TEXTILES. L’entreprise drummondvilloise Textiles Monterey a fait partie d’un petit contingent qui a pu se rendre à Washington D.C. afin de défendre l’industrie du textile canadienne face aux menaces de tarifs douaniers états-uniens.
L’Association de l’industrie textile canadienne (AITC) a été invitée par le National Council of Textiles Organizations (NCTO) des États-Unis en compagnie de son homologue du Mexique. Randy Williams, directeur des ventes et du marketing chez Textiles Monterey et secrétaire exécutif de l’AITC, était accompagné du président de l’AITC Jeff Ayoub, de l’entreprise Calko, et du directeur exécutif Jacek Mlynarek lors de cette visite tenue du 25 au 27 mars. L’AITC y représentait une cinquantaine d’entreprises membres d’une seule voix.

L’industrie du textile a la particularité de voir ses ressources traverser les frontières du Canada, des États-Unis et du Mexique à plusieurs reprises avant d’aboutir à un produit fini. Cette situation fait en sorte que des tarifs pourraient être appliqués plusieurs fois durant le processus de transformation et ainsi faire exploser le prix de vente aux consommateurs.
«Le danger était que les hausses de prix causées par les tarifs ouvrent la porte à plus d’importations. À un moment donné, les prix auraient été trop élevés. Pour le Canada, ça donnait une autre opportunité à l’Asie d’entrer sur notre marché et de vendre ses tissus», explique M. Williams qui travaille pour Textiles Monterey depuis 2019.
Les représentants de l’AITC ont pu échanger avec le secrétaire au commerce des États-Unis, Howard Lutnick et le sénateur de la Caroline du Sud, Lindsey Graham. Le message de l’AITC était clair : l’implantation de tarifs pourrait détruire l’industrie du textile des trois pays voisins.
«Le secrétaire Lutnik a compris notre point durant la discussion. Il nous a demandé de rédiger une lettre conjointe des trois associations à M. Trump avant 16 h le même jour (25 mars). En soirée, le sénateur Graham m’a dit qu’il “aime le Canada et que le Canada n’est pas l’ennemi”. C’étaient des paroles rassurantes comme quoi, dans l’équipe de Trump, ce n’est pas tout le monde qui essaie d’attaquer le Canada», a témoigné Randy Williams lors d’un entretien téléphonique avec L’Express.
Pour l’AITC, il était impératif de faire comprendre aux Américains que l’Accord Canada-États-Unis-Mexique (ACEUM) fonctionne et qu’il répond aux besoins de l’industrie du textile.
À la lumière de cette visite dans la capitale états-unienne, Randy Williams estime que l’AITC peut se réjouir de la suspension des tarifs concernant le textile. Si les tarifs sur les importations provenant de l’international, principalement pour les pays d’Asie, devaient être maintenus à plus long terme, cela pourrait favoriser une meilleure compétitivité des entreprises nord-américaines.
«Les tarifs sur le reste du monde ramènent nos produits à des prix plus compétitifs. On espère que c’est ce qui arrivera. Avec un prix à l’achat plus compétitif, les Canadiens commencent à plus supporter l’industrie locale. Ceux qui ne regardaient pas les produits canadiens avant le font davantage aujourd’hui parce que les prix sont plus équivalents», mentionne M. Williams.
Imprévisibilité
Cependant, l’industrie du textile vit dans l’imprévisible. Les aléas de l’administration américaine étant ce qu’ils sont, l’AITC ne peut établir un plan d’action sur plusieurs mois. «On ne sait pas ce qui s’en vient. Ça change très rapidement ou ça change lentement. C’est très difficile de faire un plan de match dans ces circonstances. Pour l’instant, je dirais qu’on a été sauvé, mais pour combien de temps? Le message de l’AITC aux Canadiens est d’acheter canadien et d’encourager notre industrie», souligne Randy Williams.
Textiles Monterey et ses filiales ont reçu peu de nouvelles commandes ces derniers temps. Cependant, aucune n’a été annulée jusqu’à présent. L’entreprise drummondvilloise produit principalement des tissus pour des usages militaires, de protection ainsi que pour des uniformes de corps policiers et même médicaux.
L’industrie du textile emploie 1,2 million de personnes au Mexique, 500 000 aux États-Unis et moins de 40 000 individus au Canada. Cette disparité la rend plus fragile au pays, selon M. Williams. À Drummondville, Textiles Monterey compte sur environ 85 travailleurs dans son usine. Des investissements y ont été réalisés en 2024 pour y renouveler certains équipements.