Les conseillers pédagogiques : l’éléphant dans la pièce

Les conseillers pédagogiques : l’éléphant dans la pièce
(Photo : Depositphotos)

TRIBUNE LIBRE. Monsieur le ministre de l’Éducation,

En date du 12 février, selon les données du tableau de bord du gouvernement du Québec, on compte 1869 postes d’enseignants à combler dans les écoles primaires et secondaires de la province. En proportion, on parle de 1,8 % des postes à pourvoir. Je ne doute donc pas que vous devez en travailler un coup actuellement.  Nous sommes aux prises avec une sévère pénurie de personnel.

En décembre, le ministère de l’Éducation comptait 9184 enseignants non légalement qualifiés dans les écoles publiques de la province, une hausse de 3,5 % par rapport à mai 2024 et de 38 % par rapport à mai 2023. Ce nombre n’inclut pas les milliers d’enseignants suppléants qui n’ont pas de brevet d’enseignement non plus.

Ce constat donne le vertige, j’en conviens, et les raisons qui expliquent qu’une province riche d’un pays du G7 présente un bilan aussi catastrophique relèvent de la dystopie. Mais là n’est pas le sujet de cette missive.  Je souhaite plutôt vous proposer une solution concrète pour régler en partie cette triste situation.

D’une manière absolument incompréhensible, Monsieur le ministre, vous refusez de voir l’éléphant dans la pièce : vous disposez de quelque 2 500 conseillers pédagogiques dans le réseau qui pourraient réintégrer nos salles de classe dès maintenant. Je répète : 2 500 conseillers pédagogiques, déjà payés, la plupart ayant enseigné plusieurs années au primaire ou au secondaire, qui pourraient revenir enseigner en un claquement de doigt et permettre au gouvernement d’économiser des centaines de milliers de dollars en salaire. Le calcul est simple : vous règleriez la totalité du problème de pénurie actuelle avec cette décision et pourriez annoncer cette merveilleuse nouvelle en grande pompe dans une conférence de presse où vous afficheriez votre beau et généreux sourire.

Or, personne ne parle de cette solution. Sujet tabou? Loi du silence? Je ne sais pas. Mais croire que le Québec puisse se priver de ces 2 500 enseignants de formation au cœur d’une crise sans précédent dans le domaine de l’éducation s’apparente à de la pure folie. Car il s’agit bien d’une crise, majeure, qui a des conséquences désastreuses sur la société québécoise, spécifiquement sur celle de demain. Monsieur Drainville, en situation de crise, il faut adopter des mesures exceptionnelles et celle que je propose est à votre disposition. Qu’attendez-vous pour agir?

De grâce, ouvrez les yeux et prenez la décision qui s’impose. Certes, d’aucuns argueront que ces conseillers pédagogiques sont indispensables pour assurer l’intégration des nouveaux enseignants dans le métier et encore plus pour épauler les ENLQ. Cet argument ne tient pas la route. D’abord, ramener les conseillers pédagogiques en classe résorberait en grande partie ce problème. Ensuite,  les enseignants ont toujours eu cette capacité de s’adapter, de se renouveler, de se former, de collaborer pour améliorer la pratique de leur métier. Aussi, chaque école, à l’interne, est en mesure d’accueillir adéquatement les nouveaux membres du personnel et certains enseignants d’expérience, sur une base volontaire, y consacrent une partie de leur tâche.

Bref, la balle est dans votre camp. Vous avez la chance de laisser votre marque comme ministre de l’Éducation.  Vous avez la chance d’agir en leader. La saisirez-vous?

Jean-François Champagne-Bélanger, enseignant de français de première et de cinquième secondaire au Centre de services scolaire des Chênes

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