Il faut doubler le nombre de médecins spécialistes, selon le Dr René Roux

SANTÉ. Alors que le CIUSSS de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec s’active à l’élaboration du plan clinique du futur hôpital, le médecin à la retraite René Roux estime qu’on doit doubler le nombre de médecins spécialistes à Drummondville, où l’on observe un manque notable de ces professionnels par rapport à d’autres villes de taille similaire.

D’entrée de jeu, le Dr Roux, médecin interniste et ex-président de l’Association des médecins en médecine interne du Québec, souhaite susciter la réflexion sur l’organisation actuelle du plan clinique en regard des services médicaux spécialisés. Jusqu’ici, le plan clinique de l’hôpital Sainte-Croix a reposé sur les cinq spécialités de base (chirurgie générale, médecine interne, psychiatrie, anesthésie auxquelles se greffe la radiologie).

«Les autres spécialités retrouvées à Sainte-Croix sont très importantes, sans être considérées des spécialités de base», informe-t-il.

Le Dr Roux est d’avis que le modèle médical actuel a été «extraordinairement efficace». Il a permis d’offrir des services de qualité sur une base continue. Il mentionne qu’il a lui-même collaboré à mettre un tel modèle en place dans les années 1970, à l’époque où Drummondville comptait environ 40 000 citoyens. Toutefois, plus de 50 ans plus tard, la ville a changé, étant maintenant l’une des sept régions métropolitaines de recensement (RMR) au Québec avec plus du double de la population.

«Le temps est venu de bonifier le modèle médical en favorisant la venue d’autres spécialités comme, entre autres, la cardiologie, la pneumologie, la néphrologie, la neurologie, la rhumatologie, la gastro-entérologie tout en bonifiant l’urologie et possiblement ajouter la chirurgie vasculaire, la chirurgie plastique et même la chirurgie colorectale, si le volume de population le permet. Drummondville a du rattrapage à faire en comparaison des autres villes semblables au Québec», expose le médecin retraité.

À titre d’exemple, d’après les données du Gouvernement du Québec, dans son plan d’effectifs médicaux en spécialité en date du 5 novembre 2024, Drummondville compte 86 médecins spécialistes comparativement aux deux RMR de Trois-Rivières et Chicoutimi qui en recense respectivement 294 et 251. On en retrouve 262 à Saint-Jérôme puis 168 à Rimouski.

«Il faut être conséquent et se donner les spécialités qui permettront de jouer un rôle régional. D’ailleurs le milieu a déjà entrepris une bonification en recrutant des oncologues», reconnaît-il.

Pour le Dr Roux, «l’arrivée de nouvelles spécialités permettra une plus grande offre de services et une meilleure rétention de la clientèle. Cette bonification sera source de dynamisme médical et conséquemment de progrès. En attendant, voyons grand et voyons au-delà des 240 lits prévus par le premier plan clinique du CIUSSS MCQ. C’est insuffisant pour une région métropolitaine… sauf si on a une région métropolitaine que de nom.»

Qu’est-ce qu’un plan clinique?

Un plan clinique consiste en l’organisation et à la mise en place des services en santé pour le bien d’une population vieillissante et en forte croissance. Un tel plan couvre un domaine très vaste allant de la naissance à la mort. Un plan clinique se réfère à des services préventifs, d’investigation, curatifs et de soutien.

Le plan clinique déterminera les besoins en services médicaux, en infrastructures et en équipements.

«Bien sûr l’ampleur du plan clinique dépendra de la vision des autorités responsables. La témérité serait de confier la mise en place du plan clinique à des gens d’une autre région, croyant qu’ils ont une meilleure connaissance de nos besoins actuels et futurs. La décision doit venir de notre milieu pour favoriser l’ajout de certaines spécialités médicales et de certains équipements diagnostics tel un «pet scan» ou thérapeutiques comme la radiothérapie», suggère M. Roux.

Nombre de médecins spécialistes selon des villes comparables au Québec