Top 5 : la DPJ de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec mise sous tutelle

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Par Cynthia Martel
Top 5 : la DPJ de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec mise sous tutelle
Les services de la protection de la jeunesse de Drummondville sont situés au pavillon Edgar-Laforest, sur le boulevard Lemire. (Photo : Ghyslain Bergeron)

RÉTROSPECTIVE. 9 octobre 2024 : le ministre des Services sociaux, Lionel Carmant, décide de placer sous tutelle la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec, réagissant à des révélations troublantes publiées par La Presse.

Selon l’enquête du quotidien montréalais, un rapport de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse (CDPDJ), commandé par le ministre Carmant, a mis en évidence des pratiques troublantes : des enfants auraient été placés en banque mixte pour adoption de manière précipitée et des rapports falsifiés auraient été soumis comme preuves au tribunal par des intervenants.

Le ministre Carmant a qualifié la situation d’«intenable», tout en déplorant que les problèmes persistent depuis longtemps.

«Ça fait six ans que je suis ici, que je dis qu’il faut faire plus de préventions, qu’il faut accompagner les parents, qu’il ne faut pas enlever les enfants des parents, et je lis ça ce matin : je suis déboussolé», avait-il laissé tomber dans les couloirs de l’Assemblée nationale.

Des réactions en chaîne

La nouvelle a suscité des réactions immédiates et fortes de divers acteurs, à commencer par Brigitte Garceau, porte-parole de l’opposition officielle en matière de protection de la jeunesse. La députée libérale de Robert-Baldwin a critiqué la lenteur du gouvernement et exhorté à une réforme profonde pour éviter de telles dérives à l’avenir.

La porte-parole de l’opposition officielle en matière de protection de la jeunesse, Brigitte Garceau. (Photo Ghyslain Bergeron)

«Cette décision arrive bien trop tard. Dès juin 2023, j’avais demandé au gouvernement d’agir face aux nombreux dysfonctionnements dans cette région. J’avais réclamé la mise sous tutelle de la DPJ pour protéger les enfants et les familles affectés par une gestion désastreuse et des pratiques inacceptables», a-t-elle déploré.

«À cette époque, le ministre Lionel Carmant était resté silencieux, minimisant l’urgence de la situation, malgré les signaux d’alarme clairs. Il a fallu attendre des mois, et la publication d’un document choc pour que le gouvernement daigne enfin agir (…) C’est un affront aux droits fondamentaux des enfants et des parents.»

Pour sa part, l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS) de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec a appelé à l’application rapide des recommandations du rapport Laurent.

Le syndicat a rappelé que les difficultés soulevées étaient déjà connues et qu’il les a dénoncées à maintes reprises ces dernières années. Il a souligné par le fait même le «grand professionnalisme» de ses intervenantes-membres. «[Elles] donnent tout ce qu’elles ont pour assurer la protection et le bien-être des enfants du Québec. À la lumière des faits rapportés par l’enquête de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse, on doit comprendre les causes systémiques derrière la situation en Mauricie et au Centre-du-Québec.»

Le Comité de concertation adoption Québec (COCON adoption) a également réagit en insistant sur l’importance d’une formation renforcée et d’un suivi rigoureux pour prévenir de futures dérives.

«L’importance d’investir dans la pérennité et le partage expérientiel des équipes est un message que l’on entend depuis ces trois dernières années. Il serait grand temps que ce cri du cœur des intervenants soit entendu et pris au sérieux, pour le bien-être de toutes les parties», avait-on écrit dans un communiqué de presse.

Le CIUSSS assure son «entière collaboration»

Quelques heures plus tard, le CIUSSS a réagi par écrit en admettant «prendre très au sérieux» le contenu du rapport tout en promettant son «entière collaboration», comme il le fait depuis le début de l’enquête.

En parallèle de cette enquête, la haute direction du CIUSSS MCQ et la DPJ ont commandé une révision complète et indépendante des 140 dossiers analysés par la CDPDJ.

«Cette réévaluation est menée par des directeurs de la protection de la jeunesse d’autres régions du Québec et par des équipes externes à la DPJ au sein du CIUSSS MCQ. L’objectif de cette démarche est de garantir que chaque décision prise dans ces dossiers soit conforme au meilleur intérêt de l’enfant.»

Toujours par écrit, le CIUSSS avait indiqué que toutes les équipes concernées sont déterminées à améliorer les services.

«Devant la gravité des faits rapportés, après une analyse rigoureuse, nous prendrons, les mesures justes et appropriées afin de maintenir une pleine confiance envers notre personnel considérant l’importance des décisions prises en protection de la jeunesse.»

Pour renforcer ces efforts, Sonia Mailloux a été mandatée quelques jours plus tard afin d’accompagner les équipes dans l’application d’un plan d’action. Son mandat, à raison de quatre jours par semaine, vise à restaurer la confiance et à garantir des décisions centrées sur le bien-être des enfants.

(Note de la rédaction) Nous vous présentons notre traditionnelle Revue de l’année. Les journalistes de la salle de rédaction de L’Express ont identifié douze événements marquants de l’année 2024. Des nouvelles qui ont fait vibrer, réfléchir et réagir la communauté drummondvilloise et des environs. Nous avons aussi préparé une rétrospective de la Ville de Drummondville et des 17 autres municipalités composant la MRC de Drummond. Il s’agit d’un dernier coup d’oeil dans le rétroviseur avant d’amorcer la nouvelle année. Bonne lecture!

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