L’EXPRESS MAGAZINE. Mathieu Courchesne travaille à la station de Montréal de Radio-Canada depuis plus de dix ans. Le Drummondvillois âgé de 38 ans occupe maintenant le poste de réalisateur pour l’émission de radio de fin de soirée et d’information Ça nous regarde.
Né à Drummondville, Mathieu Courchesne a grandi dans le quartier Saint-Jean-Baptiste. Il rêve de travailler dans le milieu des médias depuis l’époque où son père l’amenait à la station de radio CHRD-FM — aujourd’hui Rouge FM.
«C’est flou dans ma tête parce que j’étais petit, mais je me rappelle qu’il faisait une chronique, chaque samedi, pour les sports ou quelque chose dans le genre. J’étais content d’être là et de voir comment ça marchait à la radio», se remémore-t-il.
Après avoir décroché son baccalauréat en Communication, rédaction et multimédia à l’Université de Sherbrooke, Mathieu Courchesne déménage à Montréal et apprend les bases du journalisme au média L’Écho de Laval. Le Drummondvillois rejoint finalement Radio-Canada en 2013 en tant que surnuméraire.
Petit à petit, il enchaine différents postes à la station de Montréal, tels que rédacteur et chef de pupitre, et obtient sa permanence en 2018 en tant que réalisateur à la radio. Mathieu Courchesne travaille pendant quelques années avec le journaliste-présentateur Mathieu Belhumeur sur l’émission matinale À la une avant de rejoindre l’équipe de Ça nous regarde il y a maintenant un an.
Faire des choix
L’un des défis venant avec le programme de fin de journée est la composition de la liste des sujets traités. Mathieu Courchesne ne cache pas le fait que lui et son équipe doivent faire des choix très difficiles par moment.

«Le réalisateur est un peu le chef d’équipe, donc c’est lui qui gère toute la mécanique de l’émission et l’éditorial avec les rédacteurs en chef. Avec l’affectatrice, on fait ensemble des choix qui sont toujours déchirants parce qu’il se passe énormément de choses dans une journée. C’est sûr qu’en ce moment, avec ce qui se déroule aux États-Unis, c’est encore plus difficile parce qu’on veut bien le couvrir, mais on veut faire un bon dosage aussi. Il n’y a pas de recette magique», explique le trentenaire.
«La difficulté de plus qu’on a c’est qu’on est une émission qui passe à 18 h. Il faut donc qu’on trouve une façon de se démarquer de tout ce qui a été dit durant la journée [sur certains sujets]», ajoute le réalisateur de l’émission animée par Madeleine Blais-Morin.
Deux options s’offrent alors à son équipe et lui lorsqu’un sujet majeur surgit en début de journée et nécessite une couverture pendant l’émission. La première est l’angle de l’analyse.
«Par exemple, lorsqu’un ministre démissionne, on va rapporter rapidement la nouvelle, puis on va parler avec un analyste pour comprendre quelle est la suite des choses. On peut aussi amener une perspective différente. On va demander à un de nos journalistes de nous faire un montage d’archives, un reportage qui va être agréable à écouter et qui va nous transporter ailleurs sur une personne connue qui vient de mourir», souligne Mathieu Courchesne.
La deuxième chose envisageable est la moins facile et évidente à effectuer, selon lui. Il s’agit de voir venir la nouvelle avant que tous les autres médias ne la traitent.

«Dernièrement, on commençait à parler de l’enjeu sous-jacent aux tarifs douaniers des métaux critiques canadiens. Madeleine l’a senti venir et on a décidé de faire une grande entrevue avec deux experts sur les métaux critiques, les terres rares et pourquoi les États-Unis pourraient convoiter cela. Et on en a parlé avant que tout le monde se mette à le faire! C’est quelque chose qui est le fun pour nous parce que les gens qui nous écoutent ont appris quelque chose avant tout le monde», s’enthousiasme le Drummondvillois.
Les imprévus
Pour Mathieu Courchesne, être réalisateur d’une émission d’information comme Ça nous regarde c’est avant tout être en mesure de jongler avec les imprévus.
«Un bon réalisateur a beaucoup de qualités, mais les premières sont la débrouillardise et l’imagination. Il faut toujours avoir un plan B, C ou D dans sa tête, autant le matin que pendant qu’on est en onde», précise-t-il.
«Je dois toujours avoir une idée de ce que je vais faire si telle affaire ne marche pas ou si une personne ne répond pas au téléphone alors qu’elle est sensée rentrée en onde dans quelques instants. Dans tous les cas, il faut rester zen, ne pas paniquer et le faire sans que ça ne paraisse pas en onde», ajoute le réalisateur.
Mathieu Courchesne termine en indiquant qu’il ne pourrait pas y arriver sans son équipe «extraordinaire» et qu’il a une chance inouïe de faire un travail comme le sien. «C’est très philosophique, mais ce que j’aime beaucoup aussi c’est juste de pouvoir vivre [l’actualité]. On a quand même la chance de voir des choses qui sont spéciales et de les rapporter», conclut-il.