Les nombreuses carrières d’Éric Verrier

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Par Louis-Philippe Samson
Les nombreuses carrières d’Éric Verrier
Éric Verrier a changé de carrière à 47 ans afin de trouver plus de bonheur au travail. (Photo : Ghyslain Bergeron)

EXPRESS AFFAIRES. Éric Verrier est une figure reconnue à Drummondville. Pour plusieurs, il est l’homme à la tête du conseil d’administration des Voltigeurs dans la Ligue de hockey junior Maritimes Québec (LHJMQ), pour d’autres, il est un dirigeant d’entreprise à la longue feuille de route. Retour sur les différentes carrières de ce Drummondvillois.

Pour mieux comprendre qui est Éric Verrier aujourd’hui, il faut savoir où tout a commencé. Le jeune Éric a vite eu l’intention de suivre les traces de son père René, alors associé au cabinet de comptable Verrier Richard Hébert Béliveau Paquin et Associés (VRHBP). Ainsi, il a entrepris un baccalauréat en administration, profil comptabilité, à l’Université de Sherbrooke.

«Parce que mon père avait son cabinet, j’ai fait un stage d’été après ma deuxième année d’université, raconte M. Verrier. Je ne l’avais pas aimé, mais parce que j’avais déjà deux ans de fait, mon père m’a suggéré de finir mes études et de voir si je veux faire autre chose après. À ma quatrième année d’université, je suis allé à l’Université Laval étudier en évaluation. Après tout ça, j’avais deux ans de stages à faire pour devenir soit comptable ou évaluateur agréé. J’ai décidé de poursuivre en comptabilité et ça n’a jamais cessé ensuite. Je n’ai jamais pratiqué comme évaluateur.»

C’est en juillet 1987 que M. Verrier intègre le cabinet VRHBP. Peu après, il s’implique dans les Jeunes entrepreneurs du Centre-du-Québec, aujourd’hui la Jeune chambre de Drummond, nouvellement créée. Au cabinet, une nouvelle division pour les jeunes entreprises a été lancée au même moment. C’est là que s’est dirigé Éric Verrier. Il en a rapidement eu la responsabilité lorsque Pierre Thibault a quitté l’entreprise en 1988.

«À la base, je me considère beaucoup plus comme un entrepreneur qu’un comptable. Durant mon parcours, il fallait toujours que je retrouve ce côté entrepreneurial. Ce qui m’allumait le plus était de rencontrer les gens et de parler de leur vision, de leurs états financiers, de leur projet et de comment le cabinet pouvait les accompagner dans leur développement d’affaires», précise-t-il.

Réorientation

Éric Verrier s’épanouissait dans cette carrière. Au moment du décès de son père d’un cancer en 1998, André Paquin a repris la direction générale de Verrier Paquin Hébert jusqu’à ce qu’il ait lui aussi un diagnostic de la maladie en 2006. À ce moment, Éric Verrier et les associés du cabinet ont dû commencer à réfléchir à l’avenir de l’entreprise.

Comptable agréé de formation, Éric Verrier est dorénavant associé au cabinet d’assurance Synex situé sur la rue Saint-Georges à Drummondville. (Photo : Ghyslain Bergeron)

«À l’époque, on était parmi les 10 plus gros cabinets de comptables au Québec, mais le plus gros en dehors des grands centres de Montréal et Québec. On a donc amorcé des rencontres avec des cabinets provinciaux. En 2007, on s’est finalement regroupé avec Deloitte», mentionne M. Verrier.

Pendant quatre ans, Éric Verrier poursuit sa carrière au sein de la famille Deloitte. En 2011, il réalise qu’il n’éprouve plus le même plaisir au travail. Il n’arrivait plus à retrouver les valeurs d’entrepreneur qui lui sont chères. C’est ce qui l’a mené à songer à la suite de sa carrière. Ainsi, avec rien devant lui, il a choisi de quitter son emploi.

«Je me retrouvais moins chez Deloitte. J’ai annoncé mon départ. Je suis un gars de nature positive et optimiste. J’ai fait confiance en la vie; je me suis dit “elle va m’amener ce qui sera bon pour moi”», lance l’homme d’affaires âgé de la soixantaine.

Son oncle, Michel Verrier, l’a donc approché pour lui présenter un projet de relève de son cabinet de courtage en assurances Synex Verrier & Associés avec les actionnaires déjà en place. Attiré par ce nouveau projet, il a officiellement intégré l’équipe en mars 2012. «J’ai profité de cette pause entre mes deux emplois pour faire les examens nécessaires pour devenir courtier en assurances», détaille-t-il.

Aujourd’hui, c’est un choix qu’il ne regrette pas. À l’époque, il voyait cela comme un beau défi d’entrepreneur de racheter le cabinet de son oncle avec les associés déjà établis afin de continuer à le faire grandir.

«Lorsque j’avais mes différentes options devant moi, la comptabilité et l’assurance demeuraient deux domaines axés sur les relations humaines. Je suis quelqu’un qui apprécie les relations humaines avec les employés et leur bien-être. J’aurais aussi pu me diriger vers une entreprise manufacturière pour laquelle je n’avais pas de bagage. Entre les deux, j’ai choisi une entreprise axée sur les relations humaines avec les clients», précise M. Verrier.

Éric Verrier voulait aussi tenter quelque chose de nouveau. Pour lui, c’était le moment idéal pour faire ce changement. Malgré les défis à court terme, le Drummondvillois savait qu’il en retirerait beaucoup plus de bonheur à long terme.

«À un moment donné, on peut tomber dans nos pantoufles, mais on doit se demander si on est heureux. Je crois que c’est une question fondamentale à se poser lorsqu’on va travailler ou qu’on fait quoi que ce soit. Si la réponse est non, je suggérais de penser à changer. Il n’est pas trop tard, ce n’est pas vrai que ça ne donnera rien. Mon meilleur conseil serait “si tu es attiré par quelque chose, fais-le”. Être heureux peut compenser un salaire plus bas ou encore les défis d’apprendre un nouveau métier», estime Éric Verrier.

Implication

Éric Verrier est aussi reconnu pour ses implications dans la communauté. En compagnie de son père et son oncle Claude, ils ont travaillé d’arrache-pied afin de doter Drummondville d’un centre de tennis intérieur, dont il a été président durant six ans.

Le centre de tennis intérieur René-Verrier, la Fondation René-Verrier et les Voltigeurs de Drummondville sont parmi les implications communautaires les plus marquantes d’Éric Verrier. (Photo : archives, Ghyslain Bergeron)

«Au début, ce n’était pas dans un bâtiment adapté pour le sport. Devant l’engouement, on n’a pas eu d’autre choix que d’agrandir. On voulait donner une infrastructure adéquate aux citoyens. On avait confiance qu’ils allaient se l’approprier et faire ce qu’il faut pour l’optimiser. Au départ, c’était pour la pratique récréative, mais rapidement ça a permis le sport-études et le tournoi du Challenger», dit celui qui a longtemps été entraîneur de tennis durant sa jeunesse.

Par ailleurs, le diagnostic de cancer du cerveau de René Verrier a servi de déclencheur pour la famille quant à la création de la fondation du même nom. Les Verrier avaient les moyens de permettre à leur père de terminer ses jours confortablement à la maison. En constatant que peu ont cette chance, la famille a mis sur pied la fondation qui souhaite donner l’opportunité à tous d’avoir des soins à domicile en fin de vie. Au fil du temps, la Maison René-Verrier et le Havre d’Élizabeth ont vu le jour grâce au travail de la fondation.

Aussi, depuis 2004, il agit comme président du conseil d’administration des Voltigeurs de Drummondville. Il a fait partie du groupe qui a permis la relance de l’équipe en 2004 et qui l’a amenée où elle est maintenant. Aujourd’hui, Éric Verrier donne beaucoup de crédit à son père qui a agi comme modèle pour lui.

«Ça me rend fier que les gens utilisent les services de la Maison René-Verrier par exemple. Ça fait partie de mon ADN; mon père s’impliquait beaucoup dans la communauté. Je voyais tout ce qu’il allait y chercher et ça m’inspirait. Lorsque je m’implique dans quelque chose, je veux le gérer afin de rendre de meilleurs services à la population et assurer sa pérennité», indique Éric Verrier, qui retire beaucoup de fierté de ses implications dans la communauté.

Maintenant, le sexagénaire se souhaite d’être heureux le plus possible. Il se prépare graduellement à prendre sa retraite. Il a commencé à déléguer et délaisser certaines tâches au travail et a réduit ses semaines à quatre jours au bureau. Avec plus de temps libre, il souhaite voyager plus souvent. Un de ses défis d’ici là est d’inciter les gens, surtout les jeunes, à mieux s’éduquer quant au milieu de l’assurance.

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