Manger au restaurant en toute quiétude et inclusivité

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Par William Hamelin
Manger au restaurant en toute quiétude et inclusivité
Isabelle-Marie Rochette et son conjoint ont mangé pour la première fois avec leur fils Samuel lors des heures avec les accommodements pour les personnes autistes. (Photo : William Hamelin)

RESTAURATION. Les personnes autistes et les membres de leur famille ont maintenant accès à un restaurant offrant un environnement adapté à leur besoin. Le St-Hubert de Drummondville est devenu, dimanche, la 16e rôtisserie inclusive du Québec.

Chaque dimanche, entre 11h et 13h, les personnes qui sont sur le spectre de l’autisme peuvent déguster les plats offerts sur le menu en toute tranquillité d’esprit. C’est le cas de Samuel L’Étoile, âgé de 26 ans, qui est un autiste non verbal et sensible aux bruits intenses.

Il était accompagné de sa mère, Isabelle-Marie Rochette, son père et un de ses amis pour cette première expérience inclusive au St-Hubert du 125, boulevard Saint-Joseph, dimanche. Loin d’être leur première visite, sa mère remarque déjà que la musique est plus basse et que le personnel a placé sa famille et elle à une table loin des bruits des enfants et de la cuisine.

«Nos options sont assez limitées pour aller manger au restaurant en famille. De plus, aussitôt qu’une personne dérange, les gens ont tendance à la fixer et la juger. Nous, en tant que parents, ça vient nous chercher quand ça nous arrive avec notre fils. Avec un environnement pareil, on se sent à l’aise, plus accepté et les gens nous regardent avec moins de jugement», se réjouit Isabelle-Marie Rochette.

La rôtisserie St-Hubert de Drummondville, située au 125, boulevard Saint-Joseph, fait maintenant partie du groupe des rôtisseries inclusives québécoises. (Photo : William Hamelin)

Au gré des mœurs

L’initiative des rôtisseries inclusive remonte à un an et demi. Ce projet qui vise à optimiser l’expérience client pour tous est initié par la Fondation St-Hubert et la Fondation Autiste et majeur avec le soutien et l’expertise d’À pas de géant, un chef de file dans l’éducation, la formation et la promotion de l’inclusion des personnes autistes dans tous les secteurs de la société, depuis plus de 40 ans.

Sur l’heure du midi les dimanches, le restaurant drummondvillois tamisera les lumières et baissera la musique pour accommoder les besoins des personnes autistes. De plus, des trousses sensorielles sont à la disposition des clients qui le désirent, et ce, en tout temps.

La directrice de la rôtisserie St-Hubert de Drummondville, Mahyka Camirand, reconnait que les mœurs de 2024 et leurs valeurs amenaient naturellement son restaurant vers cette nouvelle étape.

«À l’interne, on a déjà deux personnes autistes. J’étais contente justement de cette nouveauté pour la rôtisserie. On l’a vu aussi que les gens, ça les a touchés de voir qu’on embarquait. Ce n’est pas la fin du monde de baisser la musique, mais pour [les personnes autistes], ça fait toute la différence», souligne-t-elle.

Les employés de l’établissement ont d’ailleurs suivi une formation pour répondre à la réalité des personnes autistes. Ils sont également formés pour être prêts à agir si une personne autiste venait à faire une crise.

Les employés du restaurant sont désormais formés pour mieux répondre à la réalité des personnes autistes. (Photo : William Hamelin)

«C’est une manière de dire aux gens : «Soyez rassurés. De 11h00 à 13h00, quand vous vous présenterez, on va avoir encore plus de mesures en place pour vous.» Ce sont des individus qui ne sont pas si différents de nous, mais ont justement besoin d’un peu d’accommodements pour se sentir les bienvenus», ajoute Mme Camirand.

En expansion

Au Québec, 16 rôtisseries St-Hubert sont considérées comme inclusives pour la clientèle autiste. Le chef de projet des initiatives en emploi inclusif pour À pas de géant, Alain Bessette, confie que l’entreprise québécoise est un pionnier en la matière des salles à manger inclusives dans la province, voir au pays.

«C’est malheureusement encore très difficile pour des personnes autistes de manger au restaurant. Quand ce n’est pas inclusif, c’est très stressant pour eux puisqu’ils ne savent pas trop à quoi s’attendre au niveau sensoriel. Parfois, c’est trop stimulant, trop bruyant», explique-t-il.

«Grâce à l’initiative, beaucoup de personnes autistes nous ont confié que c’était la première fois qu’elles pouvaient aller au restaurant. On ne veut pas dénaturaliser le concept du St-Hubert parce qu’on veut qu’il reste ce qu’il est», ajoute M. Bessette.

Le chef de projet conclut en précisant que le nombre de rôtisseries inclusives doublera d’ici l’an prochain. Une visite virtuelle d’une rôtisserie typique et des outils préparatifs sont d’ailleurs disponibles en ligne pour ceux qui souhaitent préparer leur venue.

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