FÉDÉRAL. Lundi matin, Justin Trudeau a annoncé qu’il démissionnera de son poste en tant que premier ministre du Canada et chef du Parti libéral du Canada (PLC). Il assura l’intérim jusqu’à ce qu’un nouveau chef soit désigné.
M. Trudeau a demandé à la gouverneure générale, Mary Simons, de proroger le Parlement au 24 mars, le temps que le PLC élise son prochain chef. Cela signifie que les activités de la Chambre des communes seront ajournées jusqu’à cette date.
«Malgré tous les efforts déployés pour passer à travers, le Parlement est paralysé depuis des mois, après ce qui a été la plus longue session d’un Parlement minoritaire dans l’histoire de notre pays. C’est pourquoi ce matin j’ai rencontré la gouverneure générale pour lui faire savoir que nous avions besoin d’une nouvelle session du Parlement. Elle a accédé à ma demande», a expliqué Justin Trudeau devant sa résidence de fonction de Rideau Cottage.
Le premier ministre a d’ailleurs déjà demandé au président du PLC, Sachit Mehra, de commencer les étapes nécessaires pour la course à la chefferie. «Conformément à la Constitution du Parti libéral, je convoquerai une réunion des membres du Conseil national qui se tiendra cette semaine pour commencer le processus démocratique pancanadien de sélection d’un nouveau chef du parti», a déclaré M. Mehra dans un message sur X.
Justin Trudeau ne s’était pas adressé officiellement aux médias depuis la mi-décembre, soit depuis la démission surprise de la vice-première ministre et ministre des Finances, Chrystia Freeland. Celle-ci avait engendré une vraie onde de choc au sein du gouvernement libéral le jour du dépôt de la mise à jour économique.
M. Trudeau lui avait demandé de céder sa place aux Finances à l’ancien gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney, sur lequel plusieurs libéraux misent pour diriger le pays dans un avenir rapproché, selon Radio-Canada. Le leadership du premier ministre a été remis en question à de nombreuses reprises depuis l’automne dernier.
Réactions à tout va
Que ce soit du côté des membres du cabinet de Justin Trudeau, ses partenaires politiques ou les opposants des autres partis, les réactions à la démission éventuelle du premier ministre ne se sont pas faites attendre.
Le ministre fédéral de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie, François-Philippe Champagne, est reconnaissant du dévouement et des années de service de Justin Trudeau. «Qu’il s’agisse de redéfinir le paysage industriel, de saisir des opportunités générationnelles ou d’aider les Canadiens en moments difficiles, le Canada peut regarder l’avenir avec confiance», a-t-il écrit sur X.
«Merci, monsieur le Premier ministre, de votre leadership, de vos nombreuses contributions au Canada et des sacrifices que vous et votre famille avez faits au nom du service public. Nous vous souhaitons le meilleur dans vos prochains chapitres», a félicité l’ancien directeur de la banque du Canada Mark Carney.
Le premier ministre du Québec, François Legault, a quant à lui salué la décision de M. Trudeau bien que leurs opinions «aient souvent divergé». «On a des défis importants qui nous attendent, notamment avec l’arrivée de Donald Trump le 20 janvier. Je vais continuer de travailler avec M. Trudeau, son ou sa successeur et le gouvernement en place pour éviter ces tarifs», soutient-il.
Pour ce qui est des chefs des partis d’opposition, ils réclament la tenue d’élections le plus rapidement possible. C’est le cas notamment du chef du Parti conservateur du Canada, Pierre Poilièvre.
«Tous les députés libéraux et tous les candidats à la chefferie ont soutenu TOUT ce que Trudeau a fait pendant 9 ans, et maintenant ils veulent tromper les électeurs en échangeant un autre visage libéral pour continuer à arnaquer les Canadiens pendant encore 4 ans. La seule façon de réparer ce que les libéraux ont brisé est de tenir des élections afin d’élire des conservateurs de gros bon sens qui ramèneront la promesse du Canada», insiste-t-il dans une publication sur X.
Le chef du Nouveau Parti démocratique, Jagmeet Singh, a déclaré que les libéraux «ne méritent pas une autre chance», peu importe qui dirigera le PLC, et que son parti est le seul à défendre les intérêts des Canadiens.
En point de presse lundi matin, le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, a affirmé que le jugement des Québécois sur le bilan du gouvernement Trudeau sera «extrêmement sévère». Il exige que le Parti libéral s’expose à une élection générale le plus rapidement possible.