INONDATIONS. Alors que le débordement de la rivière Saint-François a forcé l’évacuation de plus de 80 résidences, le centre sportif Girardin a ouvert ses portes aux sinistrés. Chacun d’entre eux se tenait les coudes à travers les difficultés vécues.
L’autrice de ces lignes a fait un arrêt au complexe sportif de la rue Marchand en fin d’avant-midi. Cinq personnes étaient réunies autour de la table, tasses de café à la main. Sans contredit, aucun d’entre eux ne s’attendait à un tel réveil.
«La Ville a passé à 5 h du matin avec les gyrophares pour aviser les gens de se réveiller. J’ai regardé dehors. J’ai vu que ma voisine était déjà évacuée. C’était une dame assez âgée. Elle avait déjà de l’eau sur son terrain. Il est beaucoup plus bas que le mien. En l’espace de 30 minutes, l’eau s’est ramassée dans le chemin. J’ai eu le temps de sortir mon auto juste à temps», raconte France Chapdelaine, une résidente de la rue de l’Arpenteur dans le secteur Saint-Nicéphore.
Aux dernières nouvelles, son logement a été épargné par les inondations. «Je suis locataire au deuxième étage. Tous mes voisins ont été inondés. Je suis l’une des seules qui ne sont pas inondées. Ça fait sept ans que je suis là et je n’avais pas vu ça encore.»
À contrecœur, France Chapdelaine a laissé derrière elle ses deux chats. À l’extérieur de son domicile, elle a croisé la route d’un couple de retraités. «J’ai vu ces deux personnes au bord de la rue. Je ne pouvais pas les laisser là. Je les ai embarqués avec moi. Je suis venue au centre sportif Girardin avec eux. Je ne partirai pas tant qu’ils ne seront pas en sécurité», assure-t-elle.
Christiane Daneau et Lionel Couturier sont reconnaissants de pouvoir compter sur le soutien de leur voisine. Ils ont été évacués à l’aide d’une embarcation nautique, sans avoir la possibilité d’utiliser leur voiture.

Pour sa part, France Chapdelaine est ravie de donner un coup de main à son prochain. «J’avais du bénévolat cet après-midi au Centre d’action bénévole. Je donne quatre heures par semaine le temps des impôts. Je l’ai annulé. Je fais mon bénévolat d’une autre façon.»
Malgré la vive inquiétude, les sinistrés font preuve de résilience. C’est le cas de Luc Jacob et Myriam Fortin, un couple qui habite également sur la rue de l’Arpenteur, près du boulevard Allard.
Les Drummondvillois avaient le débit de l’eau de la rivière Saint-François à l’œil. «Ça me faisait peur un peu. Je savais que la température était anormalement élevée. La dépression qui venait des États-Unis amenait un surplus d’eau. Je savais que la Ville de Sherbrooke était sous avis d’inondation. Ma sœur demeure là. Je sais très bien que ça fera un effet domino. On reçoit l’eau de Sherbrooke par la rivière Saint-François», soutient Luc Jacob.
Ceux qui sont propriétaires depuis quatre ans sont touchés pour la première fois par les inondations. «On a de l’eau dans le vide sanitaire. On a une sump pump qui fait le travail pour le moment. On espère qu’on va retourner chez nous aujourd’hui», souhaite Myriam Fortin.
Le couple garde le moral. «Ce sont des choses qu’on ne contrôle pas», reconnaît Luc Jacob.
Le débordement de la rivière Saint-François touche également le secteur Saint-Charles-de-Drummond.

Pour sa part, Jean-Guy Frigon habite depuis 33 ans sur la rue Desrochers. C’est la deuxième fois qu’il vit une telle situation. Lundi avant-midi, il a dû agir rapidement. «L’eau montait tranquillement. J’ai reçu un téléphone de la municipalité. Ils m’ont demandé d’évacuer. Je ne voulais pas. Il y a des pompes qui marchent chez moi. J’ai fermé les lumières. J’ai fermé la porte. J’ai embarqué dans ma voiture et j’ai pesé sur le gaz. L’eau suivait mon char quand je roulais dans la rue», raconte-t-il.
Au moment d’écrire ces lignes, entre 15 et 20 sinistrés se sont rendus au centre sportif Girardin, informe la conseillère en relations publiques de la Ville, Anne-Élisabeth Benjamin. Ces derniers ont accès à des services de base. La Croix-Rouge sera sur place en après-midi.
Rappelons que face à la montée continue des eaux de la rivière Saint-François, l’Organisation municipale de sécurité civile de Drummondville et la Municipalité de Saint-Lucien demandent à tous les citoyens résidant en zone inondable d’évacuer sans délai, s’ils ne l’ont pas encore fait.
Pas moins de 300 bâtiments sont visés à Drummondville. Plusieurs rues sont d’ailleurs impraticables. Selon les informations de la Ville, vers 10 h 30, le débit de la rivière était de 1255,55 m³/s, la moyenne habituelle étant de 250 m³/s.