LOGEMENT. Malgré les logements sociaux qui lèvent de terre à Drummondville, ce n’est pas suffisant pour surmonter la pénurie actuelle. Selon les récentes données de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL), les loyers de la région ne cessent de grimper, surpassant la moyenne provinciale.
«Ce qui nous frappe en premier lieu dans ce rapport, c’est la vitesse à laquelle les loyers augmentent et c’est le constat d’un très grand danger, soit l’effritement du parc de logement locatif encore abordable. Il y a des logements encore abordables à Drummondville. Souvent, ils sont occupés par des locataires», fait savoir la porte-parole du Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), Véronique Laflamme.
Dans la région de Drummondville, les locataires ont subi une hausse de 14,08 % du loyer médian en l’espace d’un an, alors qu’il en est plutôt de 9,5 % à l’échelle de la province, d’après le Rapport sur le marché locatif automne 2024 récemment publié par la SCHL.

Cette tendance est d’ailleurs observée depuis les dernières années. Les logements ont augmenté de 59 % à partir de 2018. La moyenne québécoise est plutôt de 47 %.
L’explosion des coûts des logements à Drummondville est une source de préoccupation pour le FRAPRU. «C’est inquiétant pour les ménages locataires dont les revenus n’ont pas augmenté aussi rapidement. Il y a des locataires qui s’appauvrissent. Ils doivent couper dans les besoins essentiels, comme le transport, l’habillement, la nourriture ou les médicaments. Ceux qui n’arrivent plus à joindre les deux bouts ou ceux qui sont forcés de déménager à la suite d’une éviction se retrouvent sans filet social. C’est extrêmement inquiétant parce qu’il n’y a pas suffisamment de logements sociaux pour répondre à ces besoins-là», soutient Véronique Laflamme.
«C’est une inabordabilité grandissante qui a des conséquences graves sur le tissu social de la communauté. Ultimement, les gens doivent aller à la banque alimentaire pour se nourrir. Ce n’est pas soutenable comme situation. Ça a des impacts sociaux graves comme l’augmentation de l’itinérance», poursuit-elle.
Plus précisément, le loyer est de 956 $ en 2024 contre 768$ en 2022 dans la région métropolitaine de Drummondville.
La pénurie de logements locatifs continue de faire mal sur le territoire, même si le taux d’inoccupation est passé de 0,5 % à 1,5 %, soutient Véronique Laflamme. Rappelons que le taux de logements inoccupés devrait normalement être de 3 %. «Bien qu’on en ait construit à Drummondville dans les derniers mois, ce n’est pas suffisant», remarque-t-elle.
Des services en demande
Dans un tel contexte, les services de l’organisme Action location Drummond sont davantage sollicités. «D’une année à l’autre, les appels et les courriels augmentent de 30 %. C’est en progression constante», indique l’intervenante en droits des locataires, Mélanie Gamelin.
Cette dernière se dit alarmée par la cherté croissante des loyers. «On est rendu que la classe moyenne commence à voir de la misère à payer son loyer ou va attribuer plus de 30 % de ses revenus pour se loger», informe-t-elle, en précisant que la clientèle est de plus en plus angoissée et en proie d’insomnie.
Des actions sont réclamées en ce sens. «On trouve que la méthode du Tribunal pour gérer les augmentations de loyer n’est pas adéquate. Il devrait y avoir un meilleur contrôle des loyers. On aimerait que le gouvernement prenne des mesures pour que ça cesse», soutient Mélanie Gamelin.
Le gel immédiat des loyers, la mise en place sans délai d’un registre public et universel et un contrôle obligatoire des loyers, un plafonnement des hausses annuelles ainsi que des investissements massifs en logements sociaux sont réclamés.