L’augmentation salée des loyers inquiète Action location

Photo de Emmanuelle LeBlond
Par Emmanuelle LeBlond
L’augmentation salée des loyers inquiète Action location
Les propriétaires ont jusqu’au 31 mars pour transmettre par écrit leurs avis d’augmentation de loyer. (Photo : Deposit)

LOGEMENT. 5,9 % : voici le taux d’augmentation suggéré par le Tribunal administratif du logement (TAL) pour un appartement non chauffé au Québec en 2025. Face à cette hausse record, l’organisme Action location Drummond se dit préoccupé.

«On trouve ça très élevé. L’an passé, on avait une augmentation de 4 %. Quand on a fait la moyenne, l’augmentation réelle est de 14 %. Actuellement, on parle de 5,9 %. Dans la réalité, il y a des gens qui vont accepter beaucoup plus que ça. Les propriétaires sont gourmands», indique l’intervenante en droits des locataires chez Action location Drummond, Mélanie Gamelin.

Le taux suggéré par le TAL, dévoilé mardi, représente la plus forte augmentation en 30 ans à travers la province. D’après ses calculs, un loyer mensuel de 1000 $ non chauffé passe à environ 1059 $, ce qui équivaut à une augmentation de près de 60 $ et plus de 700 $ par année. En comparaison, la hausse était plutôt de 40 $ par mois en 2024.

L’intervenante chez Action location Drummond considère la situation comme «inquiétante», alors que les locataires ne cessent de s’appauvrir. «On a beaucoup d’appels. On sent beaucoup de détresse. Les locataires sont de plus en plus pris à la gorge. Souvent, les revenus n’augmentent pas. Par contre, le loyer d’une année à l’autre augmente de plus en plus.»

Le portrait de la clientèle qui consulte les services de l’organisme demeure varié, allant des jeunes aux aînés, des personnes seules aux familles. «Ils ont tous le même problème. Les montants sont élevés. Ils ont de la misère à arriver.»

Récemment, Mélanie Gamelin a été témoin d’une hausse particulièrement significative de la part d’un propriétaire. Le 17 janvier dernier, un Drummondvillois a reçu un avis d’augmentation de loyer qui s’élevait à 52 %. «Ça fait trois ans que je suis chez Action location et je n’ai jamais vu ça», soutient-elle.

Rappelons que le propriétaire doit transmettre l’avis d’augmentation écrit de trois à six mois avant la fin du bail.

Du moment où l’avis d’augmentation est reçu, le locataire a 30 jours pour répondre au propriétaire par écrit. Il est préférable de transmettre la réponse par courrier recommandé afin d’avoir une preuve de réception.

L’intervenante tient à rappeler un droit fondamental des locataires. «Les gens ont le droit de refuser une hausse de loyer qu’ils jugent trop élevée. Il y a beaucoup de gens qui ne savent pas ça.»

Sur l’avis d’augmentation, le propriétaire doit indiquer trois choix de réponse, soit celui d’accepter et renouveler le bail, de refuser et renouveler le bail ou de déménager à la fin du bail.

«Lorsque le locataire refuse, il envoie sa réponse au propriétaire. Ensuite, le propriétaire a 30 jours pour ouvrir un dossier au Tribunal pour faire une fixation de loyer. Le propriétaire apporte toutes les factures, les dépenses qu’il a encourues au cours de la dernière année», explique Mélanie Gamelin

«C’est avec ça que le juge va faire son calcul pour donner le loyer juste. Ce sont des démarches qui appartiennent au propriétaire. Le rôle du locataire est de se présenter à l’audience tout simplement», complète-t-elle.

Rappelons que si le locataire vit dans un immeuble neuf ou de moins de cinq ans – ou s’il y a eu un changement d’affectation à l’immeuble – il ne peut pas refuser l’augmentation. Il devra accepter ou déménager. La même règle s’applique si le locataire vit dans un logement à prix modique, puisque le coût du loyer est basé sur les revenus.

Dans tous les cas, Mélanie Gamelin invite les locataires à faire preuve de vigilance. «J’aimerais qu’ils s’informent avant de mettre une signature sur quoi que ce soit», termine-t-elle.

Partager cet article