Top 12 : francisation, entre augmentations et compressions

Photo de William Hamelin
Par William Hamelin
Top 12 : francisation, entre augmentations et compressions
Le phénomène des travailleurs étrangers temporaires expliquerait l’augmentation d’inscriptions au cours de francisation du centre de formation générale aux adultes Sainte-Thérèse. (Photo : William Hamelin)

RÉTROSPECTIVE. Le dernier sujet marquant de 2024 a été celui de la francisation. À Drummondville, comme partout au Québec, l’augmentation de la demande pour les cours en début d’année contraste avec la fermeture récente de nombreuses classes permettant aux nouveaux arrivants et aux travailleurs étrangers temporaires d’apprendre le français.

La session d’hiver 2024 a débuté avec de nouveaux records d’inscriptions pour les cours de francisation au Cégep Drummond. Alors que 250 personnes ont pris part à la rentrée automnale en 2023, un total de 150 personnes ont complété la session. De plus, une quarantaine d’immigrants ont participé aux cours de francisation à temps complet, sous une formule de jour.

Au début de la session d’automne 2024, c’était au tour du Centre de formation générale aux adultes (CFGA) Sainte-Thérèse de constater une hausse «sans précédent» de sa clientèle.

Le CFGA comptait 27 groupes de francisation, répartis entre les temps complet et partiel, totalisant 418 élèves qui débutaient leur parcours en septembre. À la fin de l’année scolaire 2023-2024, en juin dernier, le CFGA dénombrait 285 personnes inscrites en francisation de soir comme de jour.

Le directeur des services éducatifs à la formation générale aux adultes et directeur du CFGA Sainte-Thérèse, Yves Hébert, attribue cette augmentation au phénomène des travailleurs étrangers temporaires souhaitant se franciser.

Pour sa part, le Cégep Drummond enregistrait, en septembre, 63 élèves inscrits à temps complet et répartis dans quatre groupes. L’année dernière, à pareille date, l’établissement d’enseignement n’en comptait qu’un seul de 18 élèves.

La conseillère pédagogique et responsable de la francisation à la formation continue et des services aux entreprises du Cégep Drummond, Raquel Le Maire, voyait ce dénombrement comme un retour à une normalité prépandémie pour les cours de francisation.

Le temps des compressions

Au milieu de l’automne, plusieurs centres de services scolaires (CSS) ont été coupés court dans leur élan. Le gouvernement du Québec a exigé à ses derniers de ne pas outrepasser le financement consacré à la francisation tel qu’il était en pleine pandémie, en 2020-2021. Plusieurs CSS ont fermé des classes de francisation, dont le CSSDC.

Plus de 200 personnes ont été touchées par la réduction de services scolaires en francisation au CFGA Sainte-Thérèse à Drummondville. (Photo : Emmanuelle Leblond)

Ainsi, au début du mois de novembre, le CFGA Sainte-Thérèse a mis fin à plusieurs classes de francisation. Pas moins de 225 élèves ont vu leur cours se terminer brusquement avant la fin de la session d’automne. La nouvelle a été difficile à encaisser pour certains.

«Je voudrais faire un travail différent en contribuant au milieu de la santé. Si je n’ai pas un bon niveau de français pour parler et pour écrire, je ne pourrai jamais accéder à la formation que je veux», mentionnait Diana Marroquin, originaire de la Colombie, qui fréquente le CFGA Sainte-Thérèse depuis plus de deux ans.

«En 2020-2021, il y avait moins d’étudiants. Il n’y avait pas l’arrivée massive des travailleurs temporaires et des demandeurs d’asile sur le territoire. L’année passée, on a fait 208 ETP (équivalent temps plein) en francisation. Sans tambour ni trompette, le ministère de l’Éducation nous informe qu’on passe de 208 ETP à 75 ETP», soulignait le directeur du CFGA.

Ces coupures dans les classes de francisation ont engendré un mouvement de contestation à travers la province. Le Collectif francisation, un regroupement des enseignants de français langue seconde employés par les CSS de toute la province, est devenu le porte-étendard de ce mouvement.

C’est ainsi qu’en début décembre, le ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration du Québec a fini par entendre les demandes et a annoncé une réinjection de 10 M$ au ministère de l’Éducation du Québec (MEQ) pour augmenter l’offre de francisation dans le réseau des CSS.

Cette somme permettra à plus de 5 000 élèves d’avoir accès à des cours de français jusqu’au 31 mars 2025. Toutefois, le CSSDC ne touchera pas un cent du montant alloué, a confirmé son directeur général, Lucien Maltais. La raison étant qu’un point de service du ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration est présent dans la région et que les gens qui souhaitent s’inscrire peuvent le faire auprès du ministère directement.

(Note de la rédaction) Nous vous présentons notre traditionnelle Revue de l’année. Les journalistes de la salle de rédaction de L’Express ont identifié douze événements marquants de l’année 2024. Des nouvelles qui ont fait vibrer, réfléchir et réagir la communauté drummondvilloise et des environs. Nous avons aussi préparé une rétrospective de la Ville de Drummondville et des 17 autres municipalités composant la MRC de Drummond. Il s’agit d’un dernier coup d’oeil dans le rétroviseur avant d’amorcer la nouvelle année. Bonne lecture!

Partager cet article