MUSIQUE. La soprano Marianne Lambert s’apprête à présenter sa plus importante production en carrière à la Maison des arts. Après deux ans de travail, elle dévoile au grand jour le concert multimédia Mes mers intérieures, un voyage musical bouleversant et lumineux sur le deuil périnatal.
Marianne Lambert a un parcours de grossesse atypique. Aujourd’hui, elle brise le silence. «J’ai fait un chemin de guérison. Je me sens prête à en parler. C’est un sujet qui est très délicat parce que c’est douloureux, surtout pour les femmes. On porte beaucoup de culpabilité par rapport à ça», exprime-t-elle, en toute transparence.
Celle qui rêvait de fonder sa propre famille a vite été confrontée à des embuches. «Je suis tombée enceinte très rapidement. Je commençais déjà à voir des complications dès le premier trimestre. J’avais beaucoup de saignements et des maux de tête. J’ai fait plusieurs tests. J’ai appris que j’avais une malformation de l’utérus. Il y avait de grosses chances que je perde le fœtus. C’est ce qui est arrivé», raconte celle qui réside à Blainville.
Un an plus tard, Marianne Lambert attendait un nouvel enfant. Son travail a commencé à la vingtième semaine. Le personnel médical a découvert que le col de l’utérus de la mère était incompétent. Après l’accouchement, Marianne Lambert a dû faire ses adieux déchirants à la petite Emma.
Le cauchemar s’est répété. «Grosso modo, j’ai eu en tout 12 grossesses. J’ai deux garçons vivants. J’ai perdu deux filles à cinq mois de grossesse», indique-t-elle.
«Je comprends la douleur quand les mamans ou les papas m’en parlent. Évidemment, la perte de mes deux filles représente un deuil extrêmement difficile à porter. C’est un petit bébé qui expire dans tes bras. C’est un petit bébé que tu enterres. Tu as un bracelet d’hôpital. Tu as son certificat de décès.»
À travers le concert Mes mers intérieures, Marianne Lambert livre son histoire en musique. L’artiste a conçu ce spectacle pour se libérer.
«Il n’y a rien que les arts pour exprimer la douleur et la beauté à travers ça. Il n’y a pas juste de la tristesse. Il y a de l’espoir. Il y a une lumière qui est possible au bout de cette aventure», souligne-t-elle.
Le spectacle multimédia, soutenu par des projections visuelles et des éclairages, retrace les phases du deuil et de la guérison.
Sous la direction de Julien Proulx, chef d’orchestre de l’Orchestre symphonique de Drummondville, et dans une mise en scène d’Isabeau Proulx-Lemire, la soprano Marianne Lambert interprétera des œuvres de compositeurs tels que Barber, Ravel, Debussy, Britten et Mahler, dans un parcours musical en lien avec la maternité, la perte, et la résilience.
Le public aura également la chance d’entendre la pièce Reste, une composition originale de Maggie Ayotte qui explore la difficulté de quitter le petit corps de son enfant.
La représentation se conclura par l’interprétation de la 2e symphonie de Kurt Weill, une œuvre à la fois dense et lumineuse.
Le grand concert Canimex sera présenté en grande première à la Maison des arts de Drummondville, le 20 février.
Il s’agit d’un moment chargé en émotions pour Marianne Lambert. «Je me sens fébrile d’enfin pouvoir le montrer et de le partager. J’ai hâte aussi de rencontrer le public après le concert», soutient l’instigatrice du projet.