ;
  • Les élèves devront désormais s’adresser aux adultes et au personnel scolaire en utilisant les termes «Monsieur» ou «Madame» ;
  • Ce code établira également d’autres règles de vie commune, qui contribueront à responsabiliser les élèves afin qu’ils adoptent des comportements respectueux, comme l’utilisation de marques de politesse avec les autres élèves et tous les membres du personnel ainsi que le respect des biens de l’école ;
  • Sous réserve de l’adoption du projet de loi no 94, Loi visant notamment à renforcer la laïcité dans le réseau de l’éducation et modifiant diverses dispositions législatives, le respect des principes fondamentaux que sont l’égalité femmes-hommes ainsi que le visage découvert sera ajouté au code de vie.

En cas de manquement aux règles, des sanctions devront être appliquées selon la gravité des gestes. Cela pourrait notamment aller d’un avertissement jusqu’à l’expulsion de l’élève.

Des gestes pour réparer les torts causés, qui pourront prendre la forme d’une lettre d’excuses, de services rendus à l’école, de travaux communautaires ou encore d’un cercle de discussions, seront aussi demandés aux élèves intimidateurs pour qu’ils prennent conscience des conséquences de leurs actions. Chaque direction d’école aura la latitude de déterminer les gestes à poser et les sanctions à imposer.

Dès la rentrée, chaque école devra s’assurer que les parents prennent connaissance du code de vie. Ceux-ci seront appelés à collaborer activement avec le personnel scolaire pour soutenir l’application des règles de respect et de civisme. Par exemple, la signature des parents pourrait être exigée au bas du code de vie. Les écoles pourraient aussi exiger que les parents participent à des rencontres lorsque leur enfant pose des gestes qui contreviennent aux règles de conduite.

Le ministre Drainville confirme également le déploiement d’une équipe d’intervention pour appuyer les écoles confrontées à des situations difficiles de violence et d’intimidation. Celle-ci est composée de personnes d’expérience en éducation qui connaissent la réalité du milieu scolaire. À l’heure actuelle, sept écoles reçoivent déjà un soutien direct.

Ces nouvelles mesures sont complémentaires au Plan de prévention de la violence et de l’intimidation, lancé en octobre 2023.

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