RÉTROSPECTIVE. La croissance de la criminalité dans Drummond a fait couler de l’encre en 2024. Aux premières loges de ce phénomène, le Centre d’aide aux victimes d’actes criminels (CAVAC) du Centre-du-Québec a recensé une hausse du tiers de ses demandes d’aide.
Dès janvier, on apprenait dans le rapport annuel 2022-2023 du poste de la MRC de Drummond de la Sûreté du Québec (SQ) que les crimes contre la personne avaient augmenté dans une proportion de 10 % durant la période couverte par le rapport. Sur les 1 711 crimes rapportés, 901 ont concerné des signalements pour voies de fait et 282 visaient des plaintes pour agressions sexuelles. Cette dernière catégorie a vu son total plus que doubler en cinq ans.
Questionnées à ce sujet, les directrices générales du Centre d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (CALACS) La Passerelle et du CAVAC du Centre-du-Québec ont émis des hypothèses quant aux raisons de cette augmentation. Elles ont cité la reprise de confiance envers le système judiciaire, une meilleure connaissance des actes criminels et l’implantation de nouvelles ressources parmi celles-ci.
«Il faut prendre un pas de recul et comprendre que ces chiffres représentent le nombre de personnes qui ont porté plainte et non le nombre de personnes qui ont subi une agression, a indiqué Julie Ouellet, directrice générale du CALACS La Passerelle. Il y a peut-être plus de personnes qui sont confortables de faire une plainte à la police. Il y a tellement de femmes qui choisissent de ne pas porter plainte parce qu’elles ne veulent pas avoir affaire au système de justice.»

«Est-ce qu’il y a plus de crimes? C’est difficile à dire, s’est questionnée Marilie Cormier-Gaudet, directrice générale du CAVAC du Centre-du-Québec. Je ferais la distinction à savoir s’il y a une plus grande proportion de dénonciations. Depuis le mouvement #MeToo, on a vu une reprise de confiance envers le système de justice.»
Un rapport lourd
En juillet, Statistiques Canada a dévoilé des données qui placent Drummondville en tête des régions métropolitaines de recensement (RMR) du Québec pour le taux de criminalité. Selon les données de Statistiques Canada, le taux de criminalité a bondi de 17 % en un an, soit de 2022 à 2023, sur le territoire. Pas moins de 4340 crimes par 100 000 habitants ont été déclarés par la police durant cette période. En guise de comparaison, les RMR de Sherbrooke et Trois-Rivières ont affiché des taux de 3202 et 3591 respectivement. La moyenne québécoise se situe à 3713 à ce moment.
Selon le rapport, Drummondville occupe le troisième rang des RMR canadiennes qui ont enregistré une hausse de l’indice de gravité des crimes (IGC) en 2023, avec 13 %.
Cette situation a interpellé la mairesse de Drummondville Stéphanie Lacoste qui a affirmé que la Ville se montre proactive à ce sujet. «On ne prend pas ça à la légère. On est toujours en lien avec nos partenaires qui sont le CIUSSS MCQ et la Sûreté du Québec, sans oublier nos institutions scolaires. Il y a beaucoup d’éducation à faire dans tout ça. On essaie de mettre sur pied des solutions et des projets pilotes. C’est ça qu’on fait au quotidien», a-t-elle souligné en juillet.
La situation géographique de Drummondville peut également expliquer une part de ces chiffres selon la mairesse, particulièrement en ce qui a trait aux vols de voitures et l’itinérance en saison estivale. Dans les circonstances, Mme Lacoste a énuméré les efforts que déploie l’administration municipale afin d’améliorer les indices de pauvreté, notamment par la hausse du taux de diplomation et l’amélioration des services répondant aux défis sociaux de la région.
De son côté, le CAVAC du Centre-du-Québec a vu ses demandes de services s’accroître dans une proportion de 33 % selon le rapport annuel de l’organisme pour l’année 2023-2024. Leur total a atteint les 60 194 durant cette période.
«Ce qui est frappant pour nous, c’est qu’on est un organisme qui vient en aide à toute personne victime de tout type de crime. Cette année, 70 % de nos dossiers étaient en matière de violence sexuelle ou de violence conjugale. Pour nous, c’est alarmant et inquiétant», a affirmé Mme Cormier-Gaudet.
Cette augmentation a fait en sorte que le CAVAC éprouvait de la difficulté à offrir ses services aux personnes victimes dans un temps raisonnable. En juillet, le délai d’intervention se situait entre 8 à 12 semaines au lieu des 30 jours visés.
(Note de la rédaction) Nous vous présentons notre traditionnelle Revue de l’année. Les journalistes de la salle de rédaction de L’Express ont identifié douze événements marquants de l’année 2024. Des nouvelles qui ont fait vibrer, réfléchir et réagir la communauté drummondvilloise et des environs. Nous avons aussi préparé une rétrospective de la Ville de Drummondville et des 17 autres municipalités composant la MRC de Drummond. Il s’agit d’un dernier coup d’œil dans le rétroviseur avant d’amorcer la nouvelle année. Bonne lecture!