FINANCES. En mars dernier, la fermeture de points de services des Caisses Desjardins dans la région avait entraîné de vives réactions de citoyens qui les utilisaient périodiquement. Quelques mois plus tard, comment la situation a-t-elle évolué?
À Saint-Félix-de-Kingsey, la fermeture du centre de services de la Caisse Desjardins de l’Est de Drummond, le 21 mars, cause encore des inconvénients, soutient le maire Sylvain Cormier. «C’était vraiment un problème durant les activités estivales, remarque M. Cormier. C’est un inconvénient, je pense que nous ne sommes pas les seuls à subir les foudres de Desjardins qui veut de plus en plus ressembler à une banque et non à un mouvement coopératif.»
Le bâtiment qui abritait le centre de services sur la rue de l’Église a été mis en vente en juin dernier et est toujours sur le marché. La Municipalité avait également apposé son droit de préemption sur l’immeuble. La possibilité de l’acquérir et d’y installer un guichet privé est une des options étudiées par Saint-Félix.
Le maire affirme que la Municipalité souhaite donner ce type de service aux citoyens de Saint-Félix. Il dit avoir tenté des démarches peu fructueuses avec d’autres institutions financières afin que l’une d’entre elles s’installe dans le local vacant.
Des citoyens ont mentionné au maire que la fermeture les a incités à changer d’institution financière. Une pétition de 400 noms avait aussi été remise à la caisse plus tôt cette année.
De son côté, la Caisse de l’Est de Drummond a ressenti des contrecoups de la fermeture du point de service dans les mois qui ont suivi. On confirme avoir perdu quelques clients, mais de façon marginale par rapport à ses 10 500 membres.
«Jusqu’au mois de juin, il y avait encore du mécontentement, indique Serge Barrette, directeur général de la Caisse. À partir de l’été, c’était moins pire; on a reçu moins de commentaires des membres à ce propos. On sent qu’il y a eu une certaine adaptation. On continue encore d’essayer de trouver des ententes avec les commerçants locaux pour y effectuer certaines transactions, mais rien ne s’est concrétisé jusqu’à présent.»
Le directeur général souligne que la Caisse a offert un accompagnement auprès des membres touchés par la fermeture du centre de services de Saint-Félix. Selon lui, ce transfert vers les services numériques se déroule bien. Il ajoute que des ateliers d’accompagnement continuent d’avoir lieu.
Répondant à la critique du maire Cormier comme quoi Desjardins s’éloigne de ses valeurs coopératives, Serge Barrette rappelle que la Caisse de l’Est de Drummond a redistribué, l’an dernier, près de 800 000 $ à ses membres en ristournes et qu’elle a injecté 150 000 $ dans des projets locaux. Il ajoute que la Caisse est encore l’institution la plus présente sur le territoire avec deux centres de services.
Durham-Sud
Du côté de Durham-Sud, la fermeture, le 8 mars, du centre de services automatisés n’a pas été bien accueillie par les citoyens. Dès que l’annonce a été faite, un groupe s’est mobilisé afin que la Caisse du Val-Saint-François revienne sur sa décision.
Denis Tanguay, membre du comité et ex-président de la Caisse de Durham-Sud, affirme qu’on a tenté de joindre la Caisse, mais que celle-ci fait la «sourde-oreille». Le groupe de citoyens garde maintenant un œil sur le mouvement provincial mené par le maire de Saint-Gabriel-de-Rimouski, Georges Deschênes.
La mairesse Sylvie Laval dit ressentir de l’insatisfaction dans la population. Les communications avec Desjardins ont été limitées aux mesures d’accompagnement pour les membres, dit-elle. Des membres durhamiens de la Caisse ont aussi changé d’institution financière à la suite de la fermeture du guichet automatique.
«On le vit tous les jours; on voit le manque de ce service, signale Mme Laval. Je me tiens au courant du dossier; les citoyens nous posent des questions. On n’a pas le sentiment, du côté de Desjardins, qu’il y a quoique ce soit qui va changer.»
Les craintes qu’avaient les citoyens concernant l’accès aux services se sont concrétisées selon M. Tanguay. On déplore également que certaines personnes âgées éprouvent de grandes difficultés à effectuer leurs transactions et à obtenir de l’argent comptant.
«C’est de plus en plus difficile pour eux de demander de l’aide pour se déplacer ou pour que d’autres s’en occupent pour eux, mentionne M. Tanguay. Les services numériques ne permettent pas d’imprimer de l’argent. Oui, il y a des choses qui se font sur internet, mais, pour d’autres choses, on peut seulement utiliser de l’argent.»
De son côté, la Caisse du Val-Saint-François n’a pas l’intention de revenir sur sa décision malgré une pétition de 500 noms qui lui a été déposée en février dernier. Elle a pris cette décision puisque 94 % des transactions se font ailleurs qu’à un guichet automatique ou avec un caissier. Le guichet de Durham-Sud a enregistré une baisse d’achalandage de 36 % depuis 2019.
«La Caisse a accompagné ses membres dans le changement et continue de le faire pour s’assurer qu’ils ont accès aux services de leur caisse, indique Jean-Benoît Turcotti, porte-parole du Mouvement Desjardins mandaté par la Caisse pour répondre aux questions de L’Express. Le changement a eu lieu il y a quelques mois. Les membres ont, pour la plupart, trouvé des solutions alternatives pour utiliser les services de la Caisse.»
La Caisse offre encore aux membres de les accompagner de façon personnalisée dans le changement, fait-on savoir. L’une des solutions a été de les aider à programmer les paiements automatiques.