ENVIRONNEMENT. Grâce à un portrait réalisé par le Conseil régional de l’environnement du Centre-du-Québec (CRECQ), la Ville de Drummondville a ciblé six espèces exotiques envahissantes à surveiller sur le territoire.
«En 2024, on a donné un mandat au CRECQ pour nous faire un portrait des espèces exotiques envahissantes sur notre territoire, autant terrestres qu’aquatiques», fait savoir la directrice du service de l’environnement et de la mobilité durable, Marie-Ève Vadnais, en précisant que le document a été déposé dans les dernières semaines.

Cet exercice a été effectué dans le cadre du Plan d’adaptation en changement climatique, du Plan de conservation des milieux naturels, ainsi que la Politique de l’arbre.
Le CRECQ a décidé de miser sur une approche globale, ce qui est innovant en soi. «On a développé une cartographie des acteurs impliqués. Le plan d’action prend en compte tous les services municipaux. On va parler autant des impacts sur la santé, sur l’économie, l’esthétisme, l’écologie et les loisirs», indique la directrice générale de l’organisme, Andréanne Blais.
Six espèces exotiques envahissantes sortent du lot, dont la renouée du Japon. «C’est une espèce exotique envahissante terrestre. C’est une plante qui a une dispersion vraiment rapide au niveau du territoire. Les gens la coupent ou la tondent souvent. C’est une espèce qui ne vient pas du Québec ni du Canada. Elle a été introduite par l’horticulture entre autres.»
La renouée du Japon est davantage problématique au niveau de la stabilité des berges. «Elle va prendre l’espace d’un autre type de végétation qui rendait la berge plus stable», explique Marie-Ève Vadnais.

Le roseau commun affecte plus particulièrement les milieux humides, alors que le nerprun menace plutôt les écosystèmes forestiers.
Quant à l’herbe à puce, il s’agit d’une espèce qui nuit à la santé humaine. «On a eu certains signalements au niveau de nos citoyens et même de nos employés municipaux.»
Les plantes aquatiques
Les plantes aquatiques envahissantes sont aussi dans la mire du service de l’environnement, tel que la moule zébrée. «C’est une espèce aquatique envahissante qui cause des risques pour les infrastructures au niveau de l’eau potable. Pour nous, c’est vraiment très préoccupant. Elle a été signalée à quelques endroits au niveau de la rivière Saint-François à proximité de Drummondville.»
Une fois introduite dans un plan d’eau, le myriophylle à épis peut prendre la place des autres plantes et modifier les habitats disponibles pour la faune. C’est pour cette raison que la Ville encourage les citoyens à laver leurs embarcations nautiques. Il y a quelques années, une telle initiative a vu le jour aux descentes à bateau du parc Kounak ainsi que celle de l’aéroport.

«Quand on va se promener dans d’autres plans d’eau, on peut apporter chez nous des espèces aquatiques envahissantes qui n’étaient pas présentes. On cause des problématiques ailleurs.»
Sensibilisation et prévention
La croissance des espèces exotiques envahissantes sur le territoire s’explique par la propagation humaine et les changements climatiques. La sensibilisation et la prévention auprès de la population demeurent essentielles. Une fois qu’elles sont implantées, ces plantes sont très difficiles à traiter. Il n’y a pas de remède miracle, soutient Marie-Ève Vadnais.
«Par exemple, au niveau de l’herbe à puce, le remède est du bâchage. À ce moment-là , on arrache le plus possible l’herbe à puce en allant chercher la racine. Souvent, elle est très profonde et encrée dans le sol. Il reste tout le temps des petits résidus. Ensuite, tu la recouvres d’une bâche. C’est une solution souvent qui est temporaire, c’est-à -dire que ça dure de deux à trois années. On n’est pas capable de confirmer qu’ensuite il n’y en aura plus.»

De plus, le coût de contrôle peut être assez élevé, soulève Andréanne Blais. «Ça coûte excessivement cher de se débarrasser de la renouée du Japon. Les espèces exotiques ont se pouvoir d’être très envahissantes. S’il y a un centimètre qui reste dans le sol, elle produit de nouvelles boutures. Il faut excaver sept mètres de profond et sept mètres de large.»
La Ville de Drummondville invite donc la population à s’informer sur le sujet. Si un citoyen désire implanter certaines espèces chez lui, il est préférable de s’informer auprès de professionnels en horticulture afin de connaître les risques de propagation.
Il est aussi important de rester à l’affût. «C’est aussi de ne pas hésiter à signaler si jamais il y a une espèce exotique envahissante sur le territoire. Il y a des spécialistes que ce soit au niveau du ministère ou des spécialistes à l’interne qui peuvent aller constater au niveau des lieux», dit Marie-Ève Vadnais, en recommandant les citoyens au 311.
Découlant du portrait des espèces exotiques envahissantes réalisé par le CRECQ, un plan d’action sera mis sur pied pour les cinq prochaines années pour faire de la prévention et du contrôle sur le territoire. Le tout devrait être prêt à l’été, entre les mois de juin ou de juillet.
«Il faut commencer par savoir ce qu’on connaît pour pouvoir faire des actions ciblées. C’est vraiment l’objectif premier de notre portrait.»
Un exercice avant-gardiste
La Ville de Drummondville est la première à avoir approché le CRECQ pour réaliser un plan d’action sur la détection et le contrôle des espèces exotiques envahissantes. L’initiative a fait des petits, affirme Andréanne Blais. «Il y a beaucoup d’autres municipalités et MRC qu’on accompagne en région. On a un gros projet avec la Ville de Nicolet qui s’en vient pour développer des capsules d’information pour les inspecteurs municipaux. Ça va former les fonctionnaires pour qu’ils soient autonomes dans la détection des espèces exotiques envahissantes, mais aussi le contrôle des populations.»