ÉCONOMIE. Une belle victoire. Voici comment la directrice générale de la Maison des arts, Marie-Pierre Simoneau, accueille le budget provincial présenté le 25 mars.
Le diffuseur pluridisciplinaire drummondvillois a récemment joint sa voix au Front commun pour les arts. Il s’agit d’un regroupement de 21 organisations qui défendent la vitalité, la diversité et l’avenir de la culture au Québec.
Les diffuseurs de la province étaient représentés par l’Association professionnelle des diffuseurs de spectacles (RIDEAU). «Ça a été une super représentation de RIDEAU pour nous. Il faut croire que toutes nos actions individuelles ont donné collectivement quelque chose. J’ai fait des entrevues et des rencontres avec les députés à Drummondville. Dans chaque région, on nous avait demandé de mener notre petit front commun. Je suis contente parce que j’y ai participé activement», fait savoir Marie-Pierre Simoneau.
Dès le dépôt du budget en mars 2024, le Front commun a pris forme et a intensifié ses efforts afin de faire reconnaître l’état de crise vécu par le milieu artistique, tout en mettant en œuvre une mobilisation interdisciplinaire. La portée de cette démarche visait à freiner la dégradation de l’écosystème culturel en réclamant des actions rapides et durables de la part du gouvernement du Québec.
À cet effet, le Front commun salue l’investissement portant les crédits totaux du Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ) à 200 millions, et ce, pour les trois prochaines années. De cette somme, une part importante a été pérennisée. Ainsi, la portion permanente passe de 106 M$ à environ 165 M$.
«Ça nous donne une meilleure prévisibilité. C’est ça qui était au cœur des revendications. Le budget est annoncé pour trois ans. On sait que pour trois ans, il y a ces sommes qui proviennent du CALQ. Maintenant, ça va être fait sous forme de programmes. On a hâte de voir comment ça va se traduire concrètement», indique Marie-Pierre Simoneau.
La Maison des arts a bénéficié de tels programmes durant la crise sanitaire, ce qui s’est révélé bénéfique. «Ça a eu une incidence directe sur notre façon de programmer, sur le nombre de spectacles, sur le risque et l’audace qu’on prenait sur certains projets. Pour moi, ça me trace une ligne d’horizon. On souffle un peu. On n’aura pas à se battre une autre année pour essayer d’aller chercher plus.»
Celle qui avait des inquiétudes quant à la poursuite des opérations de la Maison des arts est rassurée. «On va pouvoir faire du développement. Ça fait totalement partie de notre mission», dit-elle.
Malgré tout, Marie-Pierre Simoneau est alerte pour la suite des choses. «Il y a quand même les tarifs douaniers. Qu’est-ce que ça va créer sur la société québécoise? Est-ce qu’on va faire face à une inflation des coûts ou une récession? On est quand même devant une société qui est instable. On est en questionnement sur ce qui s’en vient. Je ne partirai pas en grande pompe avec des projets. Il faut être prudent et regarder ce qui s’en vient.»
Des inquiétudes demeurent
Pour sa part, la directrice générale de Culture-Centre-du-Québec Andréanne Blais se réjouit des gains obtenus. Toutefois, des préoccupations demeurent, notamment au niveau des musées.
«C’est une petite déception de ce budget qu’il n’y ait pas de bonification offerte au programme d’aide financière pour les institutions muséales. Dans le contexte actuel, on sait que les crédits disponibles sont insuffisants pour assurer la survie de tous les musées. Le fait que ça ne soit pas bonifié nous inquiète. On pense que ça peut mener à la réduction de service, à la réduction d’heures d’ouverture, de diminution du personnel et même la fermeture de certaines institutions dans les années à venir.»
Les montants accordés aux conseils de la culture sont également maintenus. «On est dans une nouvelle réalité. Ça commence à faire plusieurs années. Ça devient particulièrement crucial dans un moment où l’accompagnement qui nous est demandé par le milieu va toujours en augmentant. Tout le monde vit de la précarité et des situations plus difficiles. Ils se retournent vers les conseils de la culture pour les soutenir. Notre capacité à offrir une prestation de service qui correspond à ça n’est pas là», soutient-elle.
Somme toute, le milieu culturel centricois retire du positif de l’annonce.
«On ne peut pas faire autrement de remarquer qu’il y a une augmentation globale du budget attribué à la culture qui est de 7,5 %. C’est dans le top 3 des plus fortes augmentations des différents secteurs. Il y a effectivement une réponse positive aux besoins qui ont été exprimés par le milieu», conclut Andréanne Blais.