Ils manifestent contre la privatisation croissante du réseau de la santé

Cynthia Martel et Ghyslain Bergeron
Ils manifestent contre la privatisation croissante du réseau de la santé
Ils étaient environ 300 à manifester. (Photo : Ghyslain Bergeron) (Photo : Ghyslain Bergeron)

SANTÉ. «La santé n’est pas un bien de consommation, c’est un droit fondamental».

C’est ainsi que s’est exprimé David Bergeron-Cyr, 2e vice-président du comité exécutif de la CSN, devant une foule de 300 militants galvanisés. Ceux-ci s’étaient rassemblés, mercredi midi, devant la clinique privée L’Accès pour protester contre la privatisation croissante du réseau de la santé et des services sociaux.

David Bergeron-Cyr, 2e vice-président du comité exécutif de la CSN. (Photo : Ghyslain Bergeron)

Réunis en instance à Drummondville, des membres issus des milieux de la santé, de l’éducation, du commerce de détail et de l’hôtellerie ont notamment participé à la manifestation.

La CSN est convaincue que l’adoption de la réforme Dubé accentue considérablement la centralisation des pouvoirs au sein de l’agence Santé Québec, pavant ainsi la voie à une expansion accrue du secteur privé. Le syndicat redoute donc que cela n’accélère la dégradation du système public au profit d’entreprises et des médecins-entrepreneurs.

«Qu’on travaille dans le réseau ou pas, la privatisation concerne tout le monde. Des entrepreneurs de la santé ont flairé la bonne affaire et s’enrichissent actuellement sur le dos de notre santé!» s’est insurgé Pascal Bastarache, président du Conseil central Cœur du Québec–CSN.

Pascal Bastarache. (Photo : Ghyslain Bergeron)

Aux yeux de Caroline Senneville, présidente de la CSN, le système privé n’est pas un complément au public, mais plutôt un «compétiteur».

«Tous les médecins qui vont en pratique privée, ce sont des médecins de moins au public. Et les ressources que le privé draine, ce sont des ressources de moins dans le réseau public. Sans oublier que les études de ces médecins-là ont été payées en partie avec les impôts de tout le monde. Et au lieu de redonner à la société, ils ouvrent des cliniques privées à profit.»

Mme Senneville déplore que la plupart des Québécois n’aient pas les moyens de payer des soins de santé, ce qui les contraint à attendre leur tour.

«Malheureusement, les services publics sont tellement endommagés qu’il y a des gens qui font le choix de ne pas consulter; certains paient, mais il y en a bien d’autres qui n’ont tout simplement pas les moyens de payer malgré leur santé fragile. Ces gens-là sont contraints d’attendre. Et pour ajouter l’insulte à l’injure, bien tous les soins aux privés sont déductibles d’impôt. Autrement dit, les gens qui ne sont pas capables de s’en payer, ils se voient contre leur gré de financer le régime privé à même leurs taxes et impôts», dénonce-t-elle.

La vraie solution, croit la CSN, réside dans la fin du sous-investissement dans le réseau public.

«Et il faut vraiment encadrer l’ouverture des cliniques privées. N’importe qui peut en ouvrir, même si on n’est pas médecin. Il faut aussi s’assurer que les médecins ne passent pas du régime public au privé. Enfin, il faut redorer l’image du service public pour que les médecins aient le goût d’y rester», insiste Mme Senneville.

Depuis quelques mois, la CSN s’organise partout à travers le Québec sous le signe de la campagne «Pour un réseau vraiment public!» Elle lance cet automne une campagne d’affichage publicitaire ayant comme slogan «Pas de profit sur la maladie».

Caroline Senneville, présidente de la CSN. (Photo : Ghyslain Bergeron)
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