Cellulaires à l’école : consensus à Québec pour une interdiction complète

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Par William Hamelin
Cellulaires à l’école : consensus à Québec pour une interdiction complète
Les téléphones cellulaires pourraient être interdits dans toutes les écoles primaires et secondaires dès la prochaine rentrée scolaire. (Photo : Ghyslain Bergeron)

ÉDUCATION. La Commission spéciale sur les impacts des écrans et des réseaux sociaux sur la santé et le développement des jeunes recommande au gouvernement du Québec d’interdire l’usage des cellulaires, des écouteurs et tous les autres appareils mobiles personnels dans l’ensemble des écoles primaires et secondaires dès la rentrée scolaire 2025-2026.

Dans son rapport intérimaire, déposé le 22 avril dernier, la Commission spéciale indique que l’utilisation de ces appareils doit être proscrite jusqu’à la fin des cours, y compris sur le terrain de l’école, par une directive claire afin d’assurer une mise en œuvre uniforme.

Les seules exceptions retenues étant lorsque cette utilisation est requise pour des modalités d’intervention pédagogique prises par le personnel enseignant, l’état de santé d’un élève, ou les besoins particuliers d’un élève handicapé ou en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage.

«La Commission recommande également que le ministère de l’Éducation soutienne les établissements scolaires afin de faciliter la mise en application de l’interdiction totale des écrans personnels, notamment en favorisant davantage l’accès à des activités sans écran et en encourageant des initiatives de sensibilisation auprès des élèves», souligne-t-on dans le rapport intérimaire.

Il est proposé que les modalités d’application soient établies notamment par les instances prévues par la Loi sur l’instruction publique et la Loi sur l’enseignement privé, dans les limites de leurs compétences.

Parmi les quelques constats rapportés dans le rapport intérimaire, les membres de la Commission soulignent que la place qu’occupent les téléphones cellulaires dans les écoles secondaires est grandissante. Les données montrent que le taux de possession d’un téléphone intelligent passe d’environ 50 % en 6e année du primaire à plus de 80 % en secondaire 1.

La Commission est consciente que la mesure à elle seule ne règlera pas tous les problèmes, mais qu’elle s’inscrit dans une approche globale de réduction des effets néfastes de l’usage des écrans par les jeunes. (Photo : Deposit)

De plus, les résultats de la consultation en ligne que la Commission a menée montrent également un appui considérable pour la mesure de l’interdiction complète du cellulaire à l’école. En effet, 61 % des personnes qui ont répondu au questionnaire considèrent que les cellulaires devraient y être interdits, y compris dans les corridors et la cour d’école.

Toutefois, le taux de jeunes âgées de 14 à 17 ans en faveur de cette mesure est de seulement 15,2 %. Certains ont manifesté leur attachement pour ces appareils et bon nombre ont dit qu’ils leur étaient utiles pour payer leur repas à la cafétéria et pour vérifier l’horaire des autobus, écrit-on dans le rapport intérimaire.

«Nous avons par ailleurs été rassurés par les témoignages d’élèves qui fréquentent des établissements où le cellulaire est déjà interdit. À notre grand étonnement, la majorité des jeunes que nous avons rencontrés dans ces écoles ont indiqué apprécier l’interdiction d’utiliser son cellulaire à l’école. Ils mentionnent que cette mesure favorise la socialisation [et] plusieurs nous ont d’ailleurs dit que cette mesure aide à se faire des amis», mentionne la Commission.

Des parents satisfaits

De son côté, le Comité de parents (CP) du Centre de services scolaire des Chênes (CSSDC) est «très content» de cette recommandation. Sa présidente, Marie Pier Bessette, affirme que c’est exactement ce qu’ils demandaient.

Pour rappel, en mars dernier, le CP a émis un avis auprès de toutes les écoles de la MRC de Drummond. Celui-ci demandait au conseil d’établissements de modifier leur code de vie afin d’interdire l’usage en tout temps des téléphones cellulaires.

«On est excessivement contents de voir que la commission spéciale appuie nos revendications et nous donne raison dans un sens. Tout ce qu’on dit est sensiblement ce qui est dans le rapport», soutient-elle.

Marie Pier Bessette est la présidente du comité de parents du Centre de services scolaire des Chênes (Photo d’archives : William Hamelin)

La présidente du CP nuance que cette recommandation vient avec «un petit arrière-gout amer; une petite déception de la part des parents». Les retours qu’elle a reçus des écoles primaires et secondaires lors des deux derniers mois sont variables par endroit.

«Pour les écoles primaires, elles ont été favorables à 100 %. On s’y attendait en quelque sorte parce que c’est quand même quelque chose qui est facile à [implanter] au primaire. Pour les écoles secondaires, c’est plus mitigé. L’effort de réflexion a été fait, mais la moitié des profs m’ont dit : “Ben oui, on est favorable!” L’autre moitié m’a dit : “Ben non, je n’ai pas envie de gérer ça!”», résume Marie Pier Bessette.

Cette dernière est également déçue que les établissements scolaires n’aient pas été avant-gardistes sur cet enjeu. « On aurait aimé que nos écoles soient assez courageuses; se positionnent en leader pour faire ce pas. [Maintenant], ce ne sera pas un choix, ça va être une imposition », déplore-t-elle.

Le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, a accueilli le rapport de la Commission avec «beaucoup d’intérêt et beaucoup d’ouverture» mardi après-midi. Il ne s’est pas prononcé sur si l’interdiction sera faite pour la prochaine rentrée scolaire, mais que, si c’est le cas, il faudra prendre cette décision rapidement.

Le CP attend avec impatience les détails au sujet de quand et comment la recommandation de la Commission sera mise en place. Cette dernière poursuit la rédaction de son rapport final et de l’ensemble de ses recommandations. Son dépôt est prévu d’ici le 30 mai prochain.

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