Le Cercle de fermières Saint-Joseph toujours bien vivant

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Par Emmanuelle LeBlond
Le Cercle de fermières Saint-Joseph toujours bien vivant
Les fermières du Cercle Saint-Joseph expriment leur créativité en s'initiant à différentes techniques artisanales. (Photo : Ghyslain Bergeron)

MAGAZINE. Elles tissent. Elles brodent. Elles tricotent. Les fermières du Cercle Saint-Joseph perpétuent les traditions artisanales depuis maintenant 85 ans. Immersion dans un univers empreint de partage, de créativité et de douceur.

Le Cercle de fermières Saint-Joseph est toujours aussi dynamique avec ses 150 membres. Les deux salles de la rue Notre-Dame fourmillent d’activités et d’ateliers de tous genres. Ici, les métiers à tisser sont largement utilisés.

Plusieurs cours sont donnés au Cercle Saint-Joseph. (Photo : Ghyslain Bergeron)

Lors de la visite de L’Express Magazine, Claudette Poliquin était en train de donner un cours de création de pochettes à quatre élèves. Derrière leur machine à coudre respective, les dames riaient entre elles. L’enseignante passait d’une station à une autre pour donner quelques conseils. L’ambiance était légère et conviviale.

«J’aime ça être avec mes amies. On partage toutes la même passion. Ce sont toutes des passionnées de couture. On passe un bel après-midi, au lieu d’être seule chez nous. On apprend à se connaître», exprime Claudette Poliquin.

Au fil des rencontres, une complicité s’est développée entre les femmes. «Ce n’est pas du travail pour moi. On s’amuse. On est à la retraite. On est heureuse.»

Pour sa part, la fermière Hélène St-Jean savoure chaque instant. «Ça faisait deux ans que j’attendais le cours de Claudette. Elle l’a donné l’an passé, mais j’étais malade. C’est maintenant que ça se passe. Je suis très contente.»

La fermière Claudette Poliquin partage ses connaissances avec Hélène St-Jean. (Photo : Ghyslain Bergeron)

Transmission des savoirs

Le partage des traditions artisanales fait partie de l’ADN des fermières. Chacune d’entre elles s’implique à sa façon. Membre active depuis une douzaine d’années, Louise Michaud contribue à la transmission des savoirs en enseignant aux élèves de l’école secondaire Jean-Raimbault.

«J’aime les jeunes. Ils sont très reconnaissants. Ils apprécient. Ils veulent toujours apprendre quelque chose de nouveau. Ce sont des moments extraordinaires.»

«Ça m’apporte une très grande satisfaction quand je vois qu’ils réalisent des choses et qu’ils sont heureux. Je suis comblée», témoigne-t-elle.

Louise Michaud est fière de pouvoir transmettre ses connaissances aux jeunes. (Photo : Ghyslain Bergeron)

De son côté, France Boudreau donne des cours de crochet depuis trois ans au Cercle de fermières Saint-Joseph. Ses yeux brillent lorsqu’elle parle de ses élèves. «C’est tellement une grosse émotion. Quand tu arrives au cours et les dames sont autour de la table, elles attendent que tu leur montres quelque chose de nouveau, ça me donne des frissons. J’aime ça.»

S’impliquer dans la communauté

Les fermières participent également à l’amélioration de la qualité de vie dans la communauté. Lise Lupien fait partie du Cercle depuis 2017. «Ma plus grande fierté est d’aider les autres et de donner aux autres», indique-t-elle, le sourire aux lèvres.

Cette dernière supervise les ateliers collectifs où les fermières confectionnent des items variés pour le Centre de pédiatrie sociale en communauté (CPSC) – Les petits bonheurs. «On est en train de faire des trousses pour les adolescents», précise-t-elle.

Le Cercle n’en est pas à sa première collaboration avec l’organisme qui vient en aide aux enfants vivant dans un contexte de grande vulnérabilité. À l’hiver 2024, les membres ont remis un lot de 52 sacs à la clientèle du centre.

Pas moins de 21 artisanes du Cercle de fermières Saint-Joseph ont participé à l’exposition. (Photo: Ghyslain Bergeron)

Toutes les occasions sont bonnes pour redonner au suivant. Récemment, l’association féminine a récolté plus de 2600 $ pour deux organismes de la région, lors d’un encan silencieux à l’occasion d’une exposition à la bibliothèque. Le CPSC – Les petits bonheurs et La Rose des Vents ont bénéficié de cette somme.

Des projets stimulants

L’exposition Le patrimoine artisanal… un art visuel contemporain a été l’occasion pour les fermières de sortir des sentiers battus. Ce projet, présenté en octobre dernier à la bibliothèque publique de Drummondville, représente une première.

Pas moins de 21 artisanes ont mis du cœur à l’ouvrage, célébrant l’art textile dans toute sa diversité. Tissage, courtepointe, crochet, tricot et broderie : les œuvres affichées illustraient l’adaptabilité et l’évolution des techniques traditionnelles face aux tendances contemporaines.

La présidente de l’association, Michèle Perron, en tire un bilan plus que positif. «Notre objectif premier était d’aller où les gens ne nous attendaient pas comme Cercle de fermières. On voulait faire quelque chose qu’on n’avait jamais fait et montrer le talent de nos dames. On souhaitait aussi démontrer que les arts textiles font partie des arts visuels.»

Une trentaine de pièces ont été exposées dans l’Espace nouveautés.

Michèle Perron est la présidente du Cercle. (Photo : Ghyslain Bergeron)

Porteuse d’histoire

L’association drummondvilloise est surtout porteuse d’histoire. «Le Cercle de fermières a fait partie de l’ancienne ville Saint-Joseph qui a été fusionnée avec Drummondville. Quand on regarde sur le territoire, je ne sais pas s’il y a d’autres organismes féminins qui ont duré aussi longtemps que nous. C’est sur la base du bénévolat que les femmes ont réussi au fil du temps à continuer à se regrouper pour faire des arts textiles», explique Michèle Perron.

C’est Mme Rémi St-Martin qui est à l’origine du mouvement. En 1939, ce sont 35 femmes qui ont rejoint l’association.

La présidente du Cercle de fermières entrevoit l’avenir avec optimisme. «Au fil du temps, les dames se sont organisées pour faire des activités pour transmettre le patrimoine. On a fait des choses qui ont regroupé plusieurs personnes. On est très contente de ce qu’on a fait. Il y a d’autres personnes qui vont faire d’autres activités et ils vont transmettre le patrimoine à d’autres personnes. Il y a de la place à de la créativité et à motiver les gens à poursuivre la mission.»

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