Marie-Pierre Simoneau ou l’art de saisir les opportunités

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Par Cynthia Martel
Marie-Pierre Simoneau ou l’art de saisir les opportunités
Marie-Pierre Simoneau se qualifie comme étant une leader positive. Elle est reconnue par ses pairs pour sa gestion inclusive. (Photo : gracieuseté Véronique St-Amant)

MAGAZINE. Le moins que l’on puisse dire, c’est que la vie professionnelle de Marie-Pierre Simoneau est marquée par sa capacité à saisir les opportunités. Directrice générale et artistique de la Maison des arts, elle occupe une place centrale dans le paysage culturel drummondvillois.

Sans le savoir, Marie-Pierre Simoneau a tracé pendant une vingtaine d’années le chemin qui l’a menée à sa carrière de gestionnaire actuelle.

Originaire de Drummondville, Mme Simoneau a quitté son nid familial quelques années pour poursuivre ses études en communication à l’Université Laval avant de revenir dans sa ville natale. Elle a débuté sa carrière comme journaliste culturelle pour L’Express et La Parole, un tremplin qui lui a permis de développer une fine connaissance du milieu artistique.

«C’est la première opportunité que j’ai saisie dans ma carrière, je dirais. En fait, j’avais comme projet d’aller en Europe un certain temps avec des gens de mon bac lorsque le poste s’est affiché. J’ai eu la maturité à cette époque de me dire qu’il fallait que je saisisse cette occasion. Heureusement, car je n’ai pas du tout regretté mon choix. Ça m’a professionnalisée rapidement puisque j’évoluais aux côtés de gens d’expérience. Je ne pouvais pas espérer un meilleur tremplin que ça, car j’ai réalisé après coup que c’est grâce à cet emploi que j’ai découvert le milieu culturel et que ça m’a fait connaître auprès d’acteurs importants», raconte-t-elle.

Cinq ans plus tard, un second défi se présente à elle par pur hasard.

«J’étais en pleine remise en question. Un jour, je rencontre en entrevue les fondateurs de la troupe Paris Paris. Ils m’expliquent qu’ils sont à la recherche d’un lieu où se produire. Au fil de la discussion, les pièces du puzzle se sont assemblées : je pouvais les aider dans leur projet», se rappelle-t-elle.

C’est à ce moment qu’elle fait ses premières armes dans le domaine du spectacle : «J’ai appris beaucoup. J’ai porté tous les chapeaux durant cette aventure : j’ai cousu des bords de robes, j’ai produit le spectacle, je m’occupais des communications et des ressources humaines.»

Avec son conjoint de l’époque, elle transforme la discothèque Le Normandie en cabaret de spectacles. La troupe Paris Paris s’y produit pendant quelques étés consécutifs.

Les années qui suivent sont jalonnées de projets ambitieux : revues musicales, soirées d’humour et une collaboration marquante avec Messmer, qui lui attribue encore aujourd’hui une partie de son succès.

«J’y ai connu les plus grands humoristes québécois d’aujourd’hui en produisant les Drôles de mardis. C’est de là que m’est aussi venue l’idée d’inviter Messmer à passer les étés au Box Office. Chaque fois qu’il se produisait ici, il faisait un tabac. Sa carrière s’est envolée ici; j’ai couru ensuite le Québec avec lui. On a un lien très particulier lui et moi», indique la passionnée des arts de la scène.

L’entrepreneure dans l’âme a par la suite cofondé avec son amie Magali Nadeau l’Agence Style Comm. Elles deviennent rapidement la référence dans les communications et l’événementiel à Drummondville.

«Avec toutes mes années d’expérience au Box Office, j’ai développé un large réseau. J’étais devenue une référence dans le milieu. Un jour, je l’ai compris, j’ai donc accepté de mettre ce chapeau et de lancer mon entreprise», affirme-t-elle.

Cette riche expérience professionnelle lui a permis de conjuguer créativité et gestion.

«Avoir fondé ma propre entreprise demeure une mégaréalisation pour moi. J’ai aimé avoir cette liberté de création, d’expression. J’ai aussi aimé l’aspect gestion. Ce bagage précieux me suit encore aujourd’hui», fait savoir Mme Simoneau.

L’aventure s’échelonne sur près de dix ans, jusqu’au jour où on la sollicite pour un autre défi tout aussi stimulant.

«En 2014, le directeur de la Maison des arts, Roland Janelle, m’invite à le rencontrer. Je croyais qu’il voulait discuter d’un projet, puisque nous avions déjà collaboré sur certains contrats. Très vite, j’ai compris qu’il m’approchait pour le nouveau poste de directeur de la commercialisation. Il me voyait parfaitement dans ce rôle», explique-t-elle.

Marie-Pierre Simoneau est la directrice générale et artistique de la Maison des arts depuis 2016. (Photo gracieuseté Frédéric Côté)

Après discussion avec sa partenaire d’affaires et mûre réflexion, Marie-Pierre Simoneau saute sur l’occasion et postule.

«Le processus d’embauche a duré quatre mois. Ils avaient reçu 80 CV. C’est finalement moi qui ai obtenu le poste».

On lui confie le mandat d’élaborer les festivités pour le 50e de la Corporation de la Maison des arts. Puis, moins de deux ans plus tard, elle est promue au poste de directrice générale.

«J’avais d’énormes bottines à chausser. Roland Janelle est un homme que j’estime beaucoup. Il a cru en moi dès le départ et m’a bien accompagnée durant le processus de transfert. Ça faisait du sens pour moi de prendre cette chaise; je récoltais toutes les petites pierres que j’avais précédemment semées sur mon chemin», exprime-t-elle.

Marie-Pierre Simoneau retient de Roland Janelle son respect pour les producteurs et les agents, ainsi que l’importance d’un lien cordial et transparent. Il lui a transmis la rigueur et le souci de maintenir cette proximité essentielle.

La nouvelle dirigeante a tout de suite été reconnue par ses pairs comme une mobilisatrice et une gestionnaire inclusive. Pour Marie-Pierre Simoneau, déléguer est essentiel. Elle sait exactement à qui confier chaque dossier.

«Je suis la meilleure pour déléguer et les employés me remercient souvent de leur accorder une belle confiance et un aussi grand terrain de jeu. Je dis souvent que j’ai 12 ronds de poêle d’ouverts constamment. Je ne pourrais pas faire le quart de mes tâches si je ne déléguais pas! Dans chaque département, j’ai des personnes de cœur, de tête, d’action puis de confiance. La Maison des arts, ce n’est pas juste Marie-Pierre Simoneau», soutient-elle, précisant que l’entraide fait la force de son équipe.

Le nombre d’employés est passé de 13 en 2016 à 25.

Chaque jour, il est primordial pour Mme Simoneau de faire sa «petite tournée de la maison». «Ça me permet de voir comment ça se passe dans chaque département. De conserver les liens avec tous. J’ai besoin de ce contact humain.»

Marie-Pierre Simoneau possède un fort côté créatif tout en ayant un esprit cartésien.

«Je peux avoir des idées flyées, mais elles seront toujours concrétisées de façon très pragmatique.»

C’est d’ailleurs pour cette raison que son titre porte la nomenclature «directrice artistique» au côté du mot «générale».

«J’ai demandé de l’ajouter, sinon ça m’aurait dénaturée! Il faut dire que l’élaboration de la programmation, c’est mon dada», spécifie la gestionnaire.

La Drummondvilloise se qualifie aussi de femme transparente, authentique, réceptive avec une énergie très palpable.

L’entraide fait la force de l’équipe de la Maison des arts. (Photo gracieuseté Frédéric Côté)

«Autant je suis capable de contaminer positivement les gens autant l’inverse peut être vrai. Sachant cela, je me suis toujours fait un devoir d’être une leader positive», laisse-t-elle entendre.

Parlant de positivité, elle a entrepris, en pleine pandémie, les démarches pour obtenir le sceau «Entreprise en santé». Depuis, une politique de bien-être a été instaurée.

Méditation, horticulture, yoga, marche nordique. Les activités offertes pour solidifier les liens entre les employés sont diversifiées.

«C’est une belle façon de rallier tout le monde, des techniciens aux gens de la billetterie à ceux de la galerie d’art. Des employés qui, autrement, ne se croiseraient pas. Ces activités nous permettent de jaser, de garder le moral et ça leur signifie qu’on a à cœur leur santé physique et mentale. C’est vraiment propice à de belles discussions», se dit-elle d’avis.

Sur son X

Marie-Pierre Simoneau avoue que son travail lui procure énormément de bonheur.

Très reconnaissante de tout ce qu’elle vit, elle attribue son épanouissement aux efforts qu’elle a investis ces dernières années. Elle affirme avoir le privilège de côtoyer des gens inspirants, aux parcours fascinants et aux expériences de vie exceptionnelles.

«Depuis 2016, je suis réellement sur mon X à la Maison des arts», reconnaît-elle.

Elle rêve également d’exploiter davantage le lieu de diffusion, notamment à l’extérieur : «Parfois, j’imagine organiser un spectacle dans le stationnement, avec des kiosques et les portes de garage grandes ouvertes où un artiste se dévoilerait. Ça permettrait aussi de montrer l’envers du décor. Dans les prochaines années, il faut repousser un peut plus les murs de la Maison des arts et d’élargir ses horizons», termine-t-elle, remplie d’ambition.

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