MAIN-D’ŒUVRE. Malgré une possible guerre tarifaire qui aurait des impacts dévastateurs sur l’économie, des centaines d’entreprises à travers le Québec craignent pour leur survie, alors que les restrictions imposées au Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET) mettent en péril les permis de milliers de travailleurs impossibles à remplacer.
La Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ) et la Chambre de commerce et d’industrie de Drummond (CCID) demandent un moratoire sur les restrictions imposées au PTET dans ce contexte économique particulier. Dans un communiqué de presse, elles plaident pour une collaboration des deux paliers de gouvernements afin d’agir rapidement sur le maintien du niveau actuel de travailleurs étrangers temporaires (TET).
Essentiels pour l’économie régionale
Le gouvernement du Québec projette des pertes de 100 000 emplois si l’administration Trump met ses menaces tarifaires à exécution. Même si les tarifs entraient en vigueur et qu’il y avait des pertes d’emplois, les entreprises qui embauchent des TET ont des besoins spécifiques qui ne seraient pas automatiquement comblés par des nouveaux chômeurs. Par exemple, on pense aux soudeurs et aux travailleurs dans l’industrie touristique qui œuvrent dans toutes les régions du Québec.
Ainsi, les chambres de commerce avancent que le départ de ces travailleurs étrangers temporaires forcera de nombreuses entreprises à ralentir leur production, refuser des contrats et, dans certains cas, cesser leurs activités. Or, ce sont des entreprises qui tiennent bon devant l’incertitude économique et qui sont capables d’honorer leur carnet de commandes grâce à ces travailleurs.
«En pleine période d’incertitude économique, il serait déplorable d’ajouter une deuxième crise en privant les entreprises de travailleurs essentiels. Ces derniers contribuent à la compétitivité et à la vitalité économique de nos régions. En entreprise, on commence déjà à ressentir les effets des départs imminents de ces travailleurs», affirme Véronique Proulx, présidente-directrice générale de la FCCQ.
«Les travailleurs étrangers temporaires sont indispensables à la vitalité économique de Drummondville, comblant des besoins spécifiques que la main-d’œuvre locale ne suffit pas à remplir. Sans eux, plusieurs entreprises se verront contraintes de réduire leurs activités, menaçant ainsi l’équilibre économique de notre région. Il est urgent que les gouvernements prennent des mesures pour éviter un tel recul.», souligne Éric Lauzon-Duhaime, président de la CCID.
Des milliers de travailleurs bientôt à la retraite
Au troisième trimestre de 2024, le Québec enregistrait 127 000 postes vacants et un taux de chômage moyen de 5,4 %. En 2023 seulement, plus de 62 000 permis de travail étrangers temporaires ont été délivrés au Québec qui comblent les emplois de plus de 17 000 employeurs. Il faut évaluer l’impact des restrictions imposées à l’automne 2024 en tenant compte qu’il y aura un million de départs à la retraite d’ici 2031.
«On ne peut pas tenir deux discours contradictoires. D’un côté, on dit aux entreprises “augmentez votre productivité” et de l’autre “réduisez le nombre de travailleurs étrangers”. Réduire l’immigration de travailleurs étrangers est économiquement intenable, particulièrement au moment où nous devons mettre les bouchées doubles pour augmenter notre compétitivité. Il faut se donner les moyens pour réaliser nos ambitions et l’application d’un moratoire fait partie de la solution», conclut Véronique Proulx.