Le Musée de la photographie se reconstruit

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Par Emmanuelle LeBlond
Le Musée de la photographie se reconstruit
La directrice générale Jocelyne Fortin est entrée en poste en décembre 2023. (Photo : Ghyslain Bergeron)

CULTURE. Le Musée de la photographie ne lutte plus pour sa survie. L’établissement qui a été victime d’une fraude fiscale a réussi à s’en sortir, grâce à la mobilisation de plusieurs acteurs. L’avenir s’annonce sous le signe de la reconstruction et du développement.

L’autrice de ces lignes a rencontré la directrice générale Jocelyne Fortin dans les locaux de l’institution drummondvilloise située au centre-ville.

Plus d’un an s’est déjà écoulé depuis son entrée en poste. Au fil du temps, Jocelyne Fortin a su apprivoiser son nouvel environnement de travail. «Je suis fière, mais je n’ai pas beaucoup de choses à montrer. C’est beaucoup dans la conceptualisation et de régler des situations. Par exemple, j’ai dû créer la relation avec les bénévoles. J’ai accordé beaucoup de temps pour que les gens me connaissent. On a bâti des ponts», indique celle qui a pu compter sur le soutien du conseil d’administration.

Dernièrement, le Musée de la photographie a procédé à une importante restructuration. La situation financière a été prise en main.

«C’est sûr qu’il y a des négociations et des arrangements qui ont été faits. Auparavant, il y avait plusieurs employés. On a fait en sorte de diminuer la charge salariale le plus possible. Actuellement, je travaille seule. On a aussi fait des choix financiers en lien avec les expositions», indique-t-elle.

Rappelons que le Musée de la photographie a été secoué par un véritable tsunami en août 2023, alors qu’il a été victime d’une présumée fraude de 580 000 $ orchestrée par une ex-employée. Une plainte a officiellement été déposée auprès de l’escouade des crimes économiques de la Sûreté du Québec.

Une pluralité d’acteurs se sont mobilisés pour sauver l’institution. Un réel tour de force a été opéré. «Le musée n’est plus en survie. Il va vivre. On n’en ait pas sorti complètement, mais la plupart des organismes culturels traînent un petit déficit. Cette situation financière va probablement être terminée l’année prochaine. On a travaillé très fort», affirme Jocelyne Fortin.

Vers l’agrément muséal

Le Musée de la photographie déploie des efforts pour mettre la main sur l’agrément muséal. «C’est une reconnaissance ministérielle qui vient avec un financement. On aurait la possibilité d’avoir une équipe avec des professionnels», remarque la directrice générale.

Dans le passé, l’institution drummondvilloise a tenté à deux reprises d’obtenir ce sceau du ministère de la Culture et des Communications.

«On est à un moment où si on veut avoir l’agrément muséal, il faut quand même passer à une autre étape de développement. On questionne notre positionnement actuel», exprime Jocelyne Fortin. Celle-ci fait référence à un possible déménagement. Plusieurs scénarios sont actuellement à l’étude.

Qui plus est, la réalisation d’un inventaire global est dans les plans. Selon les dernières estimations, la collection du Musée de la photographie est composée de 35 000 items. De nouveaux dons s’ajoutent constamment.

Jocelyne Fortin souhaite avoir un meilleur portrait de la situation. «J’ai demandé une subvention salariale pour embaucher un technicien en muséologie pour faire un inventaire. J’attends une réponse. On en a facilement pour un bon six mois pour faire un inventaire.»

L’ancrage dans la communauté fait également partie des priorités. C’est pour cette raison que des ateliers de création autour de la photographie ont été développés. Les groupes scolaires du primaire, du secondaire et du collégial reçoivent des visites personnalisées.

Jusqu’à présent, Jocelyne Fortin se sent plus que jamais à sa place. «J’ai toujours travaillé dans le milieu culturel. Je connais toutes les phases de développement d’une organisation. J’ai déjà fait de la restructuration.»

«Pour moi, on est dans une phase de création où on doit convaincre des gens de prendre part à l’avenir du musée. C’est quand même très stimulant», conclut celle qui se sent d’attaque pour les prochains défis.

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