La culture en crise, le milieu centricois se mobilise

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Par Emmanuelle LeBlond
La culture en crise, le milieu centricois se mobilise
La Maison des arts de Drummondville représente un joueur important dans l’écosystème culturel. (Photo : Ghyslain Bergeron)

CULTURE. Le secteur culturel et artistique de la région, incluant la Maison des arts de Drummondville, joint sa voix au Front commun des arts en réclamant la bonification du budget du Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ) dès la prochaine année financière.

«Nous avons la chance d’être un joueur important dans l’écosystème culturel, un élément majeur pour la Ville de Drummondville et aussi pour la région du Centre-du-Québec. Des inquiétudes demeurent quant à la poursuite de nos opérations sous la forme actuelle. La dévitalisation de la culture québécoise a de réelles conséquences», fait savoir la directrice générale et artistique du diffuseur pluridisciplinaire, Marie-Pierre Simoneau.

La Maison des arts reçoit les mêmes montants de la part des bailleurs de fonds depuis 2010. En parallèle, l’inflation a grimpé. «Quand on regarde les budgets, les coûts fixes ont beaucoup augmenté», indique-t-elle, en faisant référence aux frais de déplacements, d’hébergement et de l’épicerie.

Autre coup dur, le coup de pouce financier octroyé par le CALQ durant la pandémie a cessé. «L’argent n’a pas été reconduit pour les aides spéciales qu’on a reçues, soit les aides à la billetterie que le Conseil des arts et des lettres du Québec nous a versées pendant quelques années. Tout a arrêté en juin 2024. Cet argent-là nous aidait à supporter des spectacles un peu plus à risque», souligne Marie-Pierre Simoneau.

La Maison des arts souhaite par-dessus tout poursuivre sa mission pluridisciplinaire, en cohérence avec sa vision artistique. Ce n’est pas une mince affaire. «On n’est pas du tout en mode développement, créativité, expansion ou propulsion. On est en consolidation de ce qu’on est en train de faire. C’est notre année 2025.»

Le calendrier du diffuseur reste pour le moment bien chargé. Face au sous-financement en culture, l’avenir demeure toutefois préoccupant. «On ne peut pas être dans le statu quo constamment. C’est sûr qu’on va frapper un mur si on fait ça. Il va falloir qu’on coupe dans quelque chose», mentionne la directrice générale.

C’est pour cette raison que la Maison des arts appuie les demandes du Front commun des arts, portant entre autres à 200 M$ les crédits permanents du CALQ dès la prochaine année financière.

En mars 2024, lors de la présentation du budget provincial, le ministre de la Culture et des Communications du Québec annonçait que le CALQ disposait d’un budget de 160,46 M$ pour l’année 2024-2025.

Effritement de l’offre

Culture Centre-du-Québec, ayant également rejoint le Front commun des arts, a le même son de cloche. Le milieu culturel est en crise, affirme la directrice générale, Andréanne Blais. «On constate vraiment depuis plusieurs mois de plus en plus d’essoufflements et de précarité au sein de nos organisations et auprès des artistes qu’on représente. La situation qui se vit au Centre-du-Québec reflète ce qui se vit à l’échelle globale de la province.»

Fermetures partielles, mises à pied, réduction des activités de la programmation : les répercussions liées à l’insuffisance de financement se répercutent sur le territoire. Résultat, l’offre culturelle s’effrite.

La culture et les arts sont pourtant au cœur de l’identité nationale et régionale, soutient Andréanne Blais. Il s’agit d’un secteur qui contribue au développement du sentiment d’appartenance chez les citoyens envers leur région, soutient-elle.

«Parfois, on a le sentiment que les arts et les cultures sont le glaçage sur le gâteau. C’est quelque chose qui est plus du divertissement ou de l’ordre de la frivolité. On est tout à fait conscient. On voit qu’on est dans une crise économique et sociale assez générale. Il y a des problèmes au niveau du logement et de la santé. Toutes sortes de choses très importantes.»

«Les gens pensent que le milieu des arts et de la culture est une préoccupation secondaire par rapport à ces besoins primaires. Il faut réaliser l’importance capitale qu’ont les arts et la culture dans qui nous sommes, individuellement et collectivement. On doit protéger ça de la même manière qu’on protège les autres secteurs. Ce sont des piliers de notre société et de notre bien-être comme collectivité», conclut-elle.

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