MOTONEIGE. À 46 ans bien sonnés, Jason Lavallée n’a rien perdu de sa passion ni de sa fierté d’antan. Réalisant un retour remarqué dans le milieu des courses de motoneige sur ovale de glace, le Drummondvillois à la longue feuille de route aspire à rivaliser avec les jeunes talents de la discipline.
Après une absence de quelques années, Jason Lavallée a renoué avec sa motoneige et le circuit «pro champ» l’hiver dernier. Faisant désormais partie de l’équipe Samson Racing, l’ancien champion du monde dans la classe «vintage 800» a progressivement amélioré ses performances, causant quelques surprises au passage.
«C’est sûr que j’arrive de loin, a raconté Jason Lavallée dans un généreux entretien avec L’Express. J’ai arrêté pendant quatre ans à cause de la pandémie. L’année passée, on en a arraché un peu au début, mais à la fin de l’hiver, on est revenu en forme. On est très satisfait de notre fin de saison.»
«On a mis de la pression sur les grosses équipes de course, qui ont de gros budgets financiers. On a trouvé l’ajustement qui nous permettait d’être compétitifs. Malgré les handicaps qu’on avait, on performait. On poussait dans le derrière des meilleurs!»
Victime de plusieurs accidents graves au fil de sa longue carrière, Jason Lavallée a dû s’adapter aux nouvelles technologies dans le milieu des courses.
«On a eu beaucoup d’apprentissages. Je n’étais pas habitué d’avoir un micro qui te crie dans les oreilles. Les premières fois, j’ai manqué de tomber en bas du Ski-Doo! J’ai fait le saut pas rien qu’à peu près», s’est exclamé Jason Lavallée en riant de bon cœur.
«La motoneige va très bien, a poursuivi celui qui a fait ses débuts dans ce milieu en 1997. Ça nous a pris un hiver pour se mettre à jour sur tous les nouveaux règlements. On n’a plus droit aux moteurs qu’on avait droit anciennement. C’est beaucoup d’adaptation.»
Grâce à ses connaissances approfondies en mécanique, Jason Lavallée cherche constamment à découvrir les réglages qui permettront au moteur de fonctionner à plein régime. «Je suis passionné par le travail en arrière de ça, a-t-il expliqué. De trouver l’ajustement pour mettre de la pression aux jeunes, c’est plaisant en maudit!»
«Si tu as de la passion, que tu aimes découvrir et apprendre, ça vaut une fortune, a-t-il poursuivi. Ce que j’adore, c’est quand je fais une modification sur la motoneige, puis que je vois le résultat sur la piste. La recherche et le développement, j’adore ça au bout! C’est la meilleure place pour essayer des affaires : quand tu embarques sur la glace, tu vois aussitôt le résultat de ta modification.»
Avec les années, Jason Lavallée a également appris à cultiver sa patience. «Ce n’est pas du jour au lendemain que tu vas te ramasser en avant. Parfois, tu peux avoir un coup de chance, mais en général, tu dois travailler gros pour y arriver. L’an dernier, on a fait rire de nous au début de l’hiver, mais on s’attend à être beaucoup plus compétitifs cette année.»
Appréciant l’aspect familial de ce sport, Jason Lavallée course désormais pour le plaisir. L’ex-champion dans la classe «pro champ» ne veut plus risquer un accident en tentant un dépassement dangereux.
«En théorie, si j’écoutais le docteur, il ne faudrait pas que je rembarque là-dessus. Je rembarque parce que c’est plus fort que moi. C’est ma passion! Ce qu’on vise en premier lieu, c’est un hiver pas de problèmes. Si un podium se place, on ne chialera pas après!»
Membre de longue date de l’équipe de l’Américain Chuck Villeneuve, Jason Lavallée côtoie désormais la talentueuse Sabrina Blanchet au sein de l’écurie de Georges Samson.
«Anciennement, je lui ai montré bien des trucs. On a beaucoup de plaisir ensemble. Elle me surprend. Je ne m’attendais pas aux réponses qu’elle m’a données dans les paddocks l’hiver dernier. C’est quelqu’un de très réfléchi. Elle, dans sa tête, elle est sûre que je peux la dépasser n’importe quand! Ce n’est pas toujours le cas. C’est une très bonne compétitrice.»
Sur son calendrier, Jason Lavallée a déjà entouré les dates du 42e Grand prix Ski-Doo de Valcourt, qui aura lieu en février. Celui qui arbore toujours le numéro 66 vise un podium sur le mythique circuit Yvon-Duhamel.
«Valcourt, c’est notre bête noire. C’est une piste bien embêtante. La température est variable. Notre pire ennemi, c’est que les courses sont très rapprochées. On n’a pas toujours le temps d’adapter la motoneige aux conditions de la piste. Ça complique les choses.»
Cet hiver, Jason Lavallée prévoit également participer aux épreuves d’Eganville, en Ontario, de Woodstock, au Nouveau-Brunswick, ainsi que de Roberval. Le championnat du monde ne fait pas partie de ses plans.
«À 46 ans, je suis bien content de pouvoir embarquer là-dessus encore. J’ai eu beaucoup d’accidents dans le passé. Je ne peux plus rouler en fou comme avant. Je dois faire attention à mon pied gauche. Il faut que j’adapte la motoneige en conséquence de mes blessures.»
«L’objectif principal, y faut pas que j’me pète la gueule! Il faut que je travaille le lundi, continue le mécanicien au garage familial Lavallée Réparation avec son franc-parler légendaire. Ça a changé avec le temps, mais j’ai beaucoup de plaisir. Quand l’occasion me le permet, je suis encore capable de rivaliser. On y va au jour le jour.»
Le vénérable compétiteur souhaite continuer à s’amuser sur sa motoneige tant que sa santé le lui permettra.
«Je ne ferais pas ça jusqu’à 63 ans comme mon ami Jacques [Villeneuve], mais pourquoi pas jusqu’à 50 ans? L’important, c’est d’avoir de la passion et de la patience. Pour l’instant, ces deux ingrédients sont encore là.»
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