MAGAZINE. Saviez-vous que le Musée de la photographie de Drummondville possède la plus importante collection d’appareils photographiques à l’échelle de la province et l’une des grandes collections au pays? L’Express Magazine est allé à la découverte de ces trésors, effectuant tout un voyage dans le temps.
Les débuts

Le plus vieil appareil photographique qu’héberge le Musée date de 1845. Le daguerréotype est l’un des premiers procédés à enregistrer et afficher une image permanente de façon exploitable. Concrètement, il produit une image sans négatif sur une surface qui est exposée directement à la lumière.
«Au début, les photographes utilisaient des plaques métalliques surtout en laiton. Après, ça a été remplacé par des plaques en verre. La substance qu’on mettait sur la plaque était un mélange de bitume et d’huile de lavande. Ce mélange était sensible à la lumière. Il y avait différents produits qu’ils mélangeaient pour le développement», explique le bénévole et responsable de la collection, Gaétan Joubert.
«La découverte du procédé est arrivée par accident. Il manquait des vapeurs de mercure. En brisant un thermomètre, ils ont découvert que le mercure permettait de développer la photo», poursuit-il.
Le daguerréotype demandait un temps d’exposition assez long, pouvant s’étendre jusqu’à huit heures, informe Gaétan Joubert. Résultat : la capture de sujets en mouvement était difficile.
C’est pour cette raison que les gens avaient des expressions statiques lors des portraits. «Dans le temps, on disait aux gens de ne pas sourire parce que ça faisait remuer les muscles et ça faisait un flou sur la photo.»
L’arrivée des studios

L’arrivée des studios dans les grandes villes – telles que Montréal, Québec et Trois-Rivières – a changé la donne. On retrouve au Musée un tel appareil qui était utilisé dans les années 1850. Il est possible de faire des ajustements au niveau de la hauteur et de la mise au point.
«Le photographe achetait des plaques de verre déjà préparées, enduites de gélatine. Ça arrivait dans une enveloppe de papier d’aluminium. Dans la chambre noire, il ouvrait l’étui et il plaçait les plaques de verre. Après ça, il le refermait. La lumière n’entrait pas là -dedans. Il prenait la photo sous un voile. Ensuite, il retournait dans la chambre noire. À la noirceur, il sortait les plaques. Il faisait le développement. La plaque devenait le négatif de la photo», fait savoir Gaétan Joubert.
À l’époque, seuls les gens riches se faisaient photographier puisque les séances étaient dispendieuses. «C’était un signe de réussite sociale de placer sa photo dans son salon.»
Marilyn Monroe à Drummondville

Plusieurs photographies ont marqué l’histoire au fil des décennies. L’institution drummondvilloise en possède l’une d’elles.
Le photographe George Zimbel a fait fortune en photographiant des vedettes et des présidents américains. Il est connu en particulier pour sa célèbre photo de l’actrice américaine Marilyn Monroe portant une robe blanche soulevée par l’air d’une bouche de métro à New York.
Le cliché a été pris pendant le tournage du film The Seven Year Itch de Billy Wilder en 1954.
Le photographe a ensuite immigré à Montréal. Il a entre autres présenté une exposition au Musée de la photographie à Drummondville en 2012. C’est à la suite de son passage qu’il a décidé de léguer la photographie originale de son premier tirage de Marilyn Monroe, tout en donnant l’appareil qu’il a utilisé.
Il s’agit d’un don d’une «valeur inestimable» pour l’institution. «Cette photo est inédite parce qu’elle n’a jamais été montrée ailleurs qu’ici ou dans l’atelier de M. Zimbel. Selon ses dires, elle n’a jamais été publiée. Normalement, celle-ci devrait être unique», mentionne la directrice générale du Musée, Jocelyne Fortin.

Selon elle, le cliché appartient à une série différente de la populaire photographie intitulée The Flower puisque Marilyn Monroe porte des sous-vêtements noirs.
Cap sur l’Allemagne
Aux yeux de Gaétan Joubert, la marque Leica en photographie est l’équivalent de Ferrari dans l’automobile. L’institution drummondvilloise possède un appareil issu d’une édition spéciale, fabriquée pour les Jeux olympiques de Berlin en 1936. On peut y voir au-dessus l’insigne de l’armée allemande.
Édition anniversaire

Dans la collection, trois appareils de la marque Hasselblad sortent du lot pour leur rareté. Le Musée a mis la main sur des éditions anniversaires limitées. Le premier en argent célèbre le 25e anniversaire de la compagnie, alors que les deux autres en or soulignent les 50 ans d’existence d’Hasselblad.
Plus précisément, il s’agit d’une compagnie professionnelle suédoise qui a été fondée en 1949. «Ils fabriquent des appareils pour les professionnels. Ils ont un négatif plus grand. Ça permet de faire des agrandissements plus facilement», indique le bénévole.
«Ce sont les appareils qui ont été choisis pour faire les missions sur la Lune. Ils ont été modifiés. Il y en a eu sept ou huit qui sont allés sur la Lune et il en est revenu juste un.»
Des donateurs précieux
Parmi sa collection, composée de plus de 30 000 objets, le Musée de la photographie compte sur de précieux donateurs. L’une des collections d’envergure est celle de Bruce & Brissera Anderson, où l’on retrouve 1050 appareils.
«M. Anderson était un architecte qui demeurait à Westmount. Il était spécialisé dans les maisons luxueuses. Il avait exposé sa collection de caméras dans son bureau sur la rue Sherbrooke. Il avait fait bâtir des meubles sur mesure pour exposer sa collection. Pendant 50 ans, il a collectionné les appareils photo partout dans le monde. Il achetait juste des objets en parfaite condition.»
«Quand il a fermé son bureau, il ne savait pas quoi faire avec sa collection. Il est venu visiter le musée. Pendant qu’il est venu, on recevait un groupe d’étudiants. Il a décidé de nous donner sa collection pour qu’elle continue de vivre.»
Le don Germain Beauchamp n’est pas à négliger, alors que le photographe originaire de Saint-Eustache a fait un leg de 900 appareils au Musée. C’est grâce à sa contribution que l’institution drummondvilloise peut compter sur un studio de photographie.