TRIBUNE LIBRE. L’annonce de la venue d’un train à grande vitesse (TGV) sur la Rive-Nord entre Montréal et Québec suscite beaucoup d’enthousiasme, et à juste titre. Ce projet représente une avancée technologique et un atout indéniable pour le transport au Québec, en offrant même, à terme, un moyen de transport collectif beaucoup mieux adapté à la réalité de la clientèle d’affaires, notamment, laquelle ne dispose pas à l’heure actuelle d’une alternative sérieuse au transport aérien.
Cependant, le bonheur des uns ne doit pas faire le malheur des autres. En effet, cette modernisation ne devrait en aucun cas signifier le statuquo, la réduction ou pis encore, l’abandon du service de train passager existant, qui dessert les régions de Montréal, la Montérégie, le Centre-du-Québec, Chaudière-Appalaches et la Capitale Nationale. Au contraire, il est essentiel de le préserver, d’y investir et l’améliorer afin d’assurer un transport diversifié, accessible, fiable et durable pour tous les citoyens. Il est important de souligner qu’il s’agit du seul trajet ferroviaire disponible pour les 15 à 20 prochaines années, le temps de construire les nouvelles infrastructures du TGV. Ailleurs dans le monde, comme en France, par exemple, l’implantation de TGV ne s’est jamais réalisée au détriment des circuits existants.
L’enjeu est de garantir un service efficace et accessible, sachant que le service actuel comporte des lacunes importantes en matière de fréquence et de ponctualité. Cette réalité accentue la nécessité de renforcer et d’améliorer les infrastructures ferroviaires existantes pour supporter et développer l’offre des trains de passagers dans ce corridor stratégique.
Le réseau ferroviaire existant dessert plusieurs communautés dans la grande région de la Rive-Sud du fleuve Saint-Laurent entre Montréal et Québec, offrant une liaison précieuse pour cette région, pour le Québec et pour le Canada. La bonification escomptée de ce service est une occasion unique de renforcer un réseau déficient qui présente des avantages indéniables pour l’économie, l’environnement et la société : création d’emplois, réduction des coûts de transports, réduction de la congestion, réduction des GES pour en nommer quelques-uns. Améliorer la fréquence et la ponctualité permettrait de mieux répondre aux besoins de ces régions, tout en favorisant leur développement économique. Une telle bonification permettra ultimement d’assurer un développement croissant du nombre de passagers quotidiens.
La grande région de Drummondville avait d’ailleurs soutenu, par le passé, un nouveau projet de train sur la Rive-Nord. Toutefois, c’était en contrepartie d’un engagement en faveur de l’optimisation du service ferroviaire sur la Rive-Sud, dont l’installation d’une plaque tournante drummondvilloise qui permettrait aux trains de Via Rail d’effectuer des trajets à partir de Drummondville vers Québec ou Montréal, facilitant ainsi la planification des horaires et réduisant les risques de retards, encore nombreux dans ce corridor ferroviaire en raison de la priorité donnée au transport de marchandise.
Un autre enjeu majeur est le déficit d’entretien sur les voies ferroviaires existantes. Le manque d’investissements au fil des années a conduit à des infrastructures vieillissantes, causant des retards fréquents et une diminution de la qualité du service. Investir dans la modernisation et l’entretien de ces voies est indispensable pour assurer un service fiable et sécuritaire.
L’importance d’investir dans les infrastructures ferroviaires ne peut être sous-estimée. En modernisant le réseau, on favoriserait une meilleure fluidité des déplacements d’autant plus que cet investissement stimulerait l’économie locale en créant des emplois liés à la construction et à l’entretien des infrastructures. Le contexte politico-économique actuel est particulièrement propice pour investir à l’intérieur du corridor Windsor-Québec. L’amélioration des voies ferroviaires du réseau existant serait un atout pour le transport de passager et de marchandises.
En conclusion, le TGV représente un progrès indéniable, mais il ne saurait se substituer à un service de train de passagers accessible, bien implanté, qui constituera une offre complémentaire au projet de la Rive-Nord. Il est essentiel et crucial que la desserte sud fasse partie de la phase de codéveloppement. Nous enjoignons donc les décideurs à respecter leurs engagements antérieurs et à s’engager rapidement et concrètement en faveur du développement et de la pérennité des circuits existants.
Stéphanie Lacoste, mairesse de la Ville de Drummondville
Martin Champoux, député fédéral de Drummond
Éric Lauzon-Duhaime, président de la Chambre de commerce et d’industrie de Drummond
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