Hôpital : refuser de l’inscrire au PQI serait de la «négligence» selon les médecins

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Par Louis-Philippe Samson
Hôpital : refuser de l’inscrire au PQI serait de la «négligence» selon les médecins
Brigitte Garceau, Dr Simon Coiteux, André Fortin, Dre Nancy Durand, Dre Joyaube Chapdelaine et Dre Catherine Tétreault lors du point de presse tenu dans le Hall principal de l'hôtel du Parlement à Québec. (Photo : capture d'écran, Assemblée nationale du Québec)

HÔPITAL. Quatre médecins de l’hôpital Sainte-Croix ont tenu un point de presse, jeudi, dans le hall principal de l’hôtel du Parlement à Québec afin de réclamer pour une énième fois l’inclusion du projet de construction d’un nouvel hôpital régional au prochain plan québécois des infrastructures (PQI).

Les médecins drummondvillois étaient accompagnés du porte-parole de l’opposition officielle en santé et député libéral, André Fortin. Les Dre Nancy Durand, médecin de famille et cheffe de la table médicale territoriale du RLS Drummond, Dre Joyaube Chapdelaine, chirurgienne générale et cheffe adjointe du service de chirurgie générale du CIUSSS MCQ, Dr Simon Coiteux, médecin de famille enseignant, directeur du GMF-U de Drummondville et coordonnateur de l’enseignement pour le RLS Drummond et Dre Catherine Tétreault, médecin de famille enseignante et membre de la coalition pour un hôpital régional à Drummondville, ont tour à tour pris la parole. Pour les Dre Durand et Dre Tétreault, c’était la deuxième fois qu’elles se rendaient au Parlement de Québec pour cette raison.

Chacun a martelé les différentes raisons pourquoi l’hôpital Sainte-Croix est désuet, pourquoi il doit être remplacé dans les meilleurs délais et pourquoi il doit être inclus au PQI dès cette année. La Dre Tétreault n’a pas hésité à interpeller directement le premier ministre François Legault et le ministre de la Santé Christian Dubé lors de son allocution.

«Retarder d’une autre année l’inscription du projet du nouvel hôpital régional à Drummondville au Plan québécois des infrastructures, c’est jouer à la roulette avec la santé des citoyens de Drummondville et du Centre-du-Québec qui sont tous mobilisés pour la cause. C’est ignorer l’appel à l’aide de toute une communauté et de toute une région qui a démontré depuis plus de deux ans l’urgence d’agir. C’est nier le pouvoir d’agir du Centre-du-Québec et des régions sur la crise en santé. En bref, retarder l’inscription du projet de nouvel hôpital régional à Drummondville encore d’un an, c’est aujourd’hui ni plus ni moins que de la négligence en toute connaissance de cause», s’est insurgée Dre Tétreault, la voix emplie d’émotions.

André Fortin n’a pas hésité à affirmer que l’hôpital Sainte-Croix «tombe littéralement en ruines». Accompagné de sa collègue porte-parole de l’opposition officielle pour la région de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec, Brigitte Garceau, M. Fortin a appuyé l’inscription du projet au PQI dès cette année. Il a aussi rappelé que l’engagement pris par la Coalition avenir Québec (CAQ) lors des dernières élections tarde à être réalisé.

L’hôpital Sainte-Croix. (Photo : archives, Ghyslain Bergeron)

«L’hôpital tient avec de la broche, mais il est tenu à bout de bras par le personnel qui fait des miracles dans des conditions absolument défavorables à leur pratique. Ce qui nous inquiète au Parti libéral, c’est qu’on a un peu manqué la fenêtre où le gouvernement avait des sommes à dépenser. Aujourd’hui, on est en période de restrictions budgétaires, mais il y a peut-être une dernière opportunité puisque M. Legault nous dit qu’il veut relancer l’économie avec des projets d’infrastructures hospitalière entre autres. S’il veut respecter cette orientation, on l’encourage fortement à inscrire le projet de Drummondville en priorité au PQI», a déclaré André Fortin.

Un frein pour la région

Les intervenants se sont relayés pour énumérer les faiblesses de l’édifice actuel et comment un nouvel édifice permettrait d’améliorer la qualité des soins et recruter plus de personnel soignant.

«Depuis un an, les bris se sont accélérés. Leur variété est assez importante. Ça fait en sorte qu’on a toujours un peu de piquant dans notre journée à savoir ce qui va briser aujourd’hui. Il y a de l’imagination débordante de tout le monde pour essayer de maintenir des soins adéquats pour chaque personne qui en aura besoin dans notre hôpital. Ce qui fait la plus grande différence à Drummondville, ce sont les gens qui y travaillent. Le personnel travaille, ensemble, en équipe, main dans la main pour s’assurer qu’il ne manquera de rien. C’est beau avoir de l’imagination, mais, un jour, il va arriver quelque chose de grave. On ne veut pas que ça arrive», a dit Dre Durand, soulignant l’implication des députés André Lamontagne et Sébastien Schneeberger au passage.

La chirurgienne Joyaube Chapdelaine signale que la situation actuelle ne peut plus durer et que les équipes sont plafonnées dans ce qu’elles peuvent accomplir. Avec plus d’espace, elle avance que le personnel deviendrait plus efficace. Il bénéficierait d’espaces de circulation et des zones de rangements optimaux et où seuls les patients de chirurgie circuleraient.

«Le bâtiment actuel ne nous permet plus de faire plus. Les nombreux bris, les dégâts d’eau de l’édifice, ça retarde continuellement notre travail. Nos infrastructures sont désuètes, elles ne nous permettent pas d’avoir accès aux technologies modernes qui sont plus efficaces. Malgré ça, on réussit à performer, à atteindre des résultats au-delà de ce qui est attendu. Mais maintenant, imaginez ce qu’on pourrait faire dans les conditions idéales», a-t-elle exposé.

L’édifice actuel pose aussi des défis quant au recrutement de nouveaux médecins et de personnel soignant. Le Dr Simon Coiteux, qui est médecin de famille enseignant, dénonce le manque d’espace pour former les futurs médecins dans l’hôpital alors que l’Université de Sherbrooke souhaite implanter un campus délocalisé de formation médicale à Drummondville.

«En ce moment, on manque d’espace pour former la relève comme il faut. Les étudiants n’ont pas de salles pour rencontrer les patients. Ils n’ont pas de place pour s’asseoir et réfléchir aux patients qu’ils viennent juste de rencontrer. Par manque de place au poste, ils s’installent debout au comptoir parce qu’il n’y a même pas assez de chaises. S’ils ont la chance de trouver une chaise libre, leur genou fait office de comptoir pour déposer leur dossier et écrire leurs notes. Ça fait dur. Plusieurs spécialités n’offrent même pas de stages parce qu’ils ont à peine de l’espace pour installer leur propre équipe médicale. Pensez-vous que ça donne une belle image de notre hôpital? Pensez-vous qu’on réussit à offrir une expérience de stage positive qui va donner envie à ces futurs médecins de revenir pratiquer chez nous ou en région?», s’est questionné Dr Coiteux.

À l’heure actuelle, sept postes de médecins de famille doivent être pourvus à Drummondville. Aucun n’a trouvé preneur, car les candidats ont préféré aller travailler dans de différents établissements. Les médecins estiment que plus le temps passera, moins la région deviendra attractive pour les futurs professionnels de la santé.

Les médecins ont tout de même affirmé qu’ils poursuivront la bataille. Malgré les projets d’améliorations, comme la construction d’une urgence modulaire, celles-ci ne sont que des solutions temporaires selon eux.

«C’est trop important. On ne peut pas abandonner une cause comme ça. On espère qu’on sera entendu. On n’a pas fini de faire des démarches. Ce serait bien que ce soit cette année, parce que, honnêtement, tenir 10 ans dans ces circonstances-là, on a de l’imagination, mais ça va être difficile», a conclu Dre Durand.

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