Des parents se prononcent sur l’usage des écrans dans les écoles

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Par William Hamelin
Des parents se prononcent sur l’usage des écrans dans les écoles
L’utilisation des appareils numériques à des fins pédagogiques doit être mieux encadrée selon le Comité de parents du CSSDC. (Photo : Deposit)

ÉDUCATION. Le Comité de parents (CP) du Centre de services scolaire des Chênes (CSSDC) a déposé deux avis concernant l’usage des écrans : l’un pour les écoles primaires et préscolaires et l’autre pour les écoles secondaires. Si l’usage à des fins pédagogiques doit être mieux encadré, l’utilisation plus ludique doit être proscrite, selon les parents membres du CP.

Dans l’avis concernant les écoles secondaires, ceux-ci reconnaissent la valeur pédagogique des outils numériques dans l’enseignement au secondaire. Le comité exprime néanmoins une préoccupation particulière concernant le recours aux capsules vidéo comme méthode d’enseignement, en particulier lors d’absences ou de remplacements d’enseignants.

«Bien que l’usage de capsules vidéo puisse soutenir l’apprentissage dans certains contextes, il ne devrait jamais remplacer l’interaction humaine avec un enseignant. L’éducation au secondaire requiert un encadrement actif, un accompagnement personnalisé et des occasions de rétroaction directe», explique-t-on dans l’avis.

Ainsi, le CP suggère la création d’une banque de contenu vidéo, validé pédagogiquement, à utiliser lors des remplacements. Cette banque serait encadrée par les directions ou par le CSSDC et intégrée à une planification structurée.

Les parents membres du Comité s’opposent à l’utilisation des écrans à des fins ludiques, autant dans les écoles primaires que secondaires. (Photo : Deposit)

De plus, tout le matériel numérique pédagogique doit être fourni par l’école, selon les recommandations du CP. «Aucun élève ne devrait être contraint d’utiliser un appareil personnel, comme un ordinateur portable ou un cellulaire, en classe. Si l’école ne fournit pas l’équipement requis, alors l’activité numérique ne devrait pas avoir lieu. Ce principe vise à garantir l’équité entre les élèves et à éviter une fracture numérique fondée sur les moyens financiers des familles», souligne le comité.

Pour ce qui est de l’utilisation des écrans de manière ludique dans le cadre scolaire, les parents consultés s’y opposent. Ils affirment que cela n’ajoute «aucune valeur ajoutée à l’apprentissage, détourne l’attention des élèves, fragilise l’autorité pédagogique et crée des ruptures dans le rythme scolaire».

«Si tu poses la question à n’importe quel parent d’enfants, il va te dire que c’est absolument horrible le temps d’écran inutile qu’il y a au secondaire, témoigne la présidente du CP, Marie Pier Bessette. J’ai moi-même des ados, et quand ça arrive qu’ils regardent un film en mathématiques et qu’ils me disent : «c’est parce qu’on a tous vu la matière», moi je me dis : «Ok. Alors vous avez tous 100 % à l’examen, c’est ça?»

Ainsi, Mme Bessette et les membres du CP déconseillent aux établissements du secondaire d’intégrer des périodes où les élèves utilisent des appareils numériques ou même leur cellulaire personnel simplement pour «boucher un trou» dans l’horaire, jugeant cette pratique inacceptable dans un cadre scolaire. Lorsque de telles périodes surviennent, les parents doivent en être informés, selon eux.

Primaire et préscolaire

Dans le cas du deuxième avis, le CP suggère à peu près les mêmes recommandations pour les écoles primaires. En effet, l’utilisation des outils numériques en classe doit rester pédagogique et liée directement au contenu enseigné.

«Le temps d’écran total devrait rester inférieur à 20 % du temps d’apprentissage quotidien, en favorisant au moins 80 % d’activités de manipulation réelle tels que l’écriture manuscrite et le bricolage. Les capsules vidéo et les films peuvent être pertinents s’ils sont en lien avec l’apprentissage. Toutefois, il est essentiel d’éviter les abus», précise l’avis du CP.

Le sondage sur l’usage du numérique à l’école révèle que 71 % des parents croient que leurs enfants passent du temps, parfois trop, à visionner du contenu numérique ludique à l’école alors que 25 % mentionnent ne pas être suffisamment informé pour le savoir. Si l’usage pédagogique du numérique fait large consensus (86 %), l’usage ludique semble avoir beaucoup plus de détracteurs que d’appuis selon les commentaires recueillis.

Le cellulaire devrait interdit partout sur les lieux de l’école selon le Comité de parent. (Photo : Deposit)

Pour ce qui est des élèves au préscolaire, aucun appareil numérique ne devrait se retrouver dans les mains des enfants âgés de 0 à 5 ans. Marie-Pier Bessette insiste sur le fait qu’ils se sont basés sur des faits et des études de la littérature scientifique pour émettre ce constat.

«L’enfance, en particulier de 0 à 5 ans, est une période cruciale pour le développement du langage, des habiletés sociales, motrices et cognitives. L’usage d’écrans à cet âge présente plus de risques que de bénéfices, notamment en ce qui concerne l’attention, le sommeil et le développement du langage», retrouve-t-on dans l’avis.

«Selon la Société canadienne de pédiatrie, il est recommandé de limiter à maximum une heure par jour l’exposition pour les enfants de 2 à 5 ans et de privilégier les interactions humaines et le jeu actif. De plus, selon l’Observatoire des tout-petits, les jeunes enfants ont un besoin fondamental d’interagir avec des adultes significatifs pour développer leurs habiletés socioémotionnelles, ce que les écrans ne peuvent remplacer.»

Le CP demande ainsi au CSSDC et aux directions d’écoles de prendre en considération les deux avis pour l’élaboration de leurs politiques et pratiques en matière d’usage du numérique en classe.

Il s’agit des derniers avis du CP en lien avec les travaux du comité numérique pour la présente année scolaire. Ce sont près de 3000 parents d’élèves du territoire qui ont répondu au sondage sur l’usage du numérique par leurs enfants.

Dernièrement, le CP a également émis un avis sur l’utilisation du cellulaire en classe, ainsi qu’un sur l’usage des écrans en service de garde. Sa présidente a notamment salué le rapport intérimaire de la Commission spéciale sur les impacts des écrans et des réseaux sociaux sur la santé et le développement des jeunes, déposé le 22 avril.

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